Récupération des avoirs volés : Le coup d’accélérateur
Le processus de récupération des avoirs détournés par les hommes d’affaires liés au régime Bouteflika se poursuit à un rythme soutenu. Au-delà des 150 commissions rogatoires envoyées à l’étranger en 2021 et de la saisie, plus récemment, de la Justice française sur 43 dossiers de biens mal-acquis dans l’Hexagone, l’opération d’inventaire et de saisie des biens de ces hommes d’affaires en Algérie s’accélère.
Pas moins de 13 usines appartenant aux hommes d’affaire proche du cercle Bouteflika ont été saisies, dont six ont été versées au patrimoine du secteur public. Des mesures qui ne sont qu’un début en ce qui concerne l’opération des avoirs détournés sous la gouvernance chassée du pouvoir par le Hirak du 22 février 2019. Et les pouvoirs publics passent à la vitesse supérieure. Ainsi et après la finalisation des procédures judiciaires et l’extinction de toutes le voies de recours, les autorités passent à la phase d’inventaire et de saisie des biens et avoirs des hommes d’affaires qui sont actuellement en prison, en plus du recouvrement des amendes judiciaires prononcées à leur encontre. Dans ce contexte, le ministère de la Justice et celui des Finances se sont alliés pour consolider le dispositif de recouvrement des amendes judiciaires, tandis qu’une vaste opération d’inventaire des biens de ces hommes d’affaires a été lancée, notamment via les services domaniaux. C’est le cas dans la wilaya d’Annaba où les services des domaines viennent de soumettre un rapport aux hautes autorités qui comprend un inventaire détaillé de tous les équipements et biens appartenant aux propriétaires du groupe KouGC, les frères Kouninef en l’occurrence, dans la commune d’Ain El-Berda, nous confie une source proche du dossier. La même source a également révélé qu’un autre rapport concernantl’inventaire des biens de l’homme d’affaires Ali Haddad, dans la daïra de Berrahal a aussi été remis aux mêmes hautes instances. Selon notre source, la direction des domaines de la wilaya d’Annaba avait reçu il y a plusieurs mois une correspondance officielle par l’intermédiaire du premier responsable de la wilaya, ordonnant le recensement et l’inventaire de tous les biens et équipements d’Ali Haddad patron du groupe ETRHB et les frères Kouninef. Selon les quelques détails apportés par la même source, l’inventaire des propriétés des frères Kouninef comprenait d’énormes équipements, des machines destinées aux industries et aux grands projets, des transformateurs électriques de grande puissance, des dispositifs de refroidissement et d’autres équipements qui se trouvaient à l’intérieur de maisons préfabriquées utilisées par l’équipe dirigeant la base d’Ain Al-Bareda. Notre source a fait savoir que, les inspections des domaines à Berrahal et El-Hadjar avaient supervisé le processus d’inventaire qui a débuté au mois de ramadhan dernier, et qu’elles avaient déjà soumis des rapports détaillés sur toutes les propriétés qui valent milliards aux hautes autorités du pays depuis plusieurs semaines. Rappelons que les pouvoirs publics a lancé le processus de récupération des biens des oligarques, et notamment les usines qui ont été versées au patrimoine du secteur industriel public. Ainsi, 13 entreprises appartenant aux oligarques emprisonnés pour corruption, ont été saisies par la justice algérienne à ce jour. Six d’entre elles ont été transférées vers des entreprises publiques. Dans ce sens, le Conseil des participation de l’État (CPE) a décidé de placer les usines appartenant à des hommes d’affaires reconnus coupables de corruption sous la tutelle de groupes publics. Cette décision évitera la fermeture des établissements de production, en plus de la préservation des postes d’emplois et de récupérer les fonds pillés, a expliqué notre source. Il s’agit d’un certain nombre d’établissements de production et d’usines appartenant à des hommes d’affaires condamnés, qui ont été placés sous la tutelle de groupes publics. C’est ainsi que l’usine d’huile alimentaire Cogral filiale de l’Entreprise nationale des corps gras, située au port d’Alger, et qui avait cédée au groupe Kou GC appartenant aux frères Kouninef, a été transférée au groupe agroalimentaire »Agrodiv » à l’automne dernier. L’usine rebaptisée El Mahroussa devrait reproduire l’huile de table Safia. Il en est de même de prendre la même mesure pour l’usine d’huiles alimentaires située à Jijel, qui a été transféré au groupe public Madar Holding. L’usine rebaptisée Kotama doit permettre de couvrir progressivement 40% des besoins nationaux en huile de table. Le CPE a également décidé le transfert de l’usine sucrière de Khemis El-Khechna, propriété de l’homme d’affaires Maazouz emprisonné pour corruption, et sa mise à la disposition du groupe public Madar Holding. La même décision a été prise par le CPE qui a décidé de transférer les deux usines à savoir, la conserverie et celle d’eau minérale de N’Gaous, appartenant toujours à l’homme d’affaires Mazouz, le premier mis à la disposition du groupe « Agrodiv » et la seconde à la disposition du groupe public « Madar Holding. Enfin, le conseil de participation a décidé de transférer l’usine sidérurgique d’Oran, qui appartenait à Ali Haddad, au groupe public Alfapipe au mois de mai dernier. Au cours du même mois, Sonatrach avait récupéré les actifs que l’ETRHB détenait dans Fertial via sa filiale Asmidal.
La justice a en effet délivré une série d’ordonnances de saisies de biens, exécutées progressivement depuis le 15 février 2021. Ainsi, s’achève la saga des milliardaires qui ont fini pour les uns à la prison d’El Harrach et d’autres à la prison de Koléa.
Sofia Chahine