Le 16e congrès du Front Polisario a pris fin vendredi à Dakhla : Confiance renouvelée à Brahim Ghali
Brahim Ghali, a été réélu vendredi soir au poste de secrétaire général du Front Polisario, et de président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), au terme d’un vote qui a suscité l’intérêt des médias du monde entier.
Selon la commission électorale du 16e congrès du Front Polisario, M. Ghali a obtenu 69% des voix exprimées contre 31% pour El Bachir Mustapha Essayed, son adversaire politique. L’événement s’est déroulé globalement dans le calme, preuve que le Front Polisario n’est traversé par aucune dissension importante. Le rapporteur de la Commission électorale, Mohamed Mohamed Ismail, a d’ailleurs souligné qu’«aucune violation ou obstacle empêchant les congressistes d’accomplir leur devoir électoral n’a été enregistrée».
Brahim Ghali restera donc en fonction pour une nouvelle période de trois ans. Né à Smara le 19 août 1949, il a été élu secrétaire général du Front Polisario en 2016 suite au décès de Mohamed Abdelaziz. Résistant de la première heure contre l’occupant marocain, M. Ghali bénéficie d’une grande popularité au sein du peuple Sahraoui. Le vote a eu lieu dans le cadre du 16e congrès du Front Polisario qui s’est tenu dans le camp de réfugiés sahraoui de Dakhla. Les 2.000 délégués présents à ce rendez-vous ont discuté pendant plusieurs jours «de l’avenir de la cause sahraouie» et des priorités du mouvement. Le délégué du Polisario pour l’Espagne, Abdallah Arabi, s’est à ce propos dit apprécier que le congrès intervienne à une étape «décisive» de la lutte pour la décolonisation du Sahara Occidental, notamment « après la violation du cessez-le-feu par le Maroc (14 nombre 2020), qui a contraint le peuple sahraoui à reprendre la lutte armée».
Les travaux du 16e congrès du Front Polisario ont, rappelle-t-on, débuté le 13 janvier dernier sous le slogan «Intensifier la lutte pour chasser l’occupant et parachever la souveraineté». La réélection de Brahim Ghali à la tête du Front Polisario signifie que la grande majorité des Sahraouis appuie ses choix politiques et militaires, surtout que pour la majorité des jeunes cadres sahraouis, l’indépendance du peuple sahraoui est une option non négociable. Le Secrétaire généraldu ministère sahraoui de l’Information, Hamdi Miara, avait affirmé à l’ouverture de ce 16e congrès que «la guerre demeure actuellement la seule option pour les Sahraouis». M. Hamdi avait précisé que la position sahraouie est claire et les Sahraouis sont unanimes et convaincus que le peuple sahraoui est entré dans une autre étape de sa lutte de libération après la reprise de la lutte armée et que la guerre au Sahara occidental est actuellement la seule option pour le recouvrement de la souveraineté». Il a ajouté que «l’option de la lutte armée ne signifie nullement que les Sahraouis n’ont pas déployé d’efforts pour rétablir la paix».
Intensification de la guerre
Il faut donc s’attendre dans les prochains jours à une intensification de la guerre contre l’occupant marocain. Le président du 16e congrès du Front Polisario, Taleb Omar, a indiqué que l’Armée populaire de libération sahraouie (APSL) a été dotée en équipements militaires de dernière génération. Il s’agit là d’un message clair qui renseigne sur la détermination des Sahraouis à lutter jusqu’au recouvrement de leur indépendance. Des fuites dans certains médias, non confirmées de sources sahraouies, ont fait état de la réception par l’armée sahraouie de drones de combat. Si cela se vérifie, la nouvelle a de quoi alimenter peur et inquiétude dans les rangs marocains. En revanche, du côté sahraoui, on minimise la portée stratégique de l’utilisation par les Marocains de drones israéliens ou turcs. «Ce sont pour nous des gadgets, on a les moyens pour les neutraliser», a assuré un officier supérieur de l’armée sahraouie dans une déclaration à un confrère.
Au-delà, l’APLS mène déjà la vie dure à l’occupant marocain. Le secrétaire général du Front Polisario, Brahim Ghali a affirmé à ce propos que l’occupation marocaine dissimulait ses lourdes pertes humaines et matérielles infligées le long du mur de sable, pratiquant ainsi la politique du blackout et de la dénaturation de la vérité. « La politique du blackout est une vieille et nouvelle politique que l’occupation marocaine a, de tout temps, adopté, dans le but de dissimuler les lourdes pertes que lui infligent les vaillants soldats de l’Armée de libération populaire sahraouie (ALPS) », a indiqué le président Ghali dans une interview accordée, lundi dernier, à la presse espagnole et française, en marge des travaux du 16e congrès du Front Polisario.
Concernant la décision de la reprise de la lutte armée, suite à la violation par l’occupant marocain du cessez-le-feu et l’agression contre des civils sans défense dans la brèche illégale d’El Guerguerat, le 13 novembre 2020, le Président Ghali a souligné que « le peuple sahraoui a toujours prôné la paix, mais n’hésite pas à prendre les armes, lorsqu’il s’agit de se défendre ». M.Ghali a, en outre, mis en exergue la collaboration de l’Etat sahraoui, trente années durant, avec les Nations unies en vue de trouver une solution pacifique et juste qui garantit au peuple sahraoui son droit à l’autodétermination et à l’indépendance. Dans la foulée, il a fustigé « le silence complice de l’ONU qui refuse, sans aucune raison, d’appeler les choses par leurs vrais noms et de désigner l’État d’occupation marocaine, étant l’unique responsable de la violation du cessez-le-feu qui a duré près de 30 ans, comme partie intégrante du plan de règlement ONU-OUA (UA actuellement), approuvé par les deux parties au conflit (Front Polisario et Maroc) en août 1988, puis adopté par le Conseil de sécurité (…) ». Evoquant le « Marocgate », le président sahraoui a estimé que l’étau se resserre davantage sur le régime du Makhzen, ce qui accentue un peu plus « l’isolement du Royaume marocain au double plan continental et international ».
Khider Larbi