Industrie pharmaceutique: L’Algérie s’impose comme leader africain
L’Algérie a réalisé des avancées considérables dans la localisation de l’industrie pharmaceutique, se positionnant désormais comme l’un des leaders du continent africain dans ce secteur stratégique, selon la Docteure Khadidja Bougara, responsable de la gestion de la qualité à l’Agence nationale des produits pharmaceutiques (ANPP). Lors de son intervention à l’émission « Invité du Matin » de la première chaîne de la Radio algérienne ce mardi, Mme Bougara a révélé que le pays dispose actuellement de 218 usines pharmaceutiques sur environ 600 installations à l’échelle continentale, représentant plus d’un tiers de l’infrastructure pharmaceutique africaine.
Conformément aux directives présidentielles, le ministère de l’Industrie pharmaceutique a entamé la deuxième phase de localisation avec le lancement de la production locale des matières premières. Ces projets, menés notamment par le groupe Saidal, visent à réduire la dépendance extérieure et à renforcer la souveraineté pharmaceutique du pays. L’année 2024 a marqué un tournant décisif avec l’enregistrement et l’octroi de licences pour plus de 2500 produits pharmaceutiques, dont 1350 décisions d’enregistrement de médicaments et 1100 décisions d’autorisation de commercialisation de dispositifs médicaux. Ce volume représente le double des réalisations de 2023, témoignant d’une amélioration substantielle des performances de l’Agence et d’une stabilisation du système réglementaire devenu « plus efficace et plus clair », selon Mme Bougara. Ce processus rigoureux comprend des études scientifiques et techniques réalisées par des comités spécialisés et des laboratoires de contrôle qualité.
L’ANPP maintient une relation de partenariat et de complémentarité avec les opérateurs économiques des secteurs public et privé, facilitant ainsi le processus d’enregistrement des médicaments dans un cadre réglementaire transparent. S’agissant des dispositifs médicaux, l’Algérie a atteint un niveau de stabilité remarquable avec une production qui a plus que triplé et l’enregistrement de plus de 4000 dispositifs durant la même période.
Parallèlement, l’Algérie œuvre à la réhabilitation de ses laboratoires de contrôle pharmaceutique selon les normes de l’Organisation mondiale de la santé, avec l’objectif d’atteindre le « niveau de maturité 3 », une classification internationale reflétant l’avancement du système de contrôle. Actuellement, seuls 13 pays dans le monde ont réussi cette évaluation basée sur 62 indicateurs rigoureux. « Nous prévoyons de relever ce défi d’ici septembre ou fin 2025, ce qui renforcera la crédibilité et la qualité des médicaments algériens aux niveaux régional et international », a précisé la responsable.
Grâce aux politiques mises en œuvre, l’Algérie couvre aujourd’hui environ 79% des besoins du marché local avec des médicaments produits sur le territoire national. Le ministère de l’Industrie pharmaceutique travaille, en coordination avec l’ANPP, à l’élaboration d’une feuille de route nationale pour définir les priorités dans le domaine pharmaceutique, en se concentrant particulièrement sur les produits connaissant des pénuries, afin d’éviter les déséquilibres du marché. Mme Bougara a salué la qualité des médicaments génériques produits localement, soulignant que l’Algérie dispose désormais des compétences scientifiques et techniques nécessaires à la fabrication de médicaments liés aux spécialités générales. Cependant, elle a identifié l’investissement dans les médicaments innovants comme le principal défi à relever, notamment à travers des partenariats internationaux permettant de suivre l’évolution technologique dans des domaines de pointe tels que la médecine génétique, immunitaire et la biotechnologie.
Quant aux pénuries médicamenteuses constatées pour certains produits, Mme Bougara a relevé que ce phénomène est devenu mondial, principalement en raison du manque de matières premières. Elle a souligné que la résolution de cette problématique au niveau local nécessite l’implication coordonnée de tous les acteurs du secteur.
Amar Malki