Les violations marocaines des droits de l’Homme se poursuivent
La Ligue pour la protection des prisonniers sahraouis dans les geôles marocaines a dénoncé la négligence médicale dont est victime le prisonnier civil sahraoui Brahim Dadi Ismaili, détenu à la prison Ait Melloul 2, à la périphérie de la ville marocaine d’Agadir, et la politique d’atermoiement pratiquée par l’administration pénitentiaire.
S’appuyant sur les informations communiquées par la famille de Brahim Dadi Ismaili, la ligue a fait part de la détérioration de son état de santé et des tergiversations de l’administration pénitentiaire à le faire bénéficier des soins nécessaires. Selon la ligue, la famille du prisonnier sahraoui a affirmé que leur fils les avait informés mercredi dernier de ses douleurs au dos, qui l’empêchaient de bouger, de dormir, de prier ou de mener normalement sa vie quotidienne. Elle a ajouté qu’il n’a pas pu effectuer l’examen médical prévu le 16 avril, en raison, officiellement, du « manque de matériel médical et d’un dysfonctionnement dans l’appareil IRM », dénonçant « une claire collusion entre l’administration pénitentiaire et l’hôpital municipal d’Agadir ». Cette affaire met en lumière le traitement inhumains dont sont victimes les prisonniers sahraouis et notamment les prisonniers de Gdeim Izik assujettis aux violations quotidiennes des droits de l’Homme. Le 19 juillet 2017, Brahim Dadi Ismaili a été condamné à la prison à perpétuité dans le cadre du démantèlement sauvage par la police marocaine du camp de Gdeim Izik, à l’est de Laâyoune occupée, et ce à l’issue d’un procès partial à Salé, de l’aveu même d’organisations internationales des droits de l’Homme. Ismaili a affirmé que les documents de la police, considérés comme preuve principale contre lui, sont falsifiés et ont été signés sous la torture, soulignant que, pendant tous les interrogatoires, il était questionné sur son militantisme en faveur de l’autodétermination du peuple sahraoui, mais jamais sur Gdeim Izik. En octobre 2010, plus de 20 000 civils sahraouis, hommes, femmes et enfants s’étaient réunis spontanément et pacifiquement à proximité de Laâyoune, capitale des Territoires occupés du Sahara occidental, pour dénoncer l’oppression sociale, économique et politique marocaine. Le 8 novembre 2010, les forces de sécurité marocaines démantelaient le campement dans la violence et interpelaient des centaines de manifestants pacifiques. En mars 2013, 25 militants politiques et défenseurs de droits humains sahraouis ont été jugés et condamnés définitivement par le tribunal militaire marocain à des peines allant de 20 ans à la perpétuité sur le fondement d’aveux obtenus sous la torture. En novembre 2016, le Comité des Nations unies contre la torture (CAT) avait condamné le Maroc pour avoir torturé Naâma Asfari, porte-parole du campement. Sa femme, la défenseure des droits humains, Claude Mangin et lui-même sont encore à ce jour, victimes de représailles répertoriées chaque année dans le rapport du Secrétaire général des Nations unies. En 2022, le CAT a de nouveau condamné le Maroc pour les actes de torture commis sur deux autres membres du même groupe de Gdeim Izik. La détention arbitraire d’Ismaili a été traitée dans une communication conjointe des procédures spéciales des Nations unies, le 20 juillet 2017. Le texte souligne que l’arrestation et la détention du groupe des défenseurs des droits humains sahraouis sont intervenues en réponse à l’exercice de leur droit à la liberté d’expression et à la liberté de réunion dans le camp de Gdeim Izik. Rappelons, le Groupe de travail sur la détention arbitraire de l’ONU avait noté les conditions de détention déplorables et les témoignages de torture des prisonniers de Gdeim Izik dans son rapport par pays de 2014.
R.I.