Culture

Industrie cinématographique : Vers une refonte profonde 

Une série de décrets exécutifs publiés dans la dernière livraison du Journal officiel redéfissent en profondeurl’organisation du secteur de l’industrie cinématographique. 

Les pouvoirs publics affichent une volonté affirmée de moderniser et de structurer le secteur audiovisuel national selon une approche globale et cohérente traduite par la publication de plusieurs nouveaux textes.  Au cœur de cette refonte se trouve la réorganisation du Centre national de la cinématographie et de l’audiovisuel, anciennement centre de diffusion cinématographique. Cette transformation institutionnelle ne se limite pas à un simple changement de dénomination mais révèle une ambition plus large de centraliser et de professionnaliser l’ensemble des activités cinématographiques. Le nouveau centre se voit confier des missions élargies qui s’articulent autour de trois axes principaux : la régulation et le contrôle de l’industrie cinématographique, le soutien financier aux projets audiovisuels, et la promotion ainsi que la diffusion des œuvres nationales. Cette réorganisation s’accompagne d’une gouvernance renouvelée avec la création d’un conseil d’orientation présidé par le représentant du ministre chargé de la culture et comprenant des représentants de différents ministères, témoignant ainsi d’une approche interministérielle de la politique cinématographique. Le centre se voit également doté d’une autonomie financière renforcée avec des sources de financement diversifiées incluant les subventions étatiques, le produit de la fiscalité affectée, les recettes propres et les contributions des collectivités locales. Parallèlement, cette démarche s’appuie sur la refonte complète du système de visionnage des films en redéfinissant la composition et les missions de la commission dédiée. Cette instance, composée de neuf membres dont sept professionnels choisis pour leur expertise dans les domaines de la cinématographie, de l’histoire, des arts et des lettres, voit ses responsabilités élargies. Elle est désormais chargée d’émettre des avis sur l’attribution des visas d’exploitation cinématographique et des visas culturels, tout en procédant au classement des films selon différents critères incluant la durée, le genre et les catégories de public visées. Cette approche plus nuancée témoigne d’une volonté de concilier les exigences de contrôle avec les besoins de diversification culturelle.

L’innovation majeure de cette réforme réside également dans la création d’un organisme de médiation, de l’éthique et de la déontologie de l’activité cinématographique. Cette institution, composée de treize membres représentant différentes catégories de professionnels du secteur, constitue une première dans le paysage audiovisuel maghrébin. Sa mission première consiste à élaborer et faire respecter un code de déontologie professionnelle tout en assurant la médiation entre les acteurs de l’industrie cinématographique.  Ces textes répondent ainsi aux dispositions introduites par la loi sur l’industrie cinématographique. L’ensemble de ces mesures s’inscrit dans une logique de développement économique du secteur cinématographique national. Le nouveau cadre réglementaire facilite les investissements et les partenariats dans le domaine audiovisuel tout en encourageant la coproduction internationale dans le respect de la législation en vigueur. La création d’une plateforme électronique dédiée aux activités cinématographiques et la tenue d’un registre national des professionnels témoignent d’une volonté de modernisation technologique et administrative du secteur. Cette refonte structurelle intervient dans un contexte où l’industrie cinématographique algérienne cherche à retrouver sa place sur la scène régionale et internationale. Les nouvelles dispositions prévoient explicitement le soutien à la participation aux festivals internationaux et la promotion de la production nationale à l’étranger, signalant une ambition de rayonnement culturel renouvelée.

Parallèlement un autre texte redéfinit les modalités de création et de gestion des coopératives artistiques, répondant ainsi aux dispositions du statut de l’artiste adopté en 2023. Ces structures coopératives, accessibles aux artistes détenteurs de la carte professionnelle, visent à améliorer la situation économique et sociale des créateurs en mutualisant les moyens de production, de distribution et de commercialisation. L’adhésion volontaire à ces coopératives, limitée initialement à cinq années minimum, permet aux artistes de réduire les coûts de production, d’élargir les réseaux de diffusion et d’accéder plus facilement aux équipements techniques. 

Mohand Seghir

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