Le Président Tebboune évoque une éventuelle adhésion de l’Algérie aux BRICS : Une ambition géostratégique
Elle fait débat depuis quelques semaines déjà. Dimanche soir, le président de la République a clairement évoqué la possibilité de voir l’Algérie rejoindre le groupe des BRICS. Une adhésion qui permettrait à notre pays de pleinement jouer son rôle de puissance régionale dans ce nouveau monde qui émerge.
Abdelmadjid Tebboune affiche une nouvelle ambition géostratégique et géoéconomique algérienne. Dimanche, lors de la désormais traditionnelle rencontre avec les médias nationaux, le président de la République est interpellé sur la question qui suscite le débat depuis son intervention à la dernière réunion des BRICS : l’Algérie est-elle susceptible de rejoindre ce groupe qui commence à s’impose comme le second pôle géostratégique du nouvel ordre mondial qui émerge ? Et à Tebboune de répondre que « cela est envisageable », avant de modérer son propos : « mais n’anticipons pas. Ce qui est sûr, c’est qu’il y aura de bonnes nouvelles », dira-t-il. Et de relancer sur le fait que « l’Algérie s’intéresse aux BRICS, en ce qu’ils constituent une puissance économique et politique ».
Une adhésion qui reste tributaire d’un certain nombre de conditions économiques liées notamment à la vigueur et à la dynamique économiques de ce groupe qui compte la Chine, la Russie, l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud. C’est d’ailleurs cela qui a alimenté le débat sur les capacités de l’Algérie à rejoindre ce groupe né pour mettre en synergie les puissances économiques émergentes. Et au président de la République de répondre à ces interrogations : « l’adhésion au Groupe BRICS est tributaire de conditions économiques auxquelles l’Algérie satisfait en grande partie ». L’ambition est ainsi affichée notamment en ce qui concerne l’effet des réformes en cours pour pallier au principal grief que l’on peut adresser à l’économie nationale qui pâtie depuis plusieurs années, soit une croissance amorphe tributaire des hydrocarbures et de la dépense publique. Des conditions qui devront changer au regard des réformes et des grands projets que le chef de l’État a eu à évoquer tout au long de la soirée. Ainsi et au-delà du regain de croissance dans le secteur des hydrocarbures, du déploiement des politiques de développement des cultures stratégiques et le développement minier, le président de la République a mis en avant les efforts entrepris pour attirer les investisseurs, notamment dans le domaine industriel. Au-delà de l’adoption d’une nouvelle loi régissant l’investissement, Tebboune met en avant les initiatives lancées pour développer les partenariats et des investissements communs avec le Qatar, l’Arabie saoudite, la Turquie et notamment l’Italie, dans les domaines de la sidérurgie, l’industrie mécanique et automobile, la construction navale, l’installation d’équipements et la défense.
Pivot africain
Au-delà de l’argument économique, l’Algérie mise sur son poids régional pour prétendre à un groupe qui prend une dimension géostratégique et qui compte sur des critères de même dimension pour son élargissement. C’est justement dans ce sens que l’option d’un élargissement des BRICS à l’Indonésie, au Mexique, à l’Argentine et à l’Iran se pose actuellement. Cela, l’Algérie en a parfaitement conscience et entend faire jouer ses atouts géostratégiques. Cela transparait d’ailleurs dans le propos du président de la République. « L’adhésion à ce groupe mettrait l’Algérie, pays pionnier du non-alignement, à l’abri des tiraillements entre les deux pôles », a-t-il indiqué. Il faut dire qu’en plus d’être un leader du non-alignement, l’Algérie est un pivot africain et cela Abdelmadjid Tebboune a tenu à le rappeler tout au long de la soirée. Il a ainsi mis en avant le rôle axial que l’Algérie a joué par le passé en Afrique sur le plan politique avec son soutien actif aux mouvements révolutionnaires africains et le rôle qu’elle est appelée à jouer aujourd’hui sur le plan politique dans le sillage de la résurrection du panafricanisme, mais aussi et surtout sur le plan économique. Et c’est dans le cadre de ce panafricanisme économique que l’Algérie entend jouer le rôle de locomotive du développement du continent, grâce à de grands projets structurants comme le Gazoduc transsaharien, la route transsaharienne et le projet de dorsale en fibre optique. Tous reliant le Nigéria à l’Algérie et qui sont des projets au rayonnement continental, mais aussi la multiplication des dessertes aériennes et maritimes vers les pays du continent et permettre ainsi le redéploiement des opérateurs exportateurs algériens. Tebboune compte surtout raviver l’axe Alger-Abuja-Pretoria, les trois pays pivots du continent et d’assurer que les choses sont en train de se faire !
Samira Ghrib
Article sobre et rationnel caractérisé par le recours à l’analyse géopolitique.
merci