Soudan : L’ONU demande un accès humanitaire sûr
Le secrétaire général adjoint des Nations unies aux affaires humanitaires et coordinateur des secours d’urgence, Martin Griffiths, a exhorté hier les belligérants au Soudan à garantir un accès humanitaire sûr alors que la misère s’aggrave pour les civils.
« Le Soudan est déjà l’un des endroits les plus difficiles au monde pour les opérations humanitaires, malgré les efforts concertés des organisations locales et des groupes d’aide internationaux », a indiqué le coordinateur de l’ONU souligne un communiqué de l’organisation multilatérale. M. Griffiths a souligné que les souffrances du peuple soudanais « ne prendraient fin que lorsque les combats cesseront ». Les parties impliquées dans le conflit doivent adhérer à la Déclaration d’engagements qu’elles ont signée à Djeddah, qui vise à protéger les civils et à faire respecter le droit humanitaire international. Le conflit a déplacé plus de 3 millions de personnes au Soudan, dont la moitié sont des enfants, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. En outre, les 13,6 millions d’enfants qui restent au Soudan ont un besoin urgent d’aide humanitaire, a souligné M. Griffiths.
Khartoum, la capitale du Soudan déchirée par la guerre, a été privée de communications pendant plusieurs heures vendredi, au moment où les deux camps rivaux se livraient à de violents combats. Les connexions internet et de téléphonie mobile, essentielles pour s’informer et faire des provisions, étaient hors service avant leur rétablissement dans l’après-midi, tandis que de « violents affrontements » faisaient rage dans plusieurs quartiers de la ville, ont indiqué des témoins à l’AFP via une ligne fixe. Des nuages de fumée noire ont été aperçues près du quartier général de l’armée dans le centre de la ville, ainsi que dans le sud. Des témoins à Khartoum-Nord ont évoqué des « affrontements avec toutes sortes d’armes ». Et à Omdourman, des habitants ont fait état d’avions de chasse et de drones survolant la banlieue nord.
Plus de 2,4 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays, où les réserves sont faibles et « entre deux tiers et 80% des hôpitaux ne fonctionnent pas », souligne vendredi Rick Brennan, de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le « système de santé soudanais déjà surchargé » est confronté à « d’énormes défis » mettant « le peuple soudanais dans une situation de vie ou de mort », selon M. Brennan, directeur régional chargé des situations d’urgence. A Kosti, dernière grande ville sur la route reliant Khartoum au Soudan du Sud, le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) a prévenu vendredi que de nombreuses familles avaient besoin d’aide, « dont 260.000 (personnes) ayant fui Khartoum », après « de fortes pluies qui ont provoqué des inondations. »
L’ONG Islamic Relief a fait état vendredi au lendemain d’une rencontre réunissant des ONG et des travailleurs de santé, d’épidémies de rougeole dans 11 des 18 Etats du Soudan, ainsi que « 300 cas et 7 décès de choléra/diarrhée aqueuse aiguë ».
« Les informations faisant état d’une probable épidémie de choléra sont difficiles à confirmer en l’absence d’un laboratoire de santé publique opérationnel », souligne l’OMS vendredi. Les voisins du Soudan craignent des retombées du conflit, alors que 740.000 personnes ont fui leur pays depuis le début des hostilités selon l’ONU. L’Egypte, a reçu le plus gros contingent avec plus de 255.000 réfugiés, suivie du Tchad (240.000) et du Soudan du Sud (160.000). Les sept pays voisins du Soudan se sont réunis jeudi au Caire pour réclamer de l’aide. La communauté internationale qui avait promis 1,5 milliard de dollars lors d’un sommet en juin « doit tenir ses promesses » et « aider les pays voisins », a rappelé le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi. Jeudi, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a annoncé l’ouverture d’une nouvelle enquête pour crimes de guerre au Soudan, particulièrement au Darfour.
R.I.