L’extrême droite favorite des législatives en France : Quel impact sur les relations franco-algériennes ?
Les Français sont appelés aux urnes aujourd’hui pour le premier tour des élections législatives anticipées convoquées par le président français Emmanuel Macron. Des élections que l’extrême droite est pressentie de remporter. Si l’enjeu premier du scrutin est économique, les thèmes liés à l’immigration, principaux arguments de campagne du patron du RN, Jordan Bardella lequel se dit prêt à prendre les rênes du gouvernement, risque de peser sur la gouvernance à Matignon, mais aussi sur la diplomatie française. Une question se pose dès lors, une possible accession du RN, héritier de la pensée Lepéniste et des nostalgiques de l’Algérie française, et aux franches positions anti algériennes risque-t-elle de peser sur les relations franco-algériennes, où un gouvernement Bardella devra composer avec les impératifs de la real politique et du pragmatisme économique.
Donné, par les sondages, vainqueur des élections législatives dont le premier tour se déroule aujourd’hui et se voyant prendre d’assaut l’Hôtel de Matignon, le RN semble avoir le vent en poupe et fait de l’Algérie et de son immigration le point de mire de sa campagne électorale. Jordan Bardella, le chef du nouveau FN pour qui l’immigration est la source de tous les maux en France, promet d’affranchir les Français de cette « tare » et d’expulser tous les sans-papiers, les fichés « S », de revoir les Accords de 1968, de réduire encore plus le nombre de visa, de rendre caducs la question Mémorielle et d’abroger le droit du sol s’il venait à être nommé Premier ministre. Un discours érodé que l’on a déjà testé sans résultats tant les choses sont imbriquées entre les deux rives. Alors que la France s’enlise dans une crise sans précédent et perd peu à peu son aura à l’international, l’enjeu de l’élection sera économique. Le déficit public de la France qui s’établit en 2023 à quelque 154 milliards d’euros et un taux de chômage de plus 7,5 % au premier trimestre 2024 risquent d’augmenter compte tenu d’abord de la crise de gouvernance et surtout des conséquences du soutien de la France à l’Ukraine en guerre contre la Russie.
Bardella et ses mentors peuvent-ils se permettre de scier la branche sur laquelle la France est assise ? Peut-il mettre un terme à plus d’un siècle et demi de relations tumultueuses entre la France et l’Algérie d’un seul claquement des doigts ? Pas si sûr tant l’impact sur les relations franco-algériennes risque d’être considérable particulièrement pour la partie française qui est de plus en plus isolée et indésirée dans les lointaines contrées africaines. Cela risque de profiter à d’autres pays européens de la rive nord à l’image de l’Italie, de l’Espagne et même de l’Allemagne.
Entre promesses électorales, real politique et pragmatisme économique, la France est tenue de choisir la voie de la raison et mettre de l’eau dans son vin. Le prochain gouvernement, fût-il issu de l’extrême droite risque de mettre de côté ses ambitions anti-immigration mais surtout anti-algérienne et regarder la réalité en face. Une réalité que même le très pressenti Jordan Bardella, grand favori aux élections législatives qui débuteront ce matin, ne doit pas occulter. Le RN aussi bien que les autres formations politiques hostiles à l’Algérie indépendante buteront fatalement sur les récifs de 132 ans de colonisation. Trop d’intérêts lient le pays de Marianne à notre pays et ne lui laissent aucun choix sinon de composer avec la rive sud de la Méditerranée. La crise qui sévit en France et risque de mener ce pays à une confrontation populaire armée comme le prédisent certains hommes politiques français réduit l’ancienne puissance coloniale économiquement. La perte des pays du Sahel et son éjection de ses anciennes colonies africaines met la France dos au mur sur le plan de ressources minières mais surtout en termes de sécurité nationale que seule l’Algérie, un rempart naturel, est en mesure de cerner et de maitriser. Au-delà de la question mémorielle qui envenime les relations bilatérales, réside celle concernant l’immigration, cette autre thématique sur laquelle semble surfer le camp Bardella qui s’évertue dans un discours électoraliste et populiste à mettre en avant promettant de mettre « dehors » tous les immigrés en oubliant qu’il existe en France quelque deux millions de binationaux, français d’origine algérienne et autant de résidents rien qu’en hexagone.
Bardella Premier ministre se rendra compte une fois l’euphorie de la victoire dépassée que la real politique et le pragmatisme économique ainsi que le besoin sécuritaire doivent l’emporter sur le populisme si cher au clan Le Pen et à l’extrême droite. Une réalité que son pressenti futur chef de la diplomatie, le subite très virulent anti-algérien Xavier Driencourt, qui a su tout au long de son séjours diplomatique algérien faire pale mine et courber l’échine car sachant que les intérêts de la France se trouvent en Algérie et que la bonne séance voudrait qu’il taise ses animosités envers ce pays sources de beaucoup de bien être, connaît bien que trop bien.
Azzedine Belferag