Nucléaire iranien: Téhéran prêt à reprendre les négociations avec Washington
Le président iranien Massoud Pezeshkian s’est déclaré ouvert à la reprise des négociations indirectes avec les États-Unis concernant le programme nucléaire, tout en exprimant des réserves sur les conditions nécessaires à l’établissement d’un climat de confiance.
Dans une interview accordée à l’animateur américain Tucker Carlson, le dirigeant iranien a affirmé qu’il ne voyait « aucun problème » à reprendre les discussions avec Washington, tout en soulevant des interrogations sur la fiabilité des engagements américains. Cette déclaration intervient dans un contexte régional tendu, marqué par l’agression israélienne récente contre l’Iran qui a considérablement compliqué les perspectives diplomatiques. Pezeshkian a notamment pointé du doigt les actions sionistes comme un obstacle majeur à l’instauration de la confiance nécessaire aux négociations, s’interrogeant sur les garanties que pourraient offrir les États-Unis pour empêcher de nouvelles attaques pendant les pourparlers. Le président iranien a révélé que des tentatives d’assassinat auraient été menées contre lui par l’entité sioniste, déclarant que « ils ont essayé, oui, et ils ont agi dans ce sens, mais ils ont échoué », tout en attribuant sa survie à la volonté divine. Dans un message publié sur les réseaux sociaux après l’interview, Pezeshkian a accusé Benjamin Netanyahu d’avoir « torpillé les négociations et tué la paix » en lançant des attaques alors que l’Iran négociait « de bonne foi » à la demande des États-Unis. Le dirigeant iranien a également transmis un message du Guide suprême Ali Khamenei indiquant que « les investisseurs américains sont les bienvenus en Iran », signal d’une possible ouverture économique en cas de normalisation des relations. Concernant les inspections internationales, Pezeshkian a réaffirmé que l’Iran n’avait jamais refusé les contrôles de l’Agence internationale de l’énergie atomique, précisant que « l’AIEA a visité tous les sites ». Cette déclaration vise à réfuter les accusations occidentales concernant le manque de transparence du programme nucléaire iranien et à démontrer la coopération de Téhéran avec les instances internationales. Le président iranien a également rappelé son engagement initial en faveur de l’unité nationale et d’une paix durable avec les pays voisins et la communauté internationale, suggérant une approche pragmatique de la diplomatie régionale.
L’agression israélienne contre l’Iran, qui a éclaté le 13 juin dernier, a considérablement assombri les perspectives diplomatiques. Les frappes aériennes israéliennes sur des sites militaires, nucléaires et civils iraniens ont causé la mort d’au moins 1100 personnes et fait près de 5600 blessés selon le ministère iranien de la Santé. En riposte, Téhéran a lancé des missiles et des drones contre des cibles israéliennes. Cette escalade militaire a également impliqué les États-Unis, qui ont bombardé trois sites nucléaires iraniens à Fordo, Natanz et Ispahan, compliquant davantage les relations bilatérales. Le cessez-le-feu parrainé par les États-Unis et entré en vigueur le 24 juin a permis de mettre fin aux hostilités, mais les séquelles de ce conflit pèsent lourdement sur les perspectives de reprise des négociations nucléaires. Le timing de cette escalade n’est pas anodin car survenue quelques jours avant un sixième cycle de négociations indirectes prévues entre Washington et Téhéran.
Sur le plan international, la Russie continue de jouer un rôle de médiateur potentiel dans cette crise. Le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a rencontré son homologue iranien Abbas Araghchi en marge du sommet des BRICS à Rio de Janeiro, réitérant la condamnation de Moscou des attaques américaines et israéliennes contre l’Iran. La déclaration russe a particulièrement dénoncé le bombardement d’infrastructures nucléaires sous supervision de l’Agence internationale de l’énergie atomique, qualifiant ces actions de violation de la Charte des Nations Unies et du droit international. Moscou a réaffirmé sa disponibilité à contribuer à la recherche de solutions mutuellement acceptables, notamment dans le cadre d’initiatives spéciales proposées par le président Vladimir Poutine.
Lyes Saïdi