Soudan : Dix civils tués dans une attaque attribuée aux SFR
Le Soudan fait actuellement face à une recrudescence inquiétante de la violence, en particulier dans la région d’Al-Jazira, au centre du pays. Ces dernières semaines, les affrontements ont fait de nombreuses victimes civiles, avec notamment une attaque attribuée aux Forces de soutien rapide (FSR) qui a coûté la vie à 10 civils dans le village de Barborab. Au total, cette vague de violence a déjà entraîné la mort d’environ 200 personnes en un mois seulement dans cette région, et a contraint près de 135 000 personnes à se déplacer vers les États voisins de Kassala et de Gedaref.
Face à cette situation dramatique, les autorités soudanaises ont décidé de prendre des mesures pour tenter de protéger les populations civiles.
Le 1er novembre, le pays a en effet déposé une plainte officielle contre le Tchad devant la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples. Khartoum accuse N’Djamena d’intervenir dans les affaires intérieures du Soudan en fournissant un soutien aux FSR, les paramilitaires qui sont en guerre contre l’armée soudanaise depuis plus d’un an et demi. Selon le Soudan, le Tchad jouerait « un rôle essentiel dans les crimes commis par la milice rebelle », et Khartoum affirme détenir des preuves tangibles de cette implication. Ndjamena est accusé de faciliter la livraison des armes fournies par les Émirats arabes unis aux FSR. Cette plainte s’inscrit dans le cadre des efforts plus larges du Soudan pour poursuivre les FSR et leurs alliés étrangers devant les instances internationales. Début octobre, le représentant du Soudan à l’ONU avait déjà accusé le Tchad d’acheminer des armes sophistiquées au Soudan sous couvert d’aide humanitaire. N’Djamena a quant à lui rejeté ces accusations, affirmant n’intervenir au Soudan que dans un rôle de médiateur pour ramener la paix.
La situation au Soudan reste extrêmement préoccupante. La violence ne cesse de s’aggraver, faisant de nombreuses victimes civiles et forçant des populations entières à fuir leurs foyers. Les autorités soudanaises tentent de s’attaquer à cette crise multidimensionnelle sur plusieurs fronts, en s’efforçant de protéger les populations, de fournir une assistance humanitaire et de traduire en justice les responsables des exactions.
Dans ce cadre, le Soudan a lancé une campagne de vaccination contre le paludisme afin de renforcer les efforts visant à protéger les enfants contre cette maladie mortelle, a indiqué mardi le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF). Lancée par le ministère fédéral de la Santé, en collaboration avec l’UNICEF, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l’Alliance du vaccin (GAVI), la campagne a débuté lundi dans « les établissements de santé de 15 localités des Etats de Gedaref et du Nil Bleu, au bénéfice de plus de 148 000 enfants de moins de 12 mois », a précisé le Fonds dans un communiqué. En 2025 et 2026, le vaccin sera introduit dans 129 localités du Soudan, ajoute l’UNICEF. Le paludisme est l’une des maladies les plus meurtrières au monde, tuant près d’un demi-million d’enfants de moins de 5 ans chaque année en Afrique. Le Soudan présente les taux les plus élevés de paludisme dans la région de la Méditerranée orientale, selon des données de l’OMS. En 2023, plus de 3,4 millions de cas de paludisme ont été recensés au Soudan et la maladie a fait environ 7 900 victimes, bien que les cas et les décès soient probablement largement sous-estimés en raison du conflit en cours et de la rupture des communications, a affirmé l’UNICEF.
R.I.