Préservation du patrimoine matériel et immatériel: Le Comité national installé aujourd’hui
La préservation du patrimoine culturel, élément fondamental de l’identité et de l’histoire nationales, s’affirme comme une priorité nationale. Cette volonté se concrétise notamment par la création d’un Comité national pour la préservation du patrimoine matériel et immatériel, annoncée par la ministre de la Culture et des Arts, Soraya Mouloudji.
Ce comité, dont l’installation est prévue pour aujourd’hui, réunira divers secteurs et organismes, a expliqué hier la ministre en marge de l’ouverture de la session parlementaire 2024-2025 à Alger. Sa mise en place s’inscrit dans une stratégie globale visant à renforcer la protection et la valorisation du riche héritage culturel algérien. Parmi ses missions figurera la préparation des dossiers pour la mise à jour de la liste du patrimoine culturel immatériel algérien auprès de l’UNESCO. Cette initiative s’accompagne d’une révision de la loi sur la protection du patrimoine culturel. Un atelier spécial a été ouvert pour mettre à jour la loi 98-04, afin de l’adapter aux réalités contemporaines et aux engagements internationaux de l’Algérie. Le nouveau texte vise à simplifier les procédures de classement, à intégrer une dimension économique dans l’exploitation du patrimoine, et à renforcer la mise en œuvre des conventions internationales ratifiées par l’Algérie. Madame Mouloudji a souligné la nécessité pour ce nouveau texte de loi de répondre aux défis et enjeux actuels, de simplifier les procédures de classement du patrimoine culturel matériel et immatériel, d’intégrer une dimension économique dans l’exploitation du patrimoine culturel, et de mettre en œuvre les engagements internationaux de l’Algérie en matière de sauvegarde et de protection du patrimoine culturel.
Concrètement, la stratégie de préservation se traduit par plusieurs actions. Quatre nouvelles antennes de l’Agence nationale des Secteurs sauvegardés ont été ouvertes cette années, chargées d’élaborer des plans de préservation et de superviser les opérations d’aménagement des sites archéologiques. De plus, les directions de la culture de chaque wilaya ont été sollicitées pour préparer au moins cinq dossiers de classement et de protection de nouveaux sites, élargissant ainsi le réseau de sites protégés.
L’inventaire national du patrimoine fait l’objet d’une attention particulière. Son renforcement et sa mise à jour régulière sont menés en collaboration avec experts, chercheurs, acteurs de la société civile et autorités locales. Cette approche inclusive garantit une démarche scientifique dans la préparation des dossiers de classement.
Au niveau international, l’Algérie intensifie ses efforts pour faire reconnaître son patrimoine exceptionnel. Plusieurs biens culturels algériens ont déjà été inscrits sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, dont la Casbah d’Alger, le Tassili n’Ajjer et la Vallée du M’Zab. En 2024, l’Algérie compte onze éléments immatériels sur les listes du patrimoine culturel mondial de l’UNESCO et ambitionne d’en inscrire davantage. Un dossier pour la classification de la tenue traditionnelle de l’Est algérien a été déposé en mars 2023, et le dossier arabe commun relatif au henné sera examiné en décembre 2024, alors que le ministère de la Culture a annoncé la présentation d’un dossier pour le classement du Zellige.
La Commission nationale des biens culturels joue un rôle crucial dans ce processus. Elle a récemment examiné 11 propositions de classement de monuments culturels et historiques, incluant des sites comme le « Kasr Draa » à Timimoune, la « Mosquée et Zaouia de Sidi Yakoub » à Ain Temouchent, et « Dar El Khaznaji » à Alger. Des sites archéologiques majeurs, tels que « Tanezrouft » dans la wilaya d’Illizi et la station de gravures rupestres de Taghit à Béchar, ont également été proposés au classement.
La création de secteurs sauvegardés, comme celui du « Ksar El-Boukhari » dans la wilaya de Médéa, illustre la volonté de protéger des ensembles urbains historiques dans leur intégralité. Ces initiatives de classement et de protection s’inscrivent dans une vision à long terme, visant non seulement à préserver l’héritage culturel pour les générations futures, mais aussi à en faire un vecteur de développement économique et touristique durable. En somme, la création du Comité National pour la Préservation du Patrimoine Matériel et Immatériel marque une étape importante dans la stratégie nationale de protection du patrimoine. Elle témoigne d’une approche globale et ambitieuse, alliant préservation, valorisation et rayonnement international du riche héritage culturel algérien.
Mohamed Seghir