Une question d’intérêt
« Les États n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts. » Charles de Gaulle, homme d’État français.
Emmanuel Macron débarque aujourd’hui à Alger. Une visite qui a fait couler beaucoup d’encre depuis qu’elle a été annoncée, puis officialisée samedi dernier. Ce ne sera pas une visite de courtoisie, ni la marque d’une réconciliation après une brouille entre deux « amis de longue date ». Car les rapports entre Paris et Alger n’ont jamais été amicaux et toujours été complexes. Macron décide de venir à Alger dans l’espoir de tirer des dividendes d’une relance du partenariat avec les Algériens. Il n’est plus un secret pour personne que la guerre en Ukraine a changé beaucoup de choses et il n’y a pas que la question du gaz qui pose problème. Certes, la France comme bon nombre de pays européens risque de connaître des difficultés autrement plus importantes au cours des prochains mois, mais cette guerre acte la fin d’une époque. Emmanuel Macron a dû l’avouer hier, c’est « la fin de l’abondance » en Europe a-t-il lancé pour préparer la population à ce qui arrive ! Une population qui est de plus en plus mécontente, qui veut pérenniser le confort dans lequel elle s’est prélassée depuis l’ère des 30 glorieuses financées par le plan Marshall et l’exploitation indue des richesses des anciennes colonies. Une population que l’on essaie de distraire par la surenchère qu’on alimente en France sur la question de la repentance. Oui, la France doit s’excuser, ne serait-ce que par décence. Car ce qu’a fait la France en Algérie en 132 ans de colonisation est innommable, que cela dépasse toutes les horreurs, les boucheries et les crimes contre l’humanité que Paris dénonce d’habitude si promptement. L’ouverture d’une nouvelle page passe par la repentance. Il ne sera pourtant pas question d’amitié après cela. Tout partenariat entre États est assis sur les intérêts et il ne peut y avoir de coopération si celle-ci ne sert pas les intérêts des deux partenaires. Et en ce sens, Paris devra changer de posture, car il n’a jamais eu le choix en cela, et aujourd’hui plus que jamais. Encore faudrait-il cesser les provocations puériles qui ne servent qu’à alimenter plus la surenchère.