Soudan : L’UA appelle à ne pas reconnaître le gouvernement parallèle
L’Union africaine a officiellement rejeté mardi soir le gouvernement parallèle établi par les Forces de soutien rapide au Soudan, appelant la communauté internationale à ne pas reconnaître cet exécutif parallèle et cette démarche qui menace les efforts de paix dans le pays. Le Conseil paix et sécurité de l’organisation panafricaine a dénoncé dans un communiqué cette tentative de fragmentation du Soudan, estimant qu’elle compromet gravement l’avenir de la nation est-africaine. Cette prise de position intervient après la nomination samedi dernier par les paramilitaires des FSR de Mohamed Hassan Al-Ta’ayshi au poste de Premier ministre de leur « gouvernement de paix et d’unité », concrétisant ainsi une annonce faite il y a cinq mois concernant la formation d’une administration rivale dans les territoires sous leur contrôle. Al-Ta’ayshi, qui avait siégé au Conseil souverain de transition entre 2019 et le coup d’État de 2021, dirigera désormais cette structure parallèle selon le porte-parole des FSR, Alaa El-Din Naqqad. Le conflit qui déchire le Soudan depuis plus de deux ans oppose l’armée régulière aux Forces de soutien rapide dans une guerre sanglante. Le gouvernement soudanais maintient son contrôle sur les régions septentrionales, orientales et centrales du territoire, ayant récemment repris la capitale Khartoum, tandis que les FSR dominent la majeure partie du Darfour occidental et certaines zones du Kordofan centro-méridional, théâtres d’attaques récentes ayant causé des centaines de victimes selon les organisations locales de défense des droits humains. Cette guerre a engendré ce que les Nations unies qualifient de « pire crise humanitaire au monde », avec des dizaines de milliers de morts et plus de 14 millions de personnes contraintes à l’exil, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des frontières nationales. L’Union africaine a également réitéré sa condamnation ferme de toute ingérence extérieure alimentant le conflit soudanais, en violation flagrante des résolutions onusiennes. Les Émirats arabes unis font notamment l’objet d’accusations persistantes concernant la fourniture d’armements aux paramilitaires, allégations que refuse catégoriquement Abou Dhabi malgré les rapports d’experts de l’ONU, les déclarations de responsables politiques américains et les conclusions d’organisations internationales. Ces tensions ont culminé en mai dernier avec la rupture des relations diplomatiques entre Khartoum et les Émirats arabes unis.
Lyes S.