Il alimente le discours raciste et islamophobe: Retailleau au banc des accusés
Le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, est sur la sellette. Ministre de l’Intérieur mais aussi des cultes, Retailleau s’est illustré par sa posture anti-algérienne et anti-islam et il est accusé de propager un discours anti-musulman dans l’exercice de ses fonctions. La controverse s’est intensifiée suite à l’assassinat du jeune musulman Aboubakeur Cissé et à la réaction jugée inadéquate du ministre face à ce drame. Ces critiques émanent notamment du sénateur français Ian Brossat, également co-président du groupe communiste au Conseil de Paris et porte-parole du Parti communiste français (PCF), qui n’a pas mâché ses mots lors d’une interview accordée à la radio RFI dimanche dernier. « Le ministre de l’Intérieur a contribué ces derniers mois à répandre la haine anti-musulmans. Il l’a fait constamment. Vous enlevez le mot ‘musulman’ et le mot ‘Algérie’ de (sa bouche), c’est le néant, il n’y a plus rien », a déclaré sans ambages le sénateur Brossat. Cette accusation frontale met en lumière une fixation problématique du ministre sur la question religieuse, au détriment de ses responsabilités premières. « Depuis qu’il est ministre de l’Intérieur, il ne parle que de ça », a-t-il souligné, ajoutant que Retailleau « devrait prioritairement s’occuper des questions de sécurité », dont « il parle en réalité très peu ». Cette critique intervient dans un contexte particulièrement tendu, après le meurtre d’Aboubakeur Cissé, dont la dimension islamophobe et raciste est avérée. Face à cette tragédie, l’attitude de Bruno Retailleau est vivement remise en question. Ian Brossat dénonce notamment le comportement du ministre qui est « très en-deçà de ce qu’on attend d’un ministre de la République, a fortiori d’un ministre de l’Intérieur et des Cultes ». Le porte-parole du PCF détaille les manquements qu’il perçoit dans la réaction ministérielle : « Au moment où il apprend sa mort, il maintient un meeting à vocation interne pour la compétition qui l’oppose à Laurent Wauquiez pour la présidence des Républicains ». Plus grave encore selon le sénateur : « Ensuite une fois qu’il est informé d’une manière plus précise de la motivation de ce drame, il ne se rend même pas dans la mosquée où ce jeune homme a été assassiné. Il se contente d’une rencontre en préfecture et ensuite il n’est même pas capable de recevoir la famille, et pour se justifier, il explique que c’est lié au statut irrégulier de ce jeune homme ». Cette séquence, pour Ian Brossat, illustre une forme d' »indignation sélective » qu’il considère révélatrice. « Pour le coup, s’il y a des deux poids deux mesures, je pense qu’il est plutôt du côté du ministre de l’Intérieur, qui n’aurait assurément pas réagi de la même manière si ce drame s’était produit dans une église par exemple », affirme-t-il. Au-delà du cas particulier, le sénateur met en garde contre ce qu’il perçoit comme une instrumentalisation politique dangereuse : « Ce qui l’obsède c’est la question de l’Islam, c’est la question de la place des musulmans dans notre pays qui, dans sa bouche, deviennent de fait les boucs-émissaires de l’ensemble des difficultés auxquelles notre société est confrontée. C’est très dangereux ».
Salim Amokrane