Crise politique au Bangladesh : Le président dissout le Parlement
Le président du Bangladesh Mohammed Shahabuddin a dissous le Parlement hier, donnant satisfaction aux étudiants dont le mouvement de contestation a poussé la Première ministre Sheikh Hasina à quitter son poste et à se réfugier en Inde.
Le Bangladesh traverse actuellement une crise politique majeure, marquée par des manifestations massives qui ont conduit à la démission de la Première ministre Sheikh Hasina et à l’intervention de l’armée. Cette situation tendue a débuté en juillet dernier, lorsque des protestations ont éclaté contre un projet de loi controversé visant à réserver des quotas d’embauche dans l’administration aux familles des anciens combattants pour l’indépendance.
Les manifestations, principalement menées par des étudiants, ont rapidement pris de l’ampleur, dénonçant ce projet comme discriminatoire. La répression violente des protestations a entraîné un bilan humain lourd : selon les dernières estimations, au moins 409 personnes auraient perdu la vie depuis le début du mouvement, dont 109 pour la seule journée du 5 août, qualifiée de plus meurtrière depuis le début de la crise.
Face à la pression croissante de la rue, la Première ministre Sheikh Hasina, âgée de 76 ans, a finalement été contrainte de démissionner le 5 août. Elle a quitté la capitale Dacca à bord d’un hélicoptère, alors que des milliers de manifestants prenaient d’assaut son palais. Selon des sources médiatiques, elle aurait atterri dans une base militaire près de New Delhi, en Inde, avant de possiblement se rendre à Londres.
Suite à ces événements, le président du Bangladesh, Mohammed Shahabuddin, a dissous le Parlement le 6 août, répondant ainsi à l’une des principales revendications des manifestants et de l’opposition. « Le président a dissous le Parlement », a déclaré un porte-parole de la présidence, Shiplu Zaman, dans un communiqué. Les étudiants protestataires appelaient à cette dissolution du parlement, tout comme le principal parti d’opposition, le Bangladesh Nationalist Party (BNP), qui exigent des élections d’ici trois mois. Le Bangladesh Nationalist Party (BNP), principal parti d’opposition, exige désormais la tenue d’élections dans un délai de trois mois L’armée bangladaise a pris le contrôle de la situation, avec le général Waker-Uz-Zaman, chef de l’état-major, annonçant la formation prochaine d’un gouvernement intérimaire. Il a promis de réparer « toutes les injustices » et de lever le couvre-feu imposé durant les manifestations. Cette intervention militaire soulève des questions sur l’avenir démocratique du pays.
Dans ce contexte de transition politique, l’ex-Première ministre et cheffe de l’opposition, Khaleda Zia, âgée de 78 ans, a été libérée le 6 août. Condamnée à 17 ans de prison pour « corruption » en 2018, sa libération a été ordonnée par le président Shahabuddin, marquant un tournant significatif dans la crise politique. Le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a appelé au calme et à la retenue, tout en prônant une transition « pacifique, ordonnée et démocratique ». Il a également souligné la nécessité d’une enquête « indépendante et transparente » sur les actes de violence récents.
R.I.