Automobile : Prendre le virage de l’électrique ?
La Loi de finances pour 2024 doit introduire des mesures pour encourager l’acquisition de véhicules électriques et les bornes de recharges pour particuliers, à travers notamment l’institution d’un bonus écologique à l’achat.
L’Algérie s’engage résolument dans la transition énergétique. En plus du programme de développement des énergies renouvelables qui commence à prendre forme via les projets de centrales solaires qui seront lancés prochainement, les programme d’efficacité énergétique dans le bâtiment et le transport public, les autorités cherchent à encourager l’achat des voitures électriques. Il faut dire que le véhicule électrique n’est pas ancré dans la culture de l’automobiliste algérien habitué aux véhicules thermiques et qui a une propension à préférer le véhicule diesel pourtant très polluant. Dans ce sens les autorités ont misé sur un processus progressif qui doit induire un changement des mentalités. Un processus qui a d’abord misé sur l’encouragement des motorisation GPL beaucoup moins polluantes dans les transports publics mais aussi pour les particuliers.
Elles entendent développer le recours aux véhicules électriques en mettant en place des incitations financières. C’est dans ce contexte que la Loi de finances pour 2024 doit introduire des mesures pour encourager l’acquisition de véhicules électriques et les bornes de recharges pour particuliers, à travers notamment l’institution d’un bonus écologique à l’achat. Le directeur des projets à l’Agence nationale de la promotion de la rationalisation de l’utilisation de l’énergie, Kamel Dali, a indiqué hier à l’APS en marge d’une journée d’études sur la mobilité électrique en Algérie qu’un dispositif d’aides financières visant à encourager l’utilisation des voitures électriques en Algérie sera mis en place à partir de l’année 2024, avec l’octroi de primes pour l’acquisition de ce type d’automobiles et pour l’installation de bornes individuelles de rechargement. Le même responsable a précisé a finalisé un dispositif dédié à la mobilité électrique, en prévoyant d’octroyer en 2024 des primes pour l’acquisition de 1.000 véhicules électriques et pour l’installation de 1.000 bornes individuelles de rechargement, et ce, dans le cadre du programme national de maîtrise de l’énergie. L’octroi de ces aides à l’acquisition et au développement du réseau de bornes de recharges électrique vise à soutenir les futurs acquéreurs de ce modèle de voitures, afin de les rendre plus accessibles et favoriser le déploiement d’une mobilité propre alternative à la voiture thermique, a-t-il ajouté. M. Dali a précisé que les services de l’APRUE avaient convenu avec deux constructeurs automobiles agréés, pour accorder cette prime sous forme de remises pouvant aller de 300.000 à 500.000 DA, par véhicule. Les pouvoirs publics vont ainsi verser cette prime aux constructeurs automobiles via le Fonds national de maîtrise d’énergie, explique le responsable tout en rappelant que dans le cadre des dispositions du nouveau cahier de charges portant sur l’activité de fabrication de véhicules, il est stipulé que les constructeurs sont tenus de fabriquer un taux de 15% de véhicules électriques dans leurs usines en Algérie. Le montant de l’aide fixé pour l’accès aux véhicules électriques n’est pas « définitif » et pourrait « faire l’objet de modification en fonction des prix de ces véhicules qui seront fabriqués localement », a souligné toutefois M. Dali. Ce dispositif de soutien aux véhicules électriques sera « encadré par un texte qui devrait être inclus dans le projet de la loi de Finances 2024 », a-t-il fait savoir. Quant aux bornes individuelles de rechargement, « elles seront fournies par une filiale du groupe Sonelgaz qui a déjà lancé un avis d’appel d’offres », selon le même responsable.
Un véhicule qui reste couteux
Il faut dire que les pouvoirs publics multiplient les mesures destinées à prendre le virage du véhicule électrique, d’abord en instituant un quota minimum de 15% de véhicules électriques à importer ou à fabriquer localement dans le cahier des charges des concessionnaires et constructeurs automobile. La recherche dans le domaine des véhicules électriques est aussi vivement encouragée. Par ailleurs, Naftal qui gère un important réseau de stations-services mise sur la mise en place de 1.000 bornes de rechargement sur réseau à travers le territoire national pour lever la contrainte logistique liée à l’usage des véhicules électrique. Il faut dire que le marché du véhicule électrique est appelé à se développer rapidement au cours des prochaines années. Selon l’Agence internationale de l’énergie, un véhicule sur 5 qui seront commercialisés cette année sera électrique. La Chine s’impose comme leader du marché, dans la mesure où les deux tiers de son marché automobile sont constitués de véhicules électriques. L’Europe et les Etats-Unis sont loin derrière. Mais le marché se développement rapidement. Reste l’obstacle du coût du véhicule qui est loin d’être bon marché. Une voiture électrique coûte en moyenne entre 20.000 et 90.000 euros. Une citadine électrique est vendue en Europe au prix moyen de 35.000 euros. Le fait est que le coût de la batterie pour le véhicule qui vaut à elle seule entre 9.000 et 11.000 euros empêche pour l’heure de réduire les coûts. Cela ne risque d’ailleurs pas de s’arranger avec les tensions annoncées au cours des prochaines années sur les marchés des métaux rares essentiels pour la production de batteries, dans un contexte marqué par la montée en puissance de la compétition géopolitique pour le contrôle des minéraux critiques comme le lithium, le nickel et le cobalt.
Samira Ghrib