Sahara Occidental : Attaques marocaines de drones, un crime de guerre
Le Collectif des défenseurs sahraouis des droits humains au Sahara occidental (CODESA) a fermement condamné la poursuite des « crimes de guerre et crimes contre l’humanité » perpétrés par la puissance occupante marocaine. Ces actes, qualifiés de violations flagrantes du droit international humanitaire, s’inscrivent dans une stratégie délibérée d’intimidation et d’élimination ciblée touchant non seulement la population sahraouie mais également des ressortissants de pays voisins.
Le dernier épisode de cette campagne systématique de terreur s’est produit le 16 mai dernier, lorsque l’armée d’occupation marocaine a délibérément ciblé un véhicule civil immatriculé en République islamique de Mauritanie transportant deux ressortissants mauritaniens dans la zone de Kuerziz, à l’est du mur de séparation militaire érigé illégalement par le Maroc en territoire sahraoui. Cette attaque caractérisée, menée par un drone militaire marocain en violation de toutes les conventions internationales, a entraîné la destruction totale du véhicule et causé la mort tragique des deux civils mauritaniens. Leurs dépouilles ont dû être transportées vers la ville mauritanienne de Zouerate, située à environ 200 kilomètres du lieu de cette exécution extrajudiciaire. Cet assassinat ciblé s’ajoute à une liste déjà longue d’exactions commises par l’occupant marocain depuis la rupture unilatérale du cessez-le-feu en novembre 2020, rupture qui a marqué une intensification dramatique de la répression. Le Comité pour la protection des civils sahraouis, structure relevant du CODESA, n’a pas manqué de relever dans son communiqué « une recrudescence de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité » tant dans les territoires occupés qu’à l’est du mur militaire de séparation, révélant ainsi l’ampleur d’une offensive généralisée contre les populations civiles. Les informations recueillies sur le terrain confirment que les deux victimes mauritaniennes étaient des orpailleurs qui prospectaient pacifiquement dans la région, comme l’a rapporté la presse mauritanienne cette semaine. L’activiste mauritanien Ismaïl Yakoub Cheïkh Sidia a souligné avec force que « les deux victimes ne constituaient aucune menace », démentant ainsi toute justification sécuritaire que pourrait avancer le régime d’occupation. Il a par ailleurs dénoncé la multiplication inquiétante des agressions marocaines contre les citoyens mauritaniens, signe d’une extension préoccupante du périmètre d’agression au-delà même des frontières traditionnelles du conflit. La réaction indignée ne s’est pas limitée aux organisations de défense des droits humains. Sur le plan politique, l’Union des forces de progrès (UFP), parti politique mauritanien influent, a condamné « énergiquement » ces « assassinats à répétition » de civils mauritaniens par les drones de l’armée marocaine, exigeant dans un communiqué sans ambiguïté « que des dispositions nécessaires soient prises pour mettre fin à ces drames à répétition ». Cette prise de position illustre l’inquiétude croissante des pays voisins face à l’escalade militaire marocaine et ses conséquences déstabilisatrices pour toute la région sahélo-saharienne. Face à cette situation alarmante qui constitue une menace directe pour la paix régionale, le CODESA a exprimé « son entière solidarité avec les familles des victimes civiles, de toutes nationalités, dont les proches ont été ciblés par des frappes de drones et des armes létales à l’est du mur militaire érigé par l’occupation marocaine ». Cette solidarité transcende les frontières et rappelle la dimension universelle du combat pour la libération du Sahara occidental, dernière colonie d’Afrique. Dans une démarche urgente pour mettre fin à ces violations systématiques, le collectif a lancé un « appel urgent » aux instances internationales – Organisation des Nations unies, Union africaine et Comité international de la Croix-Rouge – pour une intervention « immédiate » afin de « mettre un terme à ces crimes perpétrés par la puissance occupante marocaine ». Cet appel souligne également la nécessité d’assurer enfin une protection effective des populations civiles et, surtout, d’engager un « véritable processus de décolonisation du Sahara occidental conformément à la Charte des Nations unies et à toutes les résolutions et recommandations pertinentes de l’Assemblée générale des Nations unies ». Ces événements tragiques mettent en lumière l’échec patent de la MINURSO (Mission des Nations Unies pour l’Organisation d’un Référendum au Sahara Occidental) à garantir la sécurité des populations civiles et à faire respecter le droit international dans cette région occupée. Ils soulignent l’urgence d’élargir le mandat de cette mission pour y inclure explicitement la surveillance des droits humains, une revendication constante du Front Polisario et de la société civile sahraouie systématiquement bloquée par le Maroc et ses alliés au Conseil de sécurité. L’utilisation croissante de drones armés par le Maroc contre des cibles civiles représente une dangereuse escalade dans ce conflit vieux de près de cinq décennies.
Lyes Saïdi