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La fabrication de pièces détachées automobiles en Algérie : Un vrai chalenge pour les PME

par Mohamed Rachid Cheriti

Ingénieur spécialisé dans le domaine énergétique et le développement durable.

Email : r_cheriti@yahoo.fr

Etant donné qu’une voiture se compose d’au moins trente mille composants, et si l’on suppose que deux usines de fabrication d’automobiles ont investi en Algérie et que chacune d’elles fabrique au moins trois modèles, avec des milliers de voitures fabriquées annuellement, on peut estimer que des centaines de petites et moyennes entreprises seront créées pour répondre aux besoins de ces constructeurs à travers des composants et des pièces de rechange diverses.

Le gouvernement algérien s’oriente vers le développement de l’industrie automobile. Il est connu que cette industrie regroupe plusieurs marchés et industries secondaires à l’instar des concessionnaires, équipementiers, sous-traitants, PME, et Start-ups, qui sont un véritable moteur de création d’emplois et procurent des revenus et des moyens de subsistance. D’où apparaît clairement l’importance d’un partenariat d’ampleur entre ces PME et Start-up et les constructeurs automobiles à travers un taux d’intégration progressif.        

L’automobile est, sans aucun doute, le bien de consommation de masse le plus couteux pour les ménages. Il est un bien complexe, il est le résultat de l’assemblage de milliers de composants. Il nécessite une large gamme de prestations de services, nous essayons de comprendre ici et d’estimer comment cette industrie automobile pourra persévérer et persister au cours des années à venir en Algérie devant un futur très innovant et concurrentiel, et comment itou que les PME et les start-ups peuvent jouer leu rôle dans ce changement à travers leur partenariat avec les constructeurs automobiles en matière de fabrication des pièces de rechange et les prestations de service y afférent.

Plusieurs facteurs empiriques entrent dans la réussite de cette industrie dans un pays. La première concerne le choix du pays de production pour produire un modèle à destination d’un marché, ce facteur est un déterminant de l’attractivité des pays. Le deuxième, porte sur les ventes des constructeurs sur le marché intérieur ou extérieur, et le troisième facteur est la gravité qui porte sur les flux de voitures dans le pays producteur. Ce sont les déterminants essentiels de l’attractivité des pays et de la compétitivité des entreprises. 

Le marché mondial de l’automobile

Dans de nombreux pays, l’industrie automobile représente une puissance industrielle et économique considérable, elle contribue au développement et à la croissance dans le monde entier, elle génère des milliards de dollars d’investissements ainsi que des millions d’emplois et de moyens de subsistance, son chiffre d’affaires global est équivalent au volume de la sixième économie mondiale. Le commerce de véhicules à moteur représentait en 2018 un volume de 1 500 milliards de dollars, supérieur au commerce de produits de communication et de pétrole, de gaz et de charbon. La vente mondiale d’automobiles a augmenté entre 2010 et 2017, atteignant 79 millions d’unités en 2017, puis baissé en 2018 jusqu’à 78.6 millions d’unités, en 2021 environ 66,7 millions d’unités, contre environ 63,8 millions en 2020. Cette tendance baissière s’explique en partie par le ralentissement de l’économie mondiale et de l’avènement de la pandémie de coronavirus en 2020.  En 2023, les ventes sont environ 71 millions d’unités, et en 2024, les prévisions estiment que le nombre de ventes internationales de voitures devrait atteindre 74,4 millions de ventes (selon le site statista). En Algérie, le marché est en développement permanent, le parc automobile comptait plus de 6,5 millions de véhicules fin 2019, Et selon l’APS, 159037 véhicules ont été importés au titre des quotas accordes aux 24 concessionnaires au titre de l’année 2023 sur un quota total de 180000 véhicules.

Par rapport au taux de possession des véhicules par personne, la Finlande compte le plus grand nombre de véhicules immatriculés par personne, avec un peu plus d’un véhicule pour chaque résident, un taux de 1.07 (selon les données du rapport mondial sur la sécurité routière 2015 de l’OMS), suivi d’Andorre avec 1.05, l’Italie 0.84, les USA avec 0,83, la Grèce 0.73 véhicules par résident. L’Algérie a un taux de 0.15 véhicules par habitant (2019).  L’industrie automobile est particulièrement mondialisée et sujette au phénomène de la fragmentation des chaînes de production, la compétitivité d’un pays est ainsi impactée par son intégration dans les chaînes de valeur mondiales à travers le coût des consommations intermédiaires importées. Dans 46 % des cas, les voitures sont produites dans le pays d’origine du groupe ou de la marque, et dans 63 % des cas les voitures sont produites dans le pays de destination (La somme est supérieure à 100 % car ces pays peuvent être identiques). Par ailleurs, 20 % de la production mondiale est réalisée depuis un pays tiers.

Le marché des équipementiers

L’industrie des composants automobiles est solide, innovante et compétitive, un équipementier automobile est une entreprise industrielle spécialisée dans la fabrication de composants destinés à l’industrie automobile. Le marché automobile regroupe plusieurs marchés secondaires, le marché de ventes des véhicules neufs et utilitaires, le marché de pièces de rechange, et celui de la réparation et de la maintenance des véhicules et de leurs composants. Cette industrie secondaire génère des milliards de dollars à travers le monde. Sachant qu’un véhicule se compose en moyenne de plus de 30 000 pièces, de nombreuses entreprises (PME) participent à leurs conceptions. En 2018, les plus gros équipementiers au monde ont vu leur chiffre d’affaires atteindre 922 milliards d’euros. Les équipementiers automobiles au sein de l’Union européenne, le CLEPA (association européenne des équipementiers automobiles) représente les 3000 compagnies qui emploient plus de cinq millions acteurs du secteur.

Les statistiques de classement des principaux équipementiers automobiles en 2020, d’après le chiffre d’affaires réalisé en millions d’euros. Bosch était leader de ce classement, avec un chiffre d’affaires de près de 42 milliards réalisé au sein de son segment automobile, devant Denso avec plus de 39 milliards d’euros de ventes.

Le rôle des PME & Start-ups dans l’industrie automobile

Les PME & Start-ups sont un puissant levier de croissance et d’emplois, la petite entreprise n’est plus considérée désormais comme un modèle réduit de la grande entreprise mais comme une entreprise qui alimente cette dernière, à laquelle on peut associer de nombreuses particularités et caractéristiques qui font son intérêt. Elles représentent plus de 95 % de l’ensemble des entreprises et 60 à 70 % de l’emploi. Ce sont elles qui créent une grande partie des nouveaux emplois dans les économies développées.  En effet, l’industrie automobile est dominée par les entreprises multinationales, les PME sont beaucoup plus nombreuses aux deuxièmes et troisièmes rangs des chaînes d’approvisionnement de ce secteur. À mesure que les grandes entreprises réduisent leurs effectifs et externalisent de plus en plus de fonctions secondaires, apparait le poids des PME comme un substituant dans cette économie en général et dans l’industrie automobile en particulier.

Les PME et Start-ups ont un champ de compétence important prévu dans l’industrie automobile en Algérie, de sorte à se spécialiser dans la fabrication des pièces détachées (hayon, éclairage, parechocs…etc.), et aussi l’ensemble des accessoires constituant l’habitacle, sans oublier l’intelligence artificielle et la connectivité. 

Etant donné qu’une voiture se compose d’au moins trente mille composants, et si l’on suppose que deux usines de fabrication d’automobiles ont investi en Algérie et que chacune d’elles fabrique au moins trois modèles, avec des milliers de voitures fabriquées annuellement, on peut estimer que des centaines de petites et moyennes entreprises seront créées pour répondre aux besoins de ces constructeurs à travers des composants et des pièces de rechange diverses. Par ailleurs, la meilleure façon de promouvoir le secteur des PME et des start-ups est de renforcer leur partenariat avec les industriels disposant de réseaux et de clusters dans les systèmes de production locaux.

La recherche et développement est une nécessité

Dans tous les domaines scientifiques, de très nombreux projets de recherche ont vocation à susciter des débouchés dans l’industrie qui testera, améliorera et commercialisera ces nouveaux produits et contribuera à créer les emplois de demain. La recherche et développement représentent 5 à 6 % du chiffre d’affaires des grands équipementiers automobile. Cependant, les recherches actuelles sont relatives à un grand degré à la maniabilité, la sécurité, et la protection de l’environnement des véhicules. Dans cette mesure apparait la croissance de l’industrie 3D globale, le business de l’impression 3D dans l’industrie automobile présente un fort potentiel, une estimation que d’ici à 2030, 80% des pièces de réparation et 60% des pièces mécaniques pourront être imprimées en 3D.

Un partenariat prometteur

La question du changement de mode de développement et de la redéfinition d’une croissance durable d’un pays en voie de développement s’impose avec certitude, les pouvoirs publics sont appelés à s’interroger sur les leviers les plus efficaces pour attirer des activités sur leur territoire national en particulier l’industrie automobiles. Par conséquent, les petites entreprises ont besoin d’améliorer leurs compétences de gestion, leur capacité de recueil d’informations et leur base technologique. Il incombe aux pouvoirs publics par contre d’améliorer l’accès des PME aux aides financières, et aux infrastructures de formation pour assurer davantage une main d’œuvre spécialisé et de qualité afin que ces petites entreprises puissent accéder aux différentes technologies en relation avec l’industrie automobiles à travers le monde.

Par contre, le développement de cette industrie en Algérie est très bénéfique pour l’État et pour les résidents aussi, en plus qu’elle participe à l’économie nationale et l’absorption du chômage, c’est un moyen aussi pour lutter contre la contrefaçon dans ce secteur. Mais en revanche apparaissent certains inconvénients à l’instar des infrastructures qui accueillent le nombre en hause des véhicules et les embouteillages qui en découlent. Une préoccupation future majeure que les autorités devraient prendre en compte.

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