Naâma : 34.000 hectares mobilisés pour les cultures stratégiques
La wilaya de Nâama s’affirme comme un modèle exemplaire de la stratégie nationale algérienne visant à développer les cultures stratégiques en milieu saharien. L’annonce faite le 20 janvier 2025 par le wali Lounes Bouzegza concernant la distribution de 34.000 hectares de terres agricoles illustre l’ampleur de cette ambition de transformation agricole des zones arides. Cette initiative s’inscrit dans le cadre plus large du programme national de mise en valeur des terres par voie de concession, régi par le décret exécutif 432-21. Comme l’a précisé le wali lors d’une rencontre avec l’Inspecteur général du ministère de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Nadjib Zerrouki, « 45 investisseurs issus des secteurs public et privé ont jusqu’à présent bénéficié de contrats de concession et de certificats de qualification ». Ces attributions visent à lancer des projets d’envergure dans des filières considérées comme stratégiques pour la sécurité alimentaire du pays : céréales, cultures oléagineuses, maïs, semences et fourrages. L’élan ne s’arrête pas là puisque, selon M. Bouzegza, « 20.000 autres hectares sont actuellement en cours de distribution au niveau du périmètre Oued El Harmel, dans la commune de Kasdir ». L’engouement des investisseurs pour cette région est manifeste, comme en témoigne l’examen en cours de 371 dossiers de candidature déposés via la plateforme numérique de l’Office national des terres agricoles. La wilaya de Nâama se distingue également par son intégration dans un projet pilote d’envergure nationale dédié à l’intensification de la culture de la pomme de terre et des semences. Une superficie de 10.000 hectares a été spécifiquement allouée aux opérateurs économiques pour concrétiser cette ambition. Cette initiative s’inscrit dans le cadre plus large du « couloir vert », un programme qui bénéficie d’une superficie totale de 45.000 hectares dans la région et qui symbolise la volonté de l’État de favoriser l’investissement agricole dans les wilayas du Sud et des Hauts Plateaux. Pour accompagner cette transformation agricole, des moyens financiers conséquents ont été déployés. Le wali a détaillé les facilités accordées aux investisseurs, notamment « un financement d’environ 4 milliards de DA, dont des projets d’une valeur de 1,5 milliard de DA en cours de réalisation », destinés au raccordement électrique et à l’aménagement des pistes dans les nouveaux périmètres agricoles. Ces infrastructures s’accompagnent de l’octroi de permis de forage et de contrats de concession pour la mise en valeur des terres. L’Inspecteur général du ministère, Nadjib Zerrouki, a souligné lors de sa visite l’importance d’une approche collaborative, appelant à « la coopération entre tous les acteurs, les compétences nationales et les investisseurs pour concrétiser les axes du projet national ». L’objectif est double : atteindre l’autosuffisance alimentaire avant d’envisager une phase d’exportation des cultures stratégiques. Le rôle de l’administration dans ce processus a été particulièrement mis en avant, notamment dans sa mission d’accompagnement et de soutien technique aux porteurs de projets. La modernisation des procédures, à travers la numérisation et la mise en place de plateformes digitales, participe à l’amélioration du climat d’investissement dans les régions sahariennes. Le dispositif de soutien mis en place est complet, incluant des facilités pour l’importation de matériel agricole, des exonérations fiscales, la fourniture d’intrants subventionnés, l’accès au crédit bancaire, ainsi que des mesures d’accompagnement spécifiques en cas d’aléas climatiques. Ces dispositions concernent également le soutien aux infrastructures de stockage, aux systèmes d’irrigation et à l’exportation. L’exemple de Nâama illustre ainsi la mutation profonde que connaît l’agriculture saharienne en Algérie. Cette transformation, portée par une volonté politique forte et des investissements conséquents, dessine les contours d’un nouveau modèle de développement agricole adapté aux contraintes des zones arides, tout en répondant aux impératifs de sécurité alimentaire du pays. La réussite de ces projets pourrait faire de Nâama un laboratoire grandeur nature de l’agriculture saharienne de demain.
R.R.