Réforme de la Ligue arabe, Palestine, retour de la Syrie et conflits dans le monde arabe : L’Algérie replace le débat dans son contexte

Exit l’inattendue présence de Volodimir Zelensky au 32^e Sommet arabe et sa quête d’un quelconque soutien de la part des pays arabes au conflit qui oppose son pays, l’Ukraine, à la Russie. Le ton est donné au sujet primordial, le retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe et la question palestinienne.

L’Algérie qui ne se défait pas de son principe fondateur régissant sa politique étrangère, entend rester fidèle à son non- alignement. Notre pays a « (…) des relations normales avec l’Ukraine » et ses « (…) relations avec la Russie sont connues de tous » avait tenu à le faire savoir le Président algerien. Tebboune préfère traiter des questions propres à la nation arabe et à l’Afrique, particulierement la question Palestinienne, la situation en Afrique et la nécessité de réformer la Ligue arabe qu’il faut moderniser et adapter au contexte mondial actuel.

Le message du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, lu en son nom par le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, à l’ouverture des travaux de la 32^e session ordinaire du Conseil de la Ligue arabe au niveau du Sommet, remet objectivement les choses dans leur contexte arabo-arabe face aux défis imposés par la conjoncture internationale aggravée par la crise ukrainienne, le nouvel ordre mondial qui se profile mais surtout la sécurité alimentaire et énergétique. Dans son allocution, le Chef de l’Etat « réitère » son appel « pour la mobilisation des ressources financières arabes, notamment le Fonds monétaire arabe et les fonds arabes existants afin d’aider les pays membres qui ont un besoin urgent de ces aides pour faire face à cette conjoncture internationale difficile. » L’Algérie, annoncera le Président Tebboune, organisera à cet effet « au courant de ce mois, la 1e conférence scientifique sur « la sécurité alimentaire dans le monde arabe». Faisant un bref « come-back » sur le Sommet d’Alger et ses acquis, il rappellera la symbolique du thème « Rassemblement » sous lequel s’est tenu le 31eme Sommet dont l’initiative de réunification des rangs palestiniens a été couronnée par la signature de « la Déclaration d’Alger » par les factions palestiniennes.  L’Algérie qui condamne les actes criminels perpétrés par l’occupant israélien, « réitère » sa solidarité avec le peuple palestinien. Tebboune qui appelle « la communauté internationale, en particulier le Conseil de sécurité de l’ONU, à mettre fin à ces attaques criminelles répétées et systématiques (…)», se félicite du rapprochement arabe avec la Turquie et l’Iran. Il saluera « les efforts déployés pour le règlement définitif » de la crise au Yémen et insistera sur le conflit au Soudan et sollicite les instances internationales et africaines pour « une action rapide pour mettre fin à l’effusion de sang et revenir à un règlement pacifique de la crise soudanaise profonde, loin de toute ingérence étrangère dans les affaires internes du Soudan. »

Inviter la nation arabe à s’imposer en troisième pôle

Conscient du nouvel ordre mondial qui se profile à l’aune de la crise ukrainienne et la reconfiguration d’un monde multipolaire, le chef de l’Etat rappelle les « mutations profondes et des développements effrénés que connait le monde et qui augurent de l’avènement d’un nouvel ordre mondial multipolaire » appelle le monde arabe et africain à « renforcer la solidarité et l’action en tant que communauté unifiée ». Dans son message, Tebboune invite cette « communauté » à « jouer un rôle actif et efficace dans la définition des nouveaux équilibres de manière à assurer la préservation de nos intérêts communs ». « Nous avons les capacités et les potentialités qui nous permettent d’occuper une place de choix pour contribuer à définir les repères d’un avenir meilleur pour nos peuples. » dira-t-il.  A propos de la Ligue arabe, le Président Tebboune insistera sur la nécessité de réformer et de moderniser de l’action arabe commune et de la mettre au diapason. « Conscients de l’ampleur et de la nature des défis importants auxquels fait face la Nation arabe et partant de notre profonde conviction de l’importance de l’action arabe commune renouvelée », le président de la République insiste à cet effet « sur la nécessité de la réforme et la modernisation de l’action arabe commune selon une nouvelle approche qui place les préoccupations du citoyen arabe au centre de ses priorités ». Le contexte dans lequel cette Ligue a été fondée semble avoir atteint ses limites face aux mutations géopolitiques et économiques.

Azzedine Belferag