Tizi-Ouzou : Grève surprise dans le secteur des transports
Une grève surprise paralyse de nombreuses lignes de transport depuis hier dans la wilaya de Tizi-Ouzou. Les transporteurs privés qui ont déclenché le débrayage sans aucun préavis ne précisent pas si l’arrêt de travail est limité dans le temps ou illimité, mais énumèrent une série de revendications ou plutôt de griefs à l’encontre des services concernés.
En effet, ces derniers assurant en majorité les lignes desservant la liaison des communes du littoral avec le chef-lieu de la wilaya font état de plusieurs problèmes induits par les mesures sanitaires.Non organisés dans une association ou un quelconque syndicat, le contact n’a été possible qu’avec des transporteurs qui ont parlé individuellement et non au nom de leurs camarades. Il n’en demeure pas moins que les mêmes raisons sont reprises par tous ceux que nous avons interrogés. « Je ne vois plus de raisons valables pour mettre ma vie en danger » affirme tout de go un transporteur joint au téléphone. Toutefois, la cause essentielle du débrayage nous sera exprimée par un autre transporteur assurant la ligne Tizi-Ouzou vers Boudjima. « Avec la réduction du nombre de places, je n’ai plus aucun bénéfice à travailler. Le coût des charges dépasse de loin celui des gains. Alors, on n’a comme solution que l’arrêt de travail », explique-t-il tout en se disant comprendre la détresse des voyageurs.
Hier donc, au niveau de la gare intermédiaire de Boukhalfa assurant les liaisons vers le versant Nord de la wilaya, l’activité était quasiment paralysée. Aucun communiqué n’est publié sur la page officielle de la direction des transports suite à ce débrayage. Toutefois, les discussions avec les transporteurs font ressortir que la publication par cette dernière de la note où elle énumère les mesures à respecter est derrière cet arrêt surprise de plusieurs lignes. Les transporteurs sont en effet unanimes à dire que toutes les mesures sont logiques et applicables à l’exception de l’obligation de réduire le nombre de place à 50%.
Beaucoup de transporteurs expliquaient que cette mesure rend l’activité non lucrative. « Pouvez-vous travailler sans votre salaire? » répond tout de go un transporteur qui ajoute que » si le nombre de place est réduit à 50%, l’activité n’est plus rentable. Ce qui fait qu’il ne sert plus rien à travailler ». Un autre transporteur plus pessimiste exprimera même sa volonté de « rendre le registre et cesser ce travail qui a plus de problème que d’argent ».Enfin du côté des voyages, c’était la détresse. Hier au niveau de cette gare intermédiaire de Boukhalfa, les voyageurs étaient désemparés. « Comme ça, on ne peut plus travailler pour nourrir nos enfants » affirmait un voyageur qui, à 19H, ne désespérait pas encore de voir entrer dans le quai un fourgon de transport. « Je comprends parfaitement les difficultés qu’ils vivent. j’ai un frère qui exerce le transport. Après un arrêt de plusieurs mois, il reçoit trente mille dinars d’indemnité. Peut-on nourrir sa famille avec trente mille dinars en six mois? » s’interroge-t-il pour exprimer le désarroi des transporteurs. D’autres voyageurs reconnaîtront cependant que la conjoncture est difficile pour tout le monde. « C’est difficile pour tout le monde. mais nous devons tous faire quelques sacrifices. Ces transporteurs doivent continuer à assurer le travail car avec leur mouvement des familles souffriront des conséquences du chômage car les gens ne pourront plus aller au travail » déplore un citoyen qui n’a pas pu rejoindre son lieu de travail à cause du débrayage surprise des transporteurs.
Kamel Naït Ameur