15e Festival national du théâtre comique : « En-Nisf El-Akher » triomphe
Le rideau est tombé sur une édition mémorable du Festival national du théâtre comique de Médéa, où la pièce « En-Nisf El-Akher » (L’autre moitié) de l’association culturelle « El-Moutalate el waki » de Guelma s’est imposée comme la grande gagnante de cette 15e édition, décrochant la prestigieuse « Grappe d’Or » au terme de quatre jours de compétition acharnée entre sept troupes théâtrales sélectionnées.
Organisé sous le slogan évocateur « Médéa : 100 ans de théâtre », ce festival a célébré un siècle de tradition théâtrale dans cette ville qui a vu naître et grandir de nombreux talents de la scène algérienne. La manifestation culturelle a confirmé sa position de rendez-vous incontournable pour les amoureux du théâtre comique, offrant une vitrine exceptionnelle à la créativité et à l’innovation dramaturgique nationale. La pièce lauréate « En-Nisf El-Akher » a séduit le jury par sa pertinence sociale et son traitement audacieux d’une problématique contemporaine particulièrement sensible : l’usage croissant des réseaux sociaux par les jeunes générations dans leur quête amoureuse. Cette œuvre explore avec finesse et humour les conséquences de cette nouvelle forme de séduction virtuelle sur les relations futures des couples, questionnant les mutations des codes amoureux à l’ère numérique. Le spectacle réussit le pari délicat de transformer une observation sociologique en comédie accessible, révélant les paradoxes et les travers d’une société en pleine transformation digitale.
Le triomphe de la troupe de Guelma ne s’est pas limité à la récompense suprême : « En-Nisf El-Akher » a littéralement raflé les prix, s’adjugeant quatre distinctions supplémentaires qui témoignent de l’excellence de toute l’équipe artistique. Mohamed Bezadji a été couronné meilleur acteur pour une interprétation qui a su allier justesse dramatique et efficacité comique, confirmant son statut d’artiste accompli. La dimension musicale de la pièce, souvent négligée dans le théâtre comique, a trouvé sa reconnaissance avec le prix de la meilleure composition musicale décerné à Salim Mekhachena, dont les créations ont sublimé l’action scénique. Hamdi Laribi a été salué pour sa mise en scène inventive qui a su orchestrer tous les éléments du spectacle dans une vision cohérente et rythmée, tandis qu’Abdelwahab Saidi a été récompensé pour la qualité de son écriture dramaturgique, preuve que le théâtre comique algérien peut traiter des sujets contemporains avec intelligence et profondeur.
Cette édition a également mis en lumière d’autres talents remarquables de la scène nationale. Djawhara Drabla, du théâtre régional Abderrahmane Bouguermouh de Bejaïa, a décroché le prix de la meilleure interprétation féminine pour son rôle dans « Wa Akhiren » (Enfin). Son jeu nuancé et sa présence scénique ont marqué les spectateurs et les membres du jury. L’association Chabab wa Founoune de Tablat, représentant la wilaya organisatrice de Médéa, a honoré les couleurs locales avec sa pièce « El-Warta » (L’embarras), qui a obtenu une double distinction : le prix de la meilleure scénographie pour Imane Daoudi et le prix spécial du jury. Ce 15e Festival national du théâtre comique de Médéa confirme la santé du genre dans le paysage culturel algérien, révélant une nouvelle génération d’artistes capables de conjuguer tradition théâtrale et modernité thématique. Les pièces en compétition ont démontré que le théâtre comique algérien sait évoluer avec son époque, abordant les questions sociétales contemporaines sans perdre sa capacité à divertir et à émouvoir. Mohand Seghir
