« Birds of America » présenté au Festival de Deauville : Un autre regard sur l’extinction des oiseaux
Le documentaire « Birds of America », présenté samedi au festival américain de Deauville, dresse un parallèle saisissant entre les dessins d’oiseaux de Jean-Jacques Audubon (1785-1851) et leur disparition au gré des désastres écologiques dans le sud des Etats-Unis.
Dès la première séquence, le spectateur découvre les gigantesques installations pétrolières du Mississippi alors qu’une une voix off lit un extrait de Audubon célébrant la beauté de milliers d’oiseaux du Nouveau monde.Car Audubon, méconnu en France mais à la notoriété semblable à celle de La Fayette aux Etats-Unis, a observé, répertorié et peint des centaines d’oiseaux, dont certains désormais disparus, comme la perruche de Caroline, le pic à bec d’ivoire ou le tétras cupidon.
Le naturaliste, qui anglicisa son prénom (John James), s’est ainsi comporté comme un archiviste du ciel et d’espèces qui allaient peu à peu disparaitre au fur et à mesure de l’emprise des hommes sur le territoire. »Considéré comme le premier écologiste aux Etats-Unis, il voit la première révolution industrielle se mettre en place. Il est le témoin des destructions massives » des espèces, explique à l’AFP le réalisateur Jacques Loeuille, 38 ans, dont c’est le premier long-métrage, qui se dit très influencé par le cinéma de Chris Marker (1921-2012).
Ainsi, la perruche de Caroline a par exemple été décimée par armes à feu au XIXe car elles se nourrissaient des graines provenant d’arbustes et d’arbres, notamment dans des vergers.Dans un voyage entre passé et présent, « Birds of America » sillonne également les rives du Mississippi et part à la rencontre de descendants de communautés indiennes qui ont dû s’exiler de force, notamment lors du « trail of tears » (la piste des larmes, entre 1831 et 1838).La caméra s’arrête également auprès d’habitants de « Cancer Alley » en Louisiane, où des habitants sont touchés de plein fouet par la pollution des usines. Les images sinistres d’arbres morts dans le delta du Mississippi, où des populations sont aussi touchées par l’érosion, font froid dans le dos et semblent bien loin d’une nature luxuriante qui ravit jadis Audubon.Le film documentaire doit sortir en salles en France en mars prochain.
AFP