Elle ajuste sa politique monétaire : La Banque d’Algérie sort son bouclier anti-inflation
La hausse des revenus issus de l’exportation des hydrocarbures impacte, assurément la situation financière du pays. Avec le retour des soldes positifs, la hausse des réserves de changes et des excédents budgétaires placés dans le Fonds de régulation des recettes, ainsi que la hausse substantielle des dépôts de la Sonatrach, le maché bancaire passe d’une situation de tensions qui marqué la période du covid, à une situation de surliquidité, notamment dans un contexte de faible progression des crédits à l’économie. Des indicateurs positifs mais qui risquent d’alimenter encore plus les poussées inflationnistes. Une situation qui pousse la Banque d’Algérie à ajuster sa politique monétaire, dans le but de contenir l’inflation. Ainsi, et après avoir concédé une légère appréciation de la valeur nominale du dinar, la Banque d’Alger réactive deux de ses principaux instruments de politique monétaire pour absorber l’excès de liquidité sur le marché, à savoir les reprises de liquidité et les le rehaussement des taux de réserves obligatoires des banques. En effet, et après avoir abaissé le taux de réserves obligatoires durant la pandémie, le Comité des opérations de politique monétaire (COPM) de la Banque d’Algérie a décidé d’augmenter le taux de réserve obligatoire de 1% à 3%. Une décision effective depuis samedi. Il a également décidé de renforcer les reprises de liquidité bilatérales introduites au mois de septembre 2020 pour les porter à 600 milliards de dinars, indique la BA dans un communiqué. L’Autorité monétaire explique qu’il s’agit de mesures qui « ciblent, dans un premier temps, les sources de l’excès de liquidité, potentiellement inflationnistes, tout en maintenant le système bancaire en situation permettant le financement de l’économie nationale sans effet d’éviction et sans coûts supplémentaires ». Et d’ajouter que cette décision a été prise à la lumière des principales évolutions de la situation économique, monétaire et financière nationale et internationale ainsi que de ses perspectives à court et moyen terme, notamment celle ayant trait à l’évolution de l’inflation, du crédit, de la liquidité bancaire et de la croissance économique.
La BA explique ainsi que l’évolution des fondamentaux de l’économie nationale montre que le solde global estimé à fin mars 2023 de la balance des paiements enregistre un excédent de 4,5 milliards de dollars, ce qui se répercute sur le niveau des réserves de change qui ont augmenté. La même source précise que les réserves officielles de change (y compris les droits de tirage spéciaux DTS), exprimées en équivalent dollar américain, ont atteint 66,14 milliards de dollars à fin mars 2023 contre 60,99 milliards de dollars à fin décembre 2022, en contexte de forte amélioration du compte courant du Trésor à la Banque d’Algérie qui enregistre à fin mars 2023 un solde positif de 1788,31 milliards de dinars dont 833,73 milliards de dinars logés dans le Fonds de régulation des recettes (FRR), détaille la même source. Aussi, en terme de liquidité bancaire, celle-ci ne cesse d’augmenter passant de 1.996,41 milliards de dinars à fin décembre 2022 à 2.475,817 milliards de dinars à fin mars 2023, en raison de l’augmentation des revenus des exportations. Toutefois, cette liquidité contraste avec une croissance modérée des crédits à l’économie de 3,27% à fin décembre 2022 et de 0,64% à fin février 2023.
La Banque d’Algérie précise aussi que l’ajustement de sa politique monétaire intervient également suite à l’évaluation de la mise en oeuvre de la normalisation progressive de la conduite de la politique monétaire post-covid entamée dès mars 2022 par le retour à la normale en matière d’application par les banques et les établissements financiers des normes prudentielles en terme du seuil minimum du coefficient de liquidité et de l’obligation de constitution du coussin de sécurité. Dans ce cadre, le comité a relevé qu’à ce jour, un montant de 463,37 milliards de dinars, soit 22 % du Programme spécial de refinancement, a été déjà remboursé. Doté d’un montant de 2100 milliards de dinars, le Programme spécial de refinancement initié par la Banque d’Algérie en juillet 2021 a été clôturé en juin 2022. Le communiqué a enfin assuré que le COPM « reste attentif à l’évolution conjoncturelle des indicateurs macroéconomiques et de leurs perspectives notamment celle de l’inflation et de l’inflation sous-jacente et réévaluera régulièrement l’utilisation et le calibrage des différents instruments de politique monétaire au regard de ces évolutions ».
Hocine Fadheli