OPEP : Une demande pétrolière mondiale record en 2024
Alors que la demande explose à 103,84 millions de barils par jour, la production chute de manière inattendue, créant un déséquilibre inédit depuis la crise sanitaire.
La 60e édition du Bulletin Statistique Annuel de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole a été dévoilée mercredi à Vienne par le Secrétaire Général Haitham Al Ghais. Cette publication anniversaire, véritable baromètre des marchés énergétiques depuis 1965, expose une transformation profonde des équilibres géopolitiques du pétrole qui pourrait redéfinir les stratégies énergétiques mondiales.
Les données compilées jusqu’à fin 2024 révèlent une croissance significative de la demande pétrolière mondiale, qui a progressé de 1,49 million de barils par jour en glissement annuel, soit une hausse de 1,5% pour atteindre une moyenne de 103,84 millions de barils par jour. Cette expansion s’est manifestée dans pratiquement toutes les régions, les gains les plus importants étant enregistrés en Asie non-OCDE, en Chine, en Inde, au Moyen-Orient, en Afrique, en Amérique latine et en Europe OCDE. Les pays membres de l’OPEP ont également contribué à cette dynamique avec une augmentation de 0,12 million de barils par jour, représentant une croissance de 1,3% en base annuelle.
Paradoxalement, la production mondiale de pétrole brut a connu sa première baisse annuelle depuis 2020, diminuant de 0,77 million de barils par jour, soit 1,0% par rapport à 2023, pour s’établir à 72,58 millions de barils par jour en moyenne. Cette contraction s’explique principalement par les ajustements volontaires des pays signataires de la Déclaration de Coopération, les pays membres de l’OPEP et les producteurs non-OPEP participants ayant réduit leur production respective de 0,57 et 0,78 million de barils par jour. Inversement, les pays non-signataires ont augmenté leur production de 0,58 million de barils par jour, soit 1,8%.
Le secteur du raffinage a poursuivi son expansion avec une capacité mondiale qui a progressé de 1,04 million de barils par jour pour atteindre 103,80 millions de barils par jour. Cette croissance a été principalement portée par les régions non-OCDE, notamment la Chine, l’Inde et le Moyen-Orient. Pour la première fois depuis 2019, la zone OCDE a également enregistré une augmentation de ses capacités de raffinage de 0,16 million de barils par jour, les nouvelles installations en Amérique OCDE compensant les fermetures en Europe et en Asie-Pacifique OCDE. Le débit global des raffineries a simultanément augmenté de 0,52 million de barils par jour pour atteindre 85,97 millions de barils par jour.
Les flux commerciaux des pays membres de l’OPEP ont révélé des tendances contrastées. Les exportations de pétrole brut ont diminué de 0,70 million de barils par jour pour s’établir à 19,01 millions de barils par jour, soit une baisse de 3,5%. L’Asie demeure le principal débouché avec 13,67 millions de barils par jour, représentant 71,9% des exportations totales. À l’inverse, les exportations de produits pétroliers ont progressé de 0,29 million de barils par jour pour atteindre 5,07 millions de barils par jour, marquant une hausse de 6,1%.
Concernant les réserves prouvées, le bulletin indique une légère progression des réserves mondiales de pétrole brut qui ont atteint 1 567 milliards de barils fin 2024, soit une augmentation de 2 milliards de barils. Les réserves des pays membres de l’OPEP sont restées stables à 1 241 milliards de barils.
Samira Ghrib