Culture

Restauration de la deuxième plus ancienne mosquée d’Afrique du Nord : Renaissance d’un joyau architectural

Au cœur du vieux Mila, un chantier d’exception témoigne de l’engagement profond de l’Algérie envers la préservation de son patrimoine culturel et religieux. La mosquée Abou Al-Mouhadjir Dinar, également connue sous le nom de mosquée Sidi Ghanem, fait actuellement l’objet d’une restauration minutieuse visant à restituer toute la magnificence de ce monument chargé d’histoire, considéré comme la deuxième plus ancienne mosquée d’Afrique du Nord après celle de Kairouan en Tunisie. Érigée soit en l’an 670, soit en l’an 59 de l’Hégire par l’émir d’Ifrikia dont elle porte le nom, sur les vestiges d’une église byzantine, cette mosquée constitue un témoignage architectural exceptionnel où se mêlent influences romaines, byzantines et islamiques. Sa restauration s’inscrit dans une volonté plus large de valorisation du patrimoine national, comme le souligne Lezghad Chiaba, chef du service du patrimoine culturel à la direction locale du secteur de la culture. Selon lui, le projet vise à mettre en valeur « un repère ayant une structure archéologique propre à lui, afin qu’il serve de centre d’interprétation muséale où les visiteurs pourront apprendre davantage sur plusieurs étapes importantes de l’histoire de l’Algérie ». Cette démarche illustre parfaitement l’importance accordée à la dimension pédagogique et mémorielle du patrimoine, conçu non seulement comme un vestige à préserver mais aussi comme un vecteur de transmission historique. La restauration actuelle s’efforce de respecter l’authenticité du bâtiment originel, qui présentait lors de son achèvement une forme rectangulaire comprenant 42 colonnes, 7 plateformes ornées de carreaux stylisés et 4 corridors, le tout accessible par une imposante porte en bois à deux battants surmontée d’un arc en briques décoré d’inscriptions en caractères coufiques. Cette attention aux détails architecturaux témoigne d’une approche scientifique rigoureuse de la restauration patrimoniale. L’histoire mouvementée de l’édifice, qui a subi d’importantes modifications durant la période coloniale française avec la démolition de son minaret, le remplacement de sa toiture et l’ajout de nouvelles annexes pour le transformer partiellement en hôpital et en caserne, puis son utilisation comme annexe scolaire après l’indépendance avant d’être abandonné, rend ce travail de restauration particulièrement complexe et nécessaire. Les efforts pour sauvegarder ce trésor architectural se sont intensifiés après son classement comme « bien culturel dans un secteur protégé de la vieille ville de Mila », aboutissant à l’inscription d’une opération de restauration dont l’étude technique a été confiée en 2019 à un bureau d’étude spécialisé. La première phase des travaux « urgents » a permis de consolider la structure en traitant les fissures, en reconstruisant certains murs et en réparant la toiture. Les travaux de restauration proprement dits, lancés en 2024 pour une durée prévue de 27 mois, progressent à un « bon rythme » selon Nadir Kahla, archéologue et représentant du bureau d’études chargé du suivi du projet. « Les travaux en cours comprennent la restauration des murs intérieurs du monument, la modification des colonnes et la réparation de la toiture à l’aide de pierres, de briques et de différents matériaux semblables à ceux utilisés à l’origine », précise-t-il. Avec un taux d’avancement actuel de 50%, le chantier semble bien parti pour réussir son ambitieux pari : restituer l’éclat originel de la mosquée tout en préservant ses caractéristiques architecturales distinctives, offrant ainsi aux visiteurs une véritable immersion dans l’époque de sa construction. Cette restauration exemplaire de la mosquée Abou Al-Mouhadjir Dinar s’inscrit dans une politique plus large de valorisation du patrimoine national, combinant préservation matérielle et transmission culturelle.

M.S.

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