Pétrole : L’Opep pessimiste sur les perspectives de demande
L’Organisation des pays exportateurs de pétrole affiche un certain pessimisme quant aux fondamentaux du marché pétrolier. Dans son dernier rapport mensuel, l’Organisation basée à Vienne a abaissé ses prévisions de demande de pétrole pour l’année en cours. Une évolution des fondamentaux qui devrait d’ailleurs l’inciter à s’en tenir à la prudence et à sa stratégie d’augmentation progressive de pétrole.
L’Opep a indiqué hier dans son rapport que la demande mondiale de pétrole augmenterait de 3,67 millions de barils par jour (bpj) en 2022, soit 480 000 bpj de moins que sa précédente prévision. Une baisse de la prévision motivée par les conséquences de la crise en Ukraine sur la croissance de l’économie mondiale. « Si l’on prévoit que la Russie et l’Ukraine seront toutes deux confrontées à des récessions en 2022, le reste de l’économie mondiale sera également profondément touché », a explique le document. L’Opep s’en tient également à sa ligne de conduite en rejetant les arguments des pays de l’AIE qui veulent imputer la hausse de l’inflation mondiale aux prix de l’énergie. Elle rappelle ainsi que « la forte hausse des prix des produits de base, combinée aux goulets d’étranglement permanents de la chaîne d’approvisionnement et aux embouteillages logistiques liés au COVID-19 en Chine et ailleurs, alimente l’inflation mondiale. » Malgré cela, la consommation mondiale de pétrole devrait encore dépasser la barre des 100 millions de bpj au troisième trimestre, comme le prévoit l’OPEP. Sur une base annuelle selon l’OPEP, le monde a utilisé pour la dernière fois plus de 100 millions de bpj de pétrole en 2019.
Il est utile de rappeler dans ce contexte que l’Opep fait face à des pressions occidentales afin d’augmenter la production de pétrole afin d’imposer un embargo pétrolier. Le secrétaire général de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), Mohammed Barkindo, a d’ailleurs prévenu lundi l’Union européenne que les 7 millions de barils par jour d’exportations russes qui seraient perdus en raison des sanctions ne pourraient pas être intégralement remplacés.
L’Opep refuse aussi toute augmentation démesurée dans la mesure où la hausse des prix actuels sur les marchés pétroliers par des facteurs géopolitiques liés à la crise en Ukraine et non par les fondamentaux du marché. Lors de sa dernière réunion l’Opep et ses alliés de l’Opep+ ont décidé de s’en tenir à leur politique d’augmentation progressive de l’offre en injectant 432.000 barils Jour pour le mois de mai. Il faut également préciser que les pays de l’alliance peinent également à atteindre les objectifs de production en raison des désinvestissements qui marqué la période de la pandémie et qui a vu les prix de l’énergie plonger. Le rapport de l’OPEP montre que la production de l’OPEP en mars n’a augmenté que de 57 000 bpj pour atteindre 28,56 millions de bpj, en retard sur l’augmentation de 253. 000 bpj que l’OPEP est autorisée à réaliser dans le cadre de l’accord OPEP+.
Sur les marchés, les deux références de cotation du pétrole grimpaient hier à la mi-journée de plus de 5%, galvanisées par l’allègement des mesures anti-Covid en Chine, ce qui devrait soutenir la demande.
Vers 13H45 GMT, le Brent de la mer du Nord, référence du brut en Europe, se hissait de 5,55% à 103,95 dollars le baril, tandis le West Texas Intermediate (WTI) américain grimpait de 5,24% à 99,23 dollars le baril. « Les prix du pétrole rebondissent plus vite qu’ils n’ont chuté hier, car la baisse de la demande chinoise due à la pandémie et la libération des réserves stratégiques américaines ne sont pas convaincantes pour les perspectives à moyen terme », qui restent haussières, explique à l’AFP Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote.
Notons que le panier de l’OPEP, constitué de prix de référence de 13 pétroles bruts, dont le Sahara Blend algérien, s’est maintenu à plus de 100 dollars en début de la semaine en cours. « Le prix du panier de treize bruts de l’OPEP (ORB) s’est établi à 100,08 dollars le baril lundi, contre 101,06 vendredi dernier », selon les données de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, publiées mardi sur son site web.
Chokri Hafed