L’Algérie insiste sur un règlement du conflit en Palestine assis sur la solution à deux États
Le cessez-le-feu doit reposer « sur un processus politique sérieux »
En présidant une session ministérielle du Conseil de sécurité de l’ONU tenue hier à New York, l’Algérie, par la voix du ministre, d’État, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, Ahmed Attaf, a réaffirmé sa position historique en faveur d’une solution juste et durable au conflit au Proche-Orient.
Cette intervention survient dans un contexte particulier où l’attention internationale se focalise sur les aspects humanitaires immédiats et la reconstruction de Ghaza, au risque d’occulter les questions fondamentales qui sous-tendent ce conflit vieux de plus de 75 ans. Alors que certains acteurs internationaux tentent de réduire le débat à la seule question de la gouvernance future de Ghaza et aux modalités du cessez-le-feu, l’Algérie, fidèle à ses principes, replace le débat dans sa perspective historique et politique plus large. Ahmed Attaf, mandaté par le président Abdelmadjid Tebboune pour présider cette session de débat ouvert au niveau ministériel sur la situation au Moyen-Orient, a ainsi clairement énoncé que « le cessez-le-feu à Ghaza ne sera ni global, ni définitif, ni durable, sauf s’il repose sur un processus politique sérieux, visionnaire, audacieux et sincère, qui accorde la priorité absolue à un règlement final de la question palestinienne, conformément à la solution des deux États, acceptée au niveau international, aujourd’hui plus que jamais ». Sur le plan humanitaire, le ministre a souligné que l’Algérie poursuivra « son rôle historique et son implication active dans tous les efforts internationaux visant à répondre aux besoins humanitaires du peuple palestinien dans la bande de Ghaza, une fois le blocus injuste levé ». Cet engagement inclut notamment « la participation aux efforts de secours, l’aide à la construction d’hôpitaux de campagne lorsque les conditions seront favorables, ainsi que la poursuite de son soutien à l’UNRWA, injustement calomniée, accusée à tort et menacée, sans perdre pour autant la raison de son existence ». Au-delà des aspects immédiats du cessez-le-feu, l’Algérie place ses efforts dans une perspective plus large visant à « protéger la solution des deux États consacrés par la légitimité internationale ». Le ministre a ainsi affirmé que l’Algérie œuvrera en « s’efforçant de préserver les fondements de l’établissement d’un État palestinien indépendant et souverain, de lui permettre d’obtenir le statut de membre à part entière aux Nations unies, et de renforcer les reconnaissances internationales en sa faveur, dans la perspective de la conférence internationale prévue à la mi-année ». Et d’ajouter : « Nous réaffirmons notre soutien au processus de réconciliation et d’unité nationale palestinienne, un impératif qui doit être mené à son terme. »
Attaf a aussi souligné la résilience inébranlable du peuple palestinien face à l’oppression, tout en insistant sur leur droit légitime à leur terre selon le droit international. Il dénonce une situation de conflit qui perdure depuis 80 ans au Moyen-Orient, avec une escalade continue des tragédies.
Concernant Ghaza, il affirme que son avenir appartient aux Palestiniens eux-mêmes et rejette toute ingérence extérieure susceptible d’aggraver les divisions. Il appelle le Conseil de sécurité à prioriser la consolidation et l’application intégrale d’un accord de cessez-le-feu.
L’Algérie assurera le suivi de l’accord de cessez-le-feu
La veille de cette session historique, dans un entretien accordé à la chaîne Al 24 news, Ahmed Attaf avait déjà détaillé la position algérienne concernant l’accord de cessez-le-feu récemment conclu. Il avait alors expliqué que cet accord, « longtemps attendu », était le fruit des efforts de l’Algérie qui, « depuis son adhésion au Conseil de sécurité en qualité de membre non permanent, a œuvré à ce que la priorité absolue soit accordée à la cause palestinienne et au cessez-le-feu pour mettre fin aux souffrances des populations de Ghaza ». Le ministre avait précisé que l’accord se déploie en trois phases distinctes, dont « la première concerne le cessez-le-feu et le début des secours pour la population de Ghaza avec le retrait de l’armée israélienne des grandes agglomérations ». La deuxième phase est « liée à l’opération d’élargissement de l’échange d’otages et de détenus, entamée par l’occupation dans une première étape, l’intensification des opérations de secours à Ghaza », tandis que « la troisième et dernière étape concernera les dispositions politiques, administratives et sécuritaires pour Ghaza dans ce qui est appelé ‘Le jour d’après’ ». En sa qualité de présidente du Conseil de sécurité, l’Algérie assume une responsabilité particulière dans le suivi de cet accord. Le ministre avait ainsi annoncé que le pays « assurera le suivi de cet accord et veillera à son application, avec une évaluation périodique, et interviendra pour lever les obstacles pouvant entraver son application ». Cette approche témoigne d’un « espoir prudent et un optimisme vigilant » concernant un accord jugé « délicat voire très délicat » qui « doit donc bénéficier du soutien de la communauté internationale ». L’Algérie démontre ainsi sa capacité à conjuguer son rôle institutionnel au sein du Conseil de sécurité avec son engagement historique en faveur de la cause palestinienne, tout en maintenant une vision claire des objectifs à long terme : l’établissement d’un État palestinien viable et indépendant dans les frontières de la ligne verte, avec El Qods Est comme capitale.
Lyes Saïdi