Djanet : La Protection civile mène un exercice de recherche et de secours terrestres
Dans les reliefs accidentés de Tikoubaouine, à une soixantaine de kilomètres de Djanet, des équipes spécialisées de la Protection civile mènent actuellement une importante manœuvre nationale de recherche et de secours terrestres. Cet exercice d’envergure, qui a débuté dimanche et se poursuivra jusqu’au demain, met à l’épreuve les compétences et la coordination des forces d’intervention dans l’un des environnements les plus exigeants du territoire national : le Sahara profond. Organisée sous la supervision directe de cadres de la Direction générale de la Protection civile (DGPC), cette simulation s’inscrit dans une stratégie nationale visant à renforcer la sécurité des citoyens et des nombreux touristes qui parcourent chaque année ces paysages grandioses mais parfois dangereux. Comme l’indique le communiqué officiel de la DGPC, cette manœuvre s’intègre dans « le programme annuel de la DGPC portant application de manœuvres par ses équipes spécialisées » et répond à un plan d’activités scientifiques « tendant à assurer la sécurité et la protection du citoyen des différents risques, notamment en régions sahariennes, une destination touristique très prisée. » Le scénario élaboré pour cet exercice ne laisse rien au hasard. Il place les intervenants dans une situation d’urgence complexe, simulant la recherche de personnes égarées en zones montagneuses après une violente tempête ayant considérablement réduit la visibilité. Les équipes doivent ainsi affronter un double défi : localiser les victimes dans un environnement hostile, puis leur porter secours dans des conditions extrêmes, le tout en coordonnant parfaitement leurs efforts. Cette mise en situation mobilise pas moins de 18 équipes d’intervention et de sauvetage provenant de 17 wilayas différentes du pays, démontrant l’ampleur nationale de ce dispositif d’entraînement. Le lieutenant-colonel Karim Habi, sous-directeur des opérations à la DGPC, a précisé lors d’une déclaration que « le plan de la DGPC s’articule sur une stratégie intégrée tendant à venir en aide, en toutes circonstances, aux citoyens, quelles que soient la rudesse des conditions et des reliefs, en vue d’atteindre cet objectif, à la faveur des efforts des équipes spécialisées, de plongée, cynotechnique, d’intervention et de recherche dans les zones difficiles, formées à cet effet par la DGPC. » Cette vision globale témoigne de l’engagement des autorités à développer une approche multidisciplinaire du sauvetage, adaptée aux particularités géographiques de l’immense territoire algérien. La manœuvre se déroule en plusieurs phases méthodiques, débutant par « la reconnaissance des zones difficiles avant le lancement des actions d’intervention et de sauvetage en sommets », comme le précise le communiqué de la DGPC. Cette approche progressive permet d’optimiser les chances de succès tout en minimisant les risques pour les sauveteurs eux-mêmes. L’exercice comprend également « la prise en charge médicale, dans une course contre la montre, des victimes retrouvées, notamment les cas critiques, en tenant compte de la coordination entre les équipes impliquées dans les différentes opérations de recherche et de sauvetage. » Cette dimension médicale est cruciale dans des zones aussi isolées, où l’évacuation rapide vers des structures hospitalières représente un défi supplémentaire. L’un des aspects les plus techniques de cette manœuvre concerne « l’escalade de hauts lieux », compétence indispensable dans cette région caractérisée par ses reliefs tourmentés et ses formations rocheuses impressionnantes. Les équipes mobilisées bénéficient d’ailleurs d’une préparation spécifique, comme l’a souligné le lieutenant-colonel Habi : « Ces équipes ont bénéficié d’une formation intensive et ont été équipées en moyens nécessaires pour assurer des interventions efficaces à travers différentes wilayas du pays. » Cette professionnalisation des intervenants illustre l’évolution des standards de la Protection civile algérienne, désormais alignés sur les meilleures pratiques internationales. Le choix de la région de Djanet pour accueillir cet exercice n’est pas anodin. Comme l’explique M. Habi, cette zone « a été choisie comme lieu de l’exercice, eu égard à ses reliefs accidentés permettant aux équipes de la Protection civile de mettre en œuvre leurs opérations d’application et d’échanger leurs expériences. » Au-delà de l’aspect purement opérationnel, cette manœuvre s’inscrit dans une vision à plus long terme pour le développement des capacités locales. Le sous-directeur des opérations a ainsi révélé que « ce regroupement permettra, outre de développer les capacités individuelles et collectives, la dotation de la région en centre d’instruction au profit notamment des pompiers des wilayas de Djanet et d’Illizi, tenant compte de leur vocation touristique. » Cette dimension touristique constitue en effet un enjeu majeur pour la région. Le massif du Tassili n’Ajjer, avec ses peintures rupestres préhistoriques et ses paysages lunaires, attire chaque année de nombreux visiteurs nationaux et internationaux. Cette fréquentation croissante, bien que vitale pour l’économie locale, augmente proportionnellement les risques d’accidents en milieu naturel. Karim Habi l’a clairement identifié en soulignant que cette réalité « requiert le renforcement des mesures de protection des touristes et des visiteurs de la région en cas de catastrophes. » L’exercice en cours à Djanet s’appuie sur l’expérience concrète déjà acquise par ces unités spécialisées. Le lieutenant-colonel Habi a d’ailleurs tenu à rappeler que « ces équipes ont fait preuve d’efficacité dans la gestion de nombreuses catastrophes naturelles, dont les inondations et les accidents en pleine nature et ont obtenu des résultats ‘positifs’ dans différentes régions du pays. » Cette capitalisation sur les enseignements tirés d’interventions réelles permet d’affiner constamment les protocoles et les techniques de sauvetage.
R.R.