Visite d’État du président Tebboune en Chine : Convergence stratégique
La visite d’État du président de la République Abdelmadjid Tebboune en Chine a permis de consolider les bases de coopération entre les deux pays, mais aussi de réaffirmer la convergence de vue autour des questions de paix et de sécurité au niveau international, en sus de l’assertion des positions quant à la nécessité d’un ordre mondial multilatéral, alternatif et libéré de toute forme d’hégémonie.
Avec la signature de 19 accords et mémorandums d’entente de coopération dans les domaines institutionnels et 12 accords de coopération entre entreprises chinoises et algériennes, l’Algérie s’impose comme le principal partenaire de la Chine en Afrique. Une position que reflète d’ailleurs la qualité de l’accueil réservé au Président Tebboune par son homologue chinois Xi Jinping, mais aussi par la teneur des entretiens entre les deux chefs d’État, ainsi que des accords signés en marge de cette visite. Si sur le plan économique, une attention particulière est accordée au développement des grands projets structurants, au rééquilibrage des échanges commerciaux, actuellement favorables à la Chine, ainsi qu’à la diversification du partenariat et garantir un transfert des technologies et de l’expertise dans les domaine de la gouvernance locale, la santé, les nouvelles technologies et les énergies renouvelables et l’industrie automobile, le dialogue politique a occupé une place particulière au cours de cette visite. Au-delà de la perspective de l’adhésion de l’Algérie au Groupe des BRICS et l’Organisation de coopération de Shanghai, pour laquelle la Chine affiche un soutien ferme et clair, les entretiens entre le Président Tebboune et son homologue chinois ont permis d’afficher une parfaite entente à propos de nombreux dossiers, en accords avec les principes partagés par les deux pays, notamment en ce qui concerne le respect du droit international, ainsi que l’intégrité territoriale et de la souveraineté des États. C’est d’ailleurs dans ce contexte que l’Algérie a réaffirmé son respect au principe d’une Chine unie. L’Algérie soutient le « respect du principe d’une Chine une et unie, Taïwan étant partie intégrante des territoires chinois », et exprimé son « opposition à l’indépendance de Taïwan, quelle qu’en soit la forme, soutenant aussi la position de la Chine dans les questions relatives aux droits de l’homme, au Xinjiang, à Hong Kong, au Tibet et autres, et rejetant toute tentative de politiser la question des droits de l’homme ou de l’utiliser comme moyen de pression dans les relations internationales » a ainsi souligné la déclaration commune qui a sanctionné les entretiens entre les deux présidents. Aussi et alors que l’Algérie s’apprête à siéger au Conseil de sécurité de l’ONU en tant que membre non permanent pour la période 2024-2025, les deux chefs d’État ont souligné l’impératif de « respecter le principe de bon voisinage et veiller au renforcement continu de la démocratie dans les relations internationales, en plus du règlement des conflits par le dialogue et les voies pacifiques », soulignant la « nécessité de préserver le système des Nations unies dont le centre est l’ONU et l’ordre mondial basé sur le Droit international et les règles fondamentales régissant les relations internationales, fondées sur les principes et les objectifs de la Charte de l’ONU ». Les deux parties ont convenu, en outre, de « maintenir leur attachement au multilatéralisme, au renforcement des principes de coopération, de solidarité, de justice et d’équité dans les relations internationales, et de préserver les intérêts des pays en voie de développement et défendre leurs droits ». Et c’est la même convergence de vues qui a été affichée concernant d’autres dossiers à l’image du conflit en Ukraine, de la question du Sahara occidental ou encore de la cause palestinienne, sans oublier le règlement des conflits en Afrique, au Mali, en Libye et au Soudan notamment. Les deux parties ont affirmé que la « situation dans cette région est liée à la sécurité et à la stabilité dans le monde et que les efforts en faveur de la paix et de la prospérité dans cette région s’inscrivent en droite ligne avec l’intérêt commun de la communauté internationale ».Les deux parties ont, en outre, souligné la « nécessité de régler la question palestinienne conformément au Droit international et aux résolutions de la légalité internationale, qui consacrent le droit du peuple palestinien à établir son Etat indépendant et entièrement souverain sur les frontières de 1967, avec El-Qods comme capitale, pour instaurer la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient, dans le cadre du respect mutuel et de l’observation des principes de justice et d’équité ». L’Algérie et la Chine ont aussi mis en avant leur « soutien aux efforts de l’Etat de Palestine pour obtenir la qualité de membre à part entière aux Nations Unies et dans les organisations pertinentes ».
Les deux parties ont convenu de la « nécessité d’œuvrer à trouver des solutions politiques et pacifiques aux questions urgentes et aux autres crises dans la région arabe, notamment en Syrie, en Libye, au Yémen et au Soudan « et ont insisté, sur la « nécessité de faire face, de concert, aux organisations terroristes et extrémistes activant sur leurs sols, de soutenir les efforts déployés par le Liban, la Somalie et le Soudan (…) ». Concernant la question du Sahara Occidental, les deux parties ont affirmé leur « soutien aux efforts visant à parvenir à une solution durable et juste dans le cadre de la légalité internationale, notamment les résolutions pertinentes de l’ONU, à même de garantir au peuple sahraoui son droit à l’autodétermination, suivant des démarches conformes aux principes de la charte de l’ONU et ses objectifs, exprimant leur soutien aux efforts des Nation Unies dans ce sens ».
S’agissant de la situation en Ukraine, les deux parties ont appelé au « règlement des différends par les voies pacifiques, à travers le dialogue et les négociations et au respect du Droit international et des objectifs et principes de la charte des Nations unies ».
Par ailleurs, les deux parties ont mis en avant « l’importance de consolider la coopération politique et sécuritaire et leur détermination à intensifier le contact et la coopération à différents niveaux gouvernementaux et législatifs, dans l’objectif de concrétiser les intérêts communs des peuples des deux pays ».
Au volet économique, les deux parties affirmé leur détermination à « approfondir le partenariat économique et consolider la coopération pratique dans tous les domaines, œuvrer à l’augmentation du volume des échanges commerciaux et à faciliter les exportations hors-hydrocarbures algériennes vers la Chine, mais aussi augmenter le volume des investissements qualitatifs chinois, à la faveur des multiples avantages qu’offre la nouvelle loi de l’investissement en Algérie ».
Lyes Saidi