Cuir et textiles: Vers la création de clusters pour relancer le secteur
Dans un effort continu de restructuration et de modernisation du tissu industriel national, le ministre de l’Industrie et de la Production pharmaceutique, Sifi Ghrieb, a présidé samedi 18 une importante réunion consacrée aux filières du textile et du cuir, deux secteurs stratégiques pour l’économie nationale.
Cette rencontre, qui a rassemblé pas moins de 70 opérateurs économiques des secteurs public et privé, s’inscrit dans le cadre d’une nouvelle approche gouvernementale visant à redynamiser l’industrie nationale à travers un dialogue renforcé entre les différents acteurs. Au cours de cette réunion, le ministre a particulièrement insisté sur la nécessité de « consolider l’effort industriel national dans toutes les branches et filières industrielles dont les filières Cuir et Textile, et de structurer ces industries en clusters », comme le précise un communiqué du ministère. Cette orientation stratégique répond à un double objectif : renforcer la production nationale et réduire la dépendance aux importations. La démarche proposée par le ministre repose sur une approche participative où ces clusters seront appelés à jouer un rôle central dans « la prise de décision », notamment en identifiant les obstacles qui entravent le développement de ces deux filières et en proposant des solutions concrètes. Selon M. Ghrieb, cette organisation permettra de faire de ces groupements « un canal de communication avec les autorités publiques ». L’ambition est claire : ces structures doivent constituer une force de proposition capable de contribuer à « l’élaboration d’une feuille de route pratique pour relancer les industries du textile et du cuir et répondre aux besoins locaux en termes de quantité, de qualité et à des prix concurrentiels », tout en augmentant le taux d’intégration dans la chaîne de valeur de ces filières pour, à terme, développer les exportations. La formation professionnelle occupe une place centrale dans cette stratégie de relance. Face au constat d’un manque criant de main-d’œuvre qualifiée, le ministre a annoncé une initiative majeure : la création de plusieurs centres de formation spécialisés dans les différents métiers liés aux filières du cuir et du textile. Ces centres, qui seront répartis sur l’ensemble du territoire national, seront développés en collaboration avec le secteur de l’enseignement et de la formation professionnels. Cette mesure s’accompagne d’une attention particulière portée à « la nécessité de préserver les emplois », comme l’a souligné le ministre. L’importance accordée à la création de pôles d’excellence pour les filières du cuir et du textile témoigne de l’ambition des autorités de positionner ces secteurs sur des segments à plus forte valeur ajoutée. Le ministre a particulièrement insisté sur l’importance de « la coordination et la coopération entre les différents opérateurs concernant la production, le marketing et le e-marketing ». Cette approche globale vise à moderniser l’ensemble de la chaîne de valeur, de la production à la commercialisation. Les participants à cette rencontre, qui représentaient l’ensemble de l’écosystème du textile et du cuir (producteurs, sous-traitants, distributeurs et exportateurs), ont pu exposer les différentes problématiques auxquelles ils sont confrontés. Parmi les principaux obstacles identifiés figurent les droits douaniers et les taxes fiscales appliqués sur la matière première importée, l’absence de zones industrielles dédiées aux filières du textile et du cuir, le manque de laboratoires spécialisés pour le contrôle et la conformité nécessaires aux opérations d’exportation, ainsi que la problématique du marché informel. Ces échanges s’inscrivent dans une démarche plus large de réorganisation industrielle selon « une nouvelle vision » qui privilégie le dialogue franc et transparent entre les secteurs public et privé. L’objectif est d’établir une approche commune permettant de contribuer au développement du secteur industriel et à la diversification de l’économie nationale.
5 pôles d’excellence pour les industries électriques et électroniques
Cette initiative dans les secteurs du textile et du cuir fait écho à une démarche similaire engagée dans d’autres filières industrielles. En effet, le même jour, le ministre a également présidé une réunion avec les opérateurs des industries électriques et électroniques, soulignant la volonté gouvernementale d’appliquer cette approche cluster à l’ensemble du tissu industriel national. Dans ce contexte, M. Ghrieb a rappelé l’importance des « cinq matrices que le ministère de l’Industrie et de la Production pharmaceutique élaborent consistant en : les intrants et les extrants, les compétences nationales, les déchets industriels, le parc technologique industriel ainsi que le réseau national de l’ingénierie inversée ». « L’agrément et la conformité aux normes, figuraient parmi des points évoqués par le ministre à l’effet de développer ces industries et de proposer des produits de qualité faciles à être exportés » Cette rencontre s’inscrit « dans le cadre de l’organisation et de la redynamisation des différentes filiales industrielles, selon une nouvelle approche visant à conforter le dialogue entre les différents opérateurs des deux secteurs public et privé, en vue d’élaborer une vision commune contribuant au développement du secteur industriel et à la diversification de l’économie nationale », précise-t-on. Cette approche systémique témoigne de la volonté des autorités de mettre en place une politique industrielle cohérente et intégrée, capable de répondre aux défis de la modernisation économique du pays tout en garantissant une meilleure intégration des différentes filières industrielles dans les chaînes de valeur mondiales.
Samir Benisid