Crise politique en Corée du Sud : La Cour constitutionnelle appelée à sceller le sort de Yoon Suk Yeol
La Cour constitutionnelle sud-coréenne est désormais au cœur d’une crise politique sans précédent, appelée à sceller le sort du président déchu Yoon Suk Yeol dans un délai de six mois. Dès samedi soir, son président Moon Hyung-bae a promis une « procédure rapide et juste » en convoquant immédiatement une première réunion des juges pour examiner la procédure de destitution votée par le Parlement.
Le chef de l’opposition sud-coréenne a appelé dimanche la Cour constitutionnelle à sceller rapidement le sort du président déchu Yoon Suk Yeol, afin que le pays puisse se remettre du « trouble national » et de la « situation absurde » créés par l’imposition surprise de la loi martiale le 3 décembre. La Cour constitutionnelle a six mois pour valider ou non la destitution de M. Yoon, votée samedi par le Parlement. Dans l’affirmative, une élection présidentielle sera organisée dans les deux mois. « La Cour constitutionnelle doit rapidement traiter la procédure de destitution du président », a déclaré dimanche Lee Jae-myung, le président du Parti démocrate, principale force d’opposition. « C’est la seule façon de limiter le trouble national et d’alléger les souffrances de la population », a-t-il ajouté. Le chef de l’opposition a également exigé une enquête approfondie sur les événements de la nuit du 3 au 4 octobre, quand M. Yoon avait annoncé à la surprise générale l’imposition de la loi martiale et envoyé l’armée au Parlement pour tenter de le museler, avant de faire marche arrière sous la pression des députés et des manifestants.
Le président de la Cour constitutionnelle, Moon Hyung-bae, a promis dès samedi soir « une procédure rapide et juste ». Il a convoqué les autres juges pour une première réunion sur cette affaire lundi matin. Selon la plupart des experts, l’issue ne fait guère de doute tant les violations de la Constitution et de la loi reprochées à M. Yoon sont flagrantes.
Parallèlement, l’appareil judiciaire sud-coréen a intensifié sa traque des principaux protagonistes impliqués dans la tentative de coup de force du 3 décembre. Les procureurs ont franchi une nouvelle étape en demandant un mandat d’arrêt contre Kwak Jong-geun, chef du Commandement de guerre spéciale (SWC) de l’armée. Celui-ci est accusé d’insurrection et d’abus de pouvoir pour avoir envoyé des troupes à l’Assemblée nationale lors de l’imposition controversée de la loi martiale. Déjà suspendu de ses fonctions, Kwak Jong-geun a été placé sous interdiction de voyager. Les investigations révèlent qu’il aurait été de connivence avec Yoon et l’ancien ministre de la Défense Kim Yong-hyun dans une tentative de subvertir la Constitution. Cette procédure s’inscrit dans une stratégie judiciaire plus large visant à démanteler le réseau politique ayant soutenu la manœuvre présidentielle. La police a également procédé à l’arrestation de l’actuel et de l’ancien chef du commandement du renseignement militaire. Samedi, Yeo In-hyung, chef du contre-espionnage, avait déjà été interpellé, illustrant la détermination des autorités à faire toute la lumière sur cette crise constitutionnelle. Yoon Suk Yeol lui-même fait l’objet d’une enquête pénale pour « rébellion », un crime passible de la peine de mort. Les procureurs l’ont convoqué dimanche matin, mais celui-ci a refusé de se présenter, provoquant l’annonce d’une deuxième convocation. Le président déchu n’a plus le droit de quitter le pays, marquant une limitation drastique de sa liberté de mouvement.
R.I.