Fédération algérienne de handball: Des changements profonds nécessaires

Le handball algérien traverse une période de turbulences majeures qui appelle à une restructuration en profondeur. L’installation d’Abdelkader Kadi comme président par intérim de la Fédération algérienne de handball (FAHB), annoncée lors d’une session extraordinaire du Bureau exécutif, marque le début d’une phase de transition cruciale pour la discipline.

Cette nomination intervient dans un contexte particulièrement délicat, après une participation décevante au dernier Championnat du monde et la démission retentissante de la précédente présidente. Selon le communiqué de l’instance fédérale, cette réunion extraordinaire a officialisé la vacance du poste de président, aboutissant à la désignation de Kadi pour assurer l’intérim jusqu’à la prochaine échéance électorale. « À l’issue de cette réunion, Abdelkader Kadi a été désigné président par intérim jusqu’à la tenue de l’Assemblée générale élective, prévue pour le jeudi 6 mars 2025 », précise la FAHB dans son communiqué. Un calendrier serré a été établi, avec une Assemblée générale ordinaire programmée au vendredi 28 février 2025, qui « permettra de dresser le bilan de la fédération avant d’ouvrir la voie au processus électoral qui déterminera la future gouvernance du handball algérien ». Cette transition s’inscrit dans une dynamique de renouveau impulsée au plus haut niveau de l’État. En effet, le président de la République Abdelmadjid Tebboune a donné, dimanche lors de la réunion du Conseil des ministres, des directives claires, démontrant l’importance accordée à la renaissance de ce sport. « Concernant la situation des sports collectifs et du sport d’élite, le président de la République a ordonné la relance du handball de manière scientifique, correcte et moderne, en collaboration avec des experts, y compris des étrangers, soulignant la disponibilité de l’État à apporter sa contribution financière et à accompagner cette démarche visant à permettre au handball algérien de retrouver son lustre d’antan », rapporte le communiqué de la Présidence. Cette volonté de changement se traduit déjà par des actions concrètes au niveau fédéral. La FAHB a lancé plusieurs appels à candidature stratégiques pour renforcer son encadrement technique, notamment pour les postes de Directeur technique national (DTN) et de Directeur des équipes nationales, ainsi que pour le poste d’entraîneur de la sélection masculine. Ces recrutements s’inscrivent dans une logique de professionnalisation et d’ouverture internationale, conformément aux orientations présidentielles. La crise actuelle a été exacerbée par des événements survenus pendant le dernier Mondial, notamment la démission fracassante de l’une des figures majeures du Sept national. Mustapha Hadj Sadok, joueur emblématique évoluant à Al Nasr au Koweït, a effectivement annoncé sa retraite internationale en pleine compétition, une décision qui illustre la profondeur du malaise. Dans un message poignant publié sur Instagram, il a exprimé sa désillusion : « C’est avec beaucoup de tristesse que je rédige ce communiqué dans un moment crucial et en plein grande compétition à laquelle j’ai l’honneur d’y participer, mais la situation est devenue insupportable ». Le joueur a notamment dénoncé des dysfonctionnements profonds : « J’ai tout donné à l’équipe nationale. Cela ne peut être comparé aux sacrifices de ceux que je considère comme des légendes. Tout cela, je l’ai fait pour mon pays. J’ai fait preuve de patience et j’ai dû supporter l’amertume. Mais en retour, je suis mal traité et on m’a manqué de respect ». Il a particulièrement pointé du doigt des promesses non tenues : « On m’a menti à moi et à mes coéquipiers en sélection à plusieurs reprises concernant nos droits fondamentaux. Je ne peux en aucun cas continuer ou d’accepter un tel traitement avant et pendant le championnat du monde. Ces choses sont contraires à mes principes et je m’interdis d’être impliqué ». Face à cette situation, les pouvoirs publics ont réagi en demandant au ministre des Sports, Walid Sadi, d’établir un rapport détaillé sur la gestion de la Fédération et la participation de l’équipe nationale au Mondial. Cette démarche s’accompagne d’une volonté plus large de réforme du sport algérien, avec un accent particulier mis sur le développement du sport scolaire et universitaire, considéré comme un vivier essentiel de talents. Le Bureau exécutif de la FAHB a d’ailleurs lancé un appel à l’unité, invitant « toute la famille du handball algérien, chacun selon sa spécialité et son expertise, à unir leurs efforts et à se rassembler autour d’un seul objectif, celui de promouvoir le handball algérien et le hisser au niveau qu’il mérite ». La période qui s’ouvre jusqu’aux élections du 6 mars 2025 sera donc cruciale pour poser les bases d’une refondation durable du handball algérien. L’engagement financier promis par l’État et la volonté de collaboration avec des experts internationaux laissent entrevoir des perspectives encourageantes pour l’avenir de cette discipline qui a tant apporté au sport algérien par le passé. Le défi consistera à transformer ces bonnes intentions en actions concrètes et à restaurer la confiance des joueurs et des supporters, tout en modernisant les structures et les méthodes de gestion de ce sport emblématique.

Moncef Dahleb