À la UneÉconomie

Stockage d’énergie et production de batteries au lithium: L’Algérie vise la souveraineté industrielle

L’objectif affiché par les autorités est ambitieux: lancer une filière industrielle intégrée de fabrication de batteries, faisant du stockage de l’électricité un véritable levier de transformation du modèle énergétique national.

L’Algérie s’engage résolument dans une trajectoire visant à établir une souveraineté industrielle et technologique dans le domaine stratégique du stockage de l’énergie électrique. Cette ambition a été clairement affirmée par Mohamed Arkab, ministre d’État, ministre de l’Énergie, des Mines et des Énergies renouvelables, lors de la 29e édition de la Journée de l’Énergie organisée ce mardi 15 avril 2025 à Alger par l’École nationale polytechnique. Placée sous le thème évocateur « Sahara, Eldorado du futur », cette édition a réuni plusieurs personnalités de premier plan, dont Amine Mazouzi, conseiller du président de la République chargé de l’énergie, des mines et de l’environnement, plusieurs membres du gouvernement, ainsi que Mourad Adjal, PDG de Sonelgaz, accompagnés d’experts du secteur énergétique et d’universitaires. L’objectif affiché par les autorités est ambitieux: lancer une filière industrielle intégrée de fabrication de batteries, faisant du stockage de l’électricité un véritable levier de transformation du modèle énergétique national. Mohamed Arkab a notamment mis en exergue le récent mémorandum d’entente signé entre le groupe Sonarem et le professeur Karim Zaghib, expert international reconnu dans le domaine des batteries lithium-fer-phosphate, visant à développer cette industrie depuis la phase d’exploration jusqu’à la fabrication. Cette initiative s’inscrit dans une vision plus large portée par le président Abdelmadjid Tebboune, qui ambitionne de faire du sud algérien un pôle stratégique dans la construction de ce que les autorités appellent « la nouvelle Algérie ». Selon le ministre Arkab, la transition énergétique ne se limite pas à une simple diversification des sources d’énergie, mais constitue une transformation globale vers un modèle plus durable, reposant sur les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et la valorisation des ressources nationales, particulièrement dans les vastes régions du Sud.

Parmi les projets phares de cette stratégie figure un programme ambitieux visant à produire 15.000 mégawatts d’énergie solaire d’ici 2035. La première phase de ce programme, d’une capacité de 3.200 MW, est déjà en cours de déploiement dans treize wilayas. Le ministre a également évoqué les travaux en cours pour intégrer progressivement l’énergie éolienne dans le mix énergétique national, suite à des études révélant des indicateurs particulièrement favorables dans plusieurs régions du pays. Un autre projet stratégique concerne la construction de 880 kilomètres de lignes électriques haute tension destinées à relier le réseau du nord à celui du grand Sud. Cette infrastructure majeure vise à améliorer la qualité du service électrique, à soutenir les projets d’énergies renouvelables et à fournir les conditions nécessaires au développement industriel et agricole des régions méridionales.

Lors de cet événement, Noureddine Ouadah, ministre de l’Économie de la connaissance, des start-up et des micro-entreprises, a souligné l’importance d’impliquer les jeunes innovateurs dans cette dynamique de transition énergétique, estimant que « toutes les conditions sont réunies pour construire une économie basée sur la connaissance ». Dans la même veine, Yacine El Mahdi Oualid, ministre de la Formation et de l’enseignement professionnels, a affirmé que son secteur fait de la promotion des filières énergétiques une priorité absolue, appelant à intensifier les efforts en matière de formation et de recherche. La journée a également été marquée par la présentation d’une étude prospective sur la transition énergétique aux horizons 2030, 2035 et 2050, réalisée par le professeur Chams Eddine Chitour. Cette analyse approfondie a abordé les défis énergétiques mondiaux et proposé des pistes d’action adaptées au contexte algérien. Plusieurs autres communications ont enrichi les débats, portant notamment sur la transformation environnementale, la sécurité hydrique, les enjeux géopolitiques et la numérisation du secteur énergétique.

Les étudiants de l’École polytechnique ont également contribué activement aux discussions à travers diverses interventions sur le thème de la transition énergétique, démontrant l’engagement de la nouvelle génération dans cette transformation stratégique. Le ministre Arkab a d’ailleurs réitéré la disposition de son secteur à accompagner les jeunes porteurs de projets, soulignant que « la transition énergétique repose aussi sur l’investissement dans l’élément humain, en particulier la jeunesse et les étudiants ». Cette journée s’inscrit dans le cadre du projet « TaqatHy+ » lancé récemment en collaboration avec l’Union européenne et l’Allemagne, représentant un soutien important au développement des énergies renouvelables, de l’hydrogène vert et de l’efficacité énergétique en Algérie. Elle témoigne de l’engagement ferme des autorités algériennes à poursuivre une politique énergétique diversifiée, durable et souveraine, plaçant le pays en position de devenir un acteur majeur de la transition énergétique dans la région méditerranéenne et africaine.

Sabrina Aziouez

admin

admin

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *