Redéploiement géopolitique
Le monde change. Une confrontation globale se joue entre la puissance hégémonique étasunienne et les puissances émergentes, ou plutôt réémergentes russe et chinoise. Une confrontation qui fait bouger les lignes et redessine la carte géopolitique au rythme de la reconquête des espaces politique, diplomatique et économique. Bien que l’attention soit accaparée par la guerre à distance menée par l’Oncle Sam et ses alliés contre les nouvelles puissances, cette confrontation concerne tout aussi bien les moyennes puissances. Les changements actuels ouvrent, aussi, des espaces de reconquête pour les puissances qui devront se redéployer pour s’imposer sur l’échiquier géopolitique. C’est dans ce contexte que l’Algérie a lancé un véritable redéploiement sur le plan diplomatique dans une démarche assise sur la maîtrise de l’espace, visant à consolider son leadership en tant que puissance régionale incontournable. Un redéploiement qui se dessine sur trois espaces géopolitiques. Une réorientation d’abord vers sa profondeur africaine, où l’Algérie joue un rôle majeur dans la résolution pacifique des conflits, mais aussi par un leadership dans le traitement des défis qui s’imposent au continent noir, que ce soit sur le plan économique et énergétique, la lutte contre le terrorisme, ou encore le changement climatique. Par son leadership au niveau de l’Union africaine, l’Algérie a réussi à faire barrage à certaines tentatives de déstabilisation de l’organisation panafricaine et ravivé l’axe Alger, Abuja, Pretoria, épine dorsale de l’Afrique.
L’Algérie a également opéré un redéploiement majeur dans le monde arabe grâce aux consultations menées par le président de la République avec de nombreux chefs d’État arabes en prévision du Sommet arabe d’Alger prévu le 1er novembre prochain. Un Sommet qui sera centré sur la question palestinienne, mais aussi sur la réunification des rangs arabes face aux défis auxquels ils font face, notamment les menaces que fait peser l’expansionnisme sioniste dans la région. Deux questions qui demeurent la condition sine qua non pour toute stabilisation du monde arabe. L’Algérie opère enfin, un redéploiement sur l’espace méditerranéen dans lequel notre pays joue un rôle majeur notamment sur le marché énergétique. Un triptyque qui devra également s’appuyer sur une plus grande coordination à l’international. La résurgence d’un monde bipolaire ou multipolaire impose de nouveaux défis pour les pays qui formaient par le passé le tiers-monde. Les récents évènements en Ukraine ont démontré toute la difficulté pour les pays en développement de s’inscrire dans la neutralité et de faire face seuls aux menaces qui les guettent. Une situation qui impose de la coordination et de la solidarité entre ces pays. Le Mouvement des non-alignés représente l’un de ces espaces politiques qui peuvent assurer l’équilibre dans le nouveau monde qui émerge et garantir cette coordination dont les pays en développement ont besoin pour défendre leurs intérêts et imposer leur point de vue. Et comme par le passé, l’Algérie peut user de son leadership et jouer un rôle majeur dans la redynamisation du Mouvement.