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Marché espagnol de gaz: L’Algérie récupère sa place de leader

L’Algérie consolide sa position dominante sur le marché européen du gaz, particulièrement vis-à-vis de l’Espagne. Le secteur énergétique algérien connaît actuellement une transformation radicale, avec six projets stratégiques majeurs qui devraient renforcer considérablement son rôle de fournisseur clé pour l’Europe dans les années à venir.

La récente reprise de la première place parmi les exportateurs de gaz vers l’Espagne en mars 2025 confirme cette dynamique positive. Selon les données obtenues par la plateforme spécialisée en énergie Attaqa basée à Washington, l’Algérie a fourni 33,4% des importations espagnoles de gaz, soit 12,21 térawattheures, devançant ainsi les États-Unis et la Russie. Elle retrouve ainsi sa place de première fournisseur temporairement cédée aux États-Unis en début d’année. Cette performance s’inscrit dans un contexte de hausse spectaculaire des importations espagnoles, qui ont augmenté de 39% sur une base mensuelle, passant de 26,32 térawattheures en février 2025 à 36,53 térawattheures en mars. D’après ces mêmes données, le gaz naturel algérien exporté vers l’Espagne a atteint 9,51 térawattheures le mois dernier, en augmentation par rapport aux 8,71 térawattheures de mars 2024. Les livraisons de GNL algérien ont également repris après trois mois d’interruption, avec 2,70 térawattheures en mars 2025, contre 3,52 térawattheures à la même période l’année précédente. Le marché espagnol du gaz a connu d’importantes fluctuations, comme en témoignent les statistiques de la société Enagas, l’opérateur du réseau gazier espagnol. Le GNL représente désormais 71,8% du total des importations espagnoles en mars 2025, avec 26,24 térawattheures, tandis que le gaz naturel ne représente plus que 28,2% avec 10,29 térawattheures. À titre de comparaison, la part du GNL était de 65,5% en mars 2024, signe d’une évolution structurelle du marché.

Il faut dire que l’Algérie poursuit une stratégie ambitieuse pour consolider sa position sur le marché mondial de l’énergie qui s’articule autour de trois axes principaux : le renforcement de la production nationale, la sécurisation de l’approvisionnement énergétique et la réduction de l’empreinte carbone. Cette vision a été récemment présentée par le ministre algérien de l’Énergie, des Mines et des Énergies Renouvelables, Mohamed Arkab, lors de la conférence « Med Energy » tenue mardi dernier à Ravenne en Italie.

Parmi les projets phares, l’augmentation de la production de gaz à 200 milliards de mètres cubes annuels dans les cinq prochaines années représente un objectif majeur. Cette ambition repose sur l’intensification des activités d’exploration, le développement des gisements découverts et la modernisation des infrastructures de transport, avec le concours d’investisseurs internationaux. L’interconnexion des réseaux électriques avec les pays voisins constitue un autre pilier stratégique. Ce projet vise à relier l’Algérie à l’Europe via l’Italie à travers le projet Medlink, mais aussi à la Libye, l’Égypte, la Mauritanie et les pays du Sahel africain, permettant ainsi l’échange d’électricité et l’exportation des surplus de production. Des études techniques et économiques sont en cours pour déterminer les tracés optimaux des lignes transfrontalières. L’Algérie mise également sur les énergies renouvelables, avec l’objectif d’intégrer 30% d’énergie propre dans son mix énergétique d’ici 2035. Ce programme prévoit la production de 15 000 mégawatts d’énergie solaire, dont la première phase a déjà été lancée en 2024 avec une capacité de 3 200 mégawatts répartie sur 20 sites dans 13 wilayas. Le projet « SouthH2 Corridor » marque l’entrée du pays dans l’ère de l’hydrogène vert, visant l’exportation de 4 millions de tonnes annuelles vers l’Europe, notamment l’Allemagne via l’Italie et l’Autriche. Un câble électrique sous-marin reliant directement l’Algérie à l’Italie est également prévu pour exporter l’électricité verte produite localement. Le gazoduc transsaharien, reliant le Nigeria à l’Algérie via le Niger, représente l’un des projets énergétiques les plus ambitieux du continent africain. D’une longueur de plus de 4 000 kilomètres et d’un coût estimé à 13 milliards de dollars, il permettra de transporter entre 20 et 30 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an vers l’Europe.

Cette stratégie globale témoigne de la conscience aigüe qu’a l’Algérie de son rôle géostratégique sur les marchés énergétiques mondiaux. En développant simultanément les hydrocarbures traditionnels et les énergies renouvelables, le pays se positionne comme un partenaire incontournable pour l’Europe, particulièrement dans le contexte actuel de recherche de diversification des approvisionnements énergétiques.

Samira Ghrib

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