Selon un rapport de l’APPEC : Un prix du pétrole entre 60 et 70 dollars dans les prochains moins
Un rapport présenté lors de la conférence pétrolière de l’Asie du Pacifique (APPEC) cité par l’agence d’information “Reuters” a indiqué que les prix du pétrole devraient s’établir entre 60 et 70 dollars/baril dans les prochains mois malgré la reprise des économies chinoise et américaine, ajoutant que les prix du baril ne dépasseront pas la barre de 80 dollars à la fin de l’année 2024. En effet, les traders mondiaux de matières premières Gunvor et Trafigura ont déclaré hier lors de cette conférence prévoir que les prix du pétrole pourraient osciller entre 60 et 70 dollars par baril en raison de la faible demande en provenance de la Chine et de la persistance d’une surabondance mondiale. « Le marché a eu un peu de réconfort pour deux mois, mais vraiment très peu », a déclaré Ben Luckock, responsable mondial du pétrole chez Trafigura, ajoutant que les prix du pétrole pourraient tomber « dans les 60 dollars relativement bientôt ». La juste valeur du pétrole est de 70 dollars le baril car il y a actuellement plus de pétrole produit mondialement qu’il n’en est consommé, et cet équilibre devrait s’aggraver au cours des prochaines années, a déclaré Torbjorn Tornqvist, co-fondateur et président du trader en énergie Gunvor. « Le problème ne vient pas de l’OPEP, car ils ont fait un excellent travail pour gérer cela », a déclaré Tornqvist. « La croissance ralentit aux États-Unis, mais elle ne s’arrête pas et reste significative, ce qui constitue un autre défi pour les décisions de l’OPEP+ », a déclaré Jim Burkhard, vice-président de la recherche chez S&P Global Commodity Insights, lors de la conférence APPEC. Burkhard s’attend à ce que l’OPEP+ augmente l’offre de pétrole l’année prochaine pour la première fois depuis 2022, et même si le groupe décide de ne pas le faire, la capacité de production de pétrole inutilisée au niveau mondial, y compris plus de 5 millions de bpj au Moyen-Orient, exercera une pression sur les prix. « La période d’excédent de l’offre pétrolière se poursuit. Elle prendra fin, mais cela ne se produira qu’en 2026 ou au-delà », a-t-il déclaré.
Sur le terrain les cours du pétrole se reprenaient lundi en raison d’une alerte aux ouragans menaçant la production américaine, cependant le maintien des réductions de production décidé par l’OPEP+ n’étant par ailleurs pas parvenu à calmer les inquiétudes sur la demande. Et pour cause, le prix du baril de Brent de mer du nord, coté sur l’InterContinentalExchange (ICE) à Londres, pour livraison en novembre, grappillait 0,01% pour s’établir à 72,70 dollars. Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate côté auprès du Nymex (New York Mercantile Exchange), pour la livraison en octobre, cédait 0,07%, à 69,10 dollars peu après avoir évolué en terrain positif.
Cette baisse des cours est liée essentiellement, selon Han Tan, analyste au cabinet Exinity, aux craintes accrues de récession, maintiennent le pétrole autour de ses niveaux les plus bas depuis décembre, malgré le report par l’OPEP+ de son projet d’augmentation de l’offre pour le mois d’octobre. Autrement dit, la décision des huit membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs alliés (OPEP+) de prolonger de deux mois leurs réductions volontaires supplémentaires de production de 2,2 millions de barils par jour n’a pas vraiment influé sur le marché pétrolier, selon certains analystes, qui rappellent qu’en juin dernier, l’OPEP+ avait initialement annoncé qu’ils reviendraient progressivement sur ces réductions, au rythme de 180.000 barils par jour ajoutés chaque mois à partir d’octobre.
Continuant dans le même sens, Ole Hvalbye, analyste chez le cabinet spécialisé SEB a expliqué que le changement de stratégie (de l’OPEP+) n’a pas suffi à compenser les fortes pertes de prix du brut observées ces dernières semaines, affirmant que la chute significative des cours du pétrole, en recul de 18 % sur deux mois, valait moins de 72 dollars vendredi dernier, atteignant son plus bas depuis mars 2023 est motivée beaucoup plus par des risques géopolitiques et les inquiétudes sur la demande pétrolière mondiale. Ces facteurs ont favorisé, selon la même source, le déclin des marchés pétroliers et finalement recule des prix.
Plus explicite, ces spécialistes ont ajouté que la dynamique récente du marché suggère que les négociants sont plus préoccupés par la faiblesse de la demande que par les informations liées à l’offre, soulignant que les nouvelles négatives sur l’atonie de la consommation de pétrole, la baisse des importations de brut en provenance de Chine et les stocks l’ont emporté sur celles concernant les tensions au Moyen-Orient et les problèmes de la chaîne d’approvisionnement tels que l’arrêt des opérations dans les ports d’exportation russes.
Il y a lieu de rappeler que les ministres en charge du pétrole des huit pays membres de l’OPEP+ (Algérie, Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Irak, Koweït, Kazakhstan, Oman et Russie) ont décidé de différer la hausse progressive de la production des 8 pays concernés de deux mois, pour la reporter au 1er décembre 2024, expliquant que cette décision reflète l’engagement des 8 pays de l’OPEP+ à maintenir la stabilité du marché pétrolier mondial et à soutenir des conditions de marché équilibrées et durables.
Hakim Aomar