Face aux défis régionaux : Alger et Beyrouth scellent un partenariat stratégique
Le président de la République Abdelmadjid Tebboune a annoncé mardi soir sa « détermination et sa volonté de promouvoir les relations algéro-libanaises en un véritable partenariat » lors de la visite officielle de son homologue libanais Joseph Aoun à Alger. Une rencontre qui intervient dans un contexte régional tendu marqué par les crises au Proche-Orient et les préoccupations sécuritaires grandissantes.
« Cette visite constitue une étape extrêmement importante dans le processus des relations fraternelles fortes et enracinées entre les deux pays, ainsi qu’une occasion précieuse pour approfondir et étendre la coopération bilatérale », a déclaré le président de la République lors d’une conférence de presse conjointe. Les deux dirigeants ont passé en revue l’ensemble des dossiers brûlants de l’actualité régionale, de la Palestine à la Syrie en passant par la Libye et le Yémen. Au cœur des discussions, la question palestinienne a occupé une place centrale. Le Président Tebboune a évoqué « les derniers développements de la question palestinienne et la nécessité impérieuse de mettre fin au génocide et à la politique de famine à Ghaza et de mettre en échec les tentatives de déplacement forcé de sa population ». Le président de la République a également rappelé « les efforts consentis par l’Algérie au Conseil de sécurité des Nations unies pour mettre fin aux violations de la souveraineté libanaise par l’occupation israélienne ».L’instabilité régionale a constitué un autre axe majeur des entretiens. « Nous avons exprimé notre profonde préoccupation face aux récents développements en Syrie, aux attaques ciblant ce pays frère et aux tentatives d’ingérence dans ses affaires intérieures », a souligné Tebboune. Les deux présidents ont également abordé « la situation en Libye, au Soudan et au Yémen », insistant sur « l’importance de joindre les efforts arabes et internationaux pour soutenir, accompagner et permettre à ces pays frères de surmonter les crises qu’ils traversent ».
Joseph Aoun a de son côté salué « la profondeur des relations historiques unissant l’Algérie et son pays », rappelant « le rôle notable et le soutien de l’Algérie au Liban et sa participation constante aux louables efforts arabes pour l’aider à surmonter différentes crises ». Le président libanais a particulièrement mis en avant « la contribution de l’Algérie aux travaux du Haut comité arabe, dans le cadre des efforts ayant abouti à l’adoption du Document de l’entente nationale à Taëf ».
1re session de la commission mixte
Sur le plan économique, les deux dirigeants ont décidé d’accélérer la tenue de la première session de la commission mixte algéro-libanaise. « Il a été convenu d’accélérer la tenue de la première session de la commission mixte algéro-libanaise, qui marquera un nouveau départ et un cadre favorisant une coopération pérenne et fructueuse, intégrant hommes d’affaires et opérateurs économiques, à travers l’activation du Conseil d’affaires conjoint », a précisé Tebboune. Aoun a évoqué « les perspectives prometteuses de coopération entre les deux pays dans divers domaines, comme l’énergie, l’agriculture, le commerce, l’éducation, l’enseignement, la culture, la santé, le tourisme et la technologie ». Pour institutionnaliser cette nouvelle dynamique, Tebboune a annoncé la réactivation du mécanisme de concertation politique entre les deux pays. « Afin de pérenniser la concertation et la coordination politique entre nos deux pays sur tous ces dossiers sensibles, nous avons tenu à réactiver le mécanisme de concertation politique », a-t-il déclaré. La dimension symbolique n’a pas été oubliée avec l’échange de décorations entre les deux chefs d’État. Tebboune, « récipiendaire de la médaille Sadr de l’Ordre du mérite national », a décerné la médaille « Athir » à son homologue libanais « en considération des relations fraternelles et d’entente entre les deux pays frères, l’Algérie et le Liban, à travers des positions historiques ». Cette visite officielle, qui s’est achevée mercredi par une visite à la Basilique Notre-Dame d’Afrique et à Djamaâ El-Djazaïr, marque ainsi un tournant dans les relations bilatérales, transformant une coopération traditionnelle en partenariat stratégique face aux défis régionaux contemporains.
Salim Amokrane