Les parlementaires interpellent l’Exécutif : Hâter le processus des réformes
La mise en œuvre des réformes annoncées doit s’accélérer. Hier, les parlementaires ont pressé l’Exécutif de hâter le processus de mise en conformité du corpus réglementaire à la Constitution, notamment en ce qui concerne la loi sur les associations et la loi sur les partis. Ils le pressent aussi de libérer le ou les codes des collectivités locales, ainsi que de hâter les réformes économiques susceptibles de consolider la souveraineté et l’indépendance économique du pays.
Les cérémonies d’ouverture de la session parlementaire pour l’exercice 2022-2023 ont eu lieu, hier, respectivement à l’Assemblée populaire nationale et au Conseil de la nation, et ce, en présence du Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, et des membres du Gouvernement. L’occasion pour les parlementaires de souligner les urgences de l’heure et d’aller au-delà du calendrier imposé par l’Exécutif. Si le Président de la chambre basse du Parlement, Brahim Boughali, a évoqué, lors de son intervention, la nécessité «de mettre en conformité les lois avec la nouvelle Constitution», celui du Conseil de la Nation, Salah Goudjil, a clairement mis le Gouvernement face à l’urgence de hâter le processus des réformes. Il a explicitement cité un nombre de lois, parmi lesquelles celles relatives aux associations, aux partis politiques ainsi que le « Code des collectivités locales ». Celui-ci a, à cet effet, insisté sur le fait que «les associations n’ont pas le droit de faire de la politique». Donc, il est nécessaire, poursuit-il, de «définir les missions de chacun, association et parti politique». Le président du Conseil de la nation a révélé, à cette occasion, que le Gouvernement est en train de préparer le «code des collectivités locales». Actuellement, il y a deux textes séparés, un code de wilaya et un autre pour la commune. Le texte en préparation va «donner à la wilaya et la commune la place qui leur sied», a-t-il dit, ajoutant qu’il est question de «préciser les rôles de chacune des entités».
Revenant sur les développements de la situation politique et socio-économique interne, Goudjil a mis en exergue la nécessité d’arriver à une «indépendance économique», un objectif qu’il considère comme «la priorité des priorités». «L’autosuffisance et l’exploitation de toutes les potentialités du pays sont de nature à conforter davantage les décisions politiques de l’Algérie et renforcer sa voix», a-t-il affirmé. Il a rappelé, à cet effet, que le pays «n’est pas endetté» et que, par conséquent, «personne ne peut dicter à l’Algérie quoi que ce soit».
Distinguer pouvoir et État
Il plaidera, bien entendu, pour l’initiative du «rassemblement» qui vise, rappelle-t-il, à «consolider le front interne». Pour le président du Conseil de la Nation, il est primordial «de faire la différence entre pouvoir et Etat», le pouvoir étant appelé à «changer d’une étape à une autre, selon la volonté populaire». S’exprimant également sur un sujet qui lui tient toujours à cœur, qui est celui de l’histoire, Salah Goudjil a défendu, durant son intervention, l’idée de «mettre en place une commission nationale pour l’écriture de l’histoire». Il a plaidé à cet effet pour la «révision» des programmes de l’éducation nationale, «du primaire jusqu’à l’université», évoquant l’exigence d’une «uniformisation», d’autant plus, estime-t-il «qu’il y a des choses qui se disent qui ne sont pas vraies». «Personne ne nous enseignera notre histoire», a-t-il lancé.
En dernier lieu, le Président du Conseil de la Nation s’est exprimé sur certaines questions internationales. Il s‘est attardé à cet effet sur les derniers développements dans les relations entre la Tunisie et le Maroc qui, rappelons-le, a décidé de rappelé son ambassadeur à Tunis, à la suite de l’invitation faite par les autorités tunisiennes, au Président sahraoui, Brahim Ghali, pour assister au sommet Japon –Afrique (TICAD). Ainsi, pour montrer l’incohérence de la position marocaine, Goudjil a tenu à rappeler que le Maroc était présent, en 2017, au sommet Union européenne – Union africaine, alors qu’une délégation sahraouie était présente. Celui-ci est revenu également sur le roi marocain Hassen II «qui, en 1960, a dénoncé le Président tunisien Habib Bourguiba, qui venait de reconnaître l’indépendance de la Mauritanie, sous prétexte que c’est une terre marocaine», mais qui a fini, ajoute le Président du Conseil de la nation, «par proposer en 1975 à la Mauritanie la partition du Sahara occidental». Salah Goudjil a, en définitif, réitéré la «position constante de l’Algérie qui soutient les mouvements de libération et la décolonisation, notamment les causes palestinienne et sahraouie».
Elyas Nour