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Soudan : La population d’el-Facher fait face à un risque imminent de famine 

La population d’el-Facher, capitale assiégée du Darfour-Nord, dans l’ouest du Soudan, fait face à un risque imminent de famine, a alerté mardi le Programme Alimentaire Mondial (PAM). Un an après la déclaration de la famine dans le camp voisin de Zamzam, el-Facher est privée d’aide humanitaire depuis son siège, en mai 2024, par les Forces de soutien rapide (FSR), engagées depuis plus de deux ans dans un conflit avec l’armée. « Tout le monde à el-Facher lutte quotidiennement pour survivre », a déclaré Eric Perdison, directeur régional du PAM pour l’Afrique de l’Est et du Sud, ajoutant que les capacités de résilience « sont épuisées » par plus de deux ans de conflit. « Sans un accès immédiat et durable, des vies seront perdues ». Depuis la reprise par l’armée de la capitale Khartoum, en mars, les FSR ont intensifié leurs attaques contre el-Facher et les camps de déplacés qui l’entourent – en avril une offensive contre le camp de déplacés de Zamzam a provoqué un afflux massif de civils fuyant les violences vers la ville d’el-Facher, dernière capitale de la vaste région du Darfour qui échappe encore aux FSR. Les prix des produits de première nécessité ont explosé: selon le PAM, le sorgho et le blé – utilisés pour la préparation de galettes et de bouillies – coûtent jusqu’à 460% plus cher qu’ailleurs au Soudan. Les marchés sont quasi vides et la plupart des cuisines communautaires ont fermé. Certaines familles n’ont plus d’autre choix que de consommer du fourrage ou des déchets, alors que la malnutrition infantile atteint des niveaux alarmants: près de 40% des enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition aiguë, dont 11% de forme sévère, alerte l’agence onusienne. En 2023, la famine avait déjà gagné les camps d’Al-Salam et Abou Chouk, ainsi que plusieurs régions du sud. 

Sur un autre registre, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a averti que les coupes budgétaires dont il fait l’objet menacent toute une génération d’enfants au Soudan de préjudices irréversibles, alors que l’aide est réduite et que les cas de malnutrition ou de choléra persistent dans tout le pays. « Nous sommes sur le point de causer des dommages irréversibles à toute une génération d’enfants, non pas parce que nous manquons de connaissances ou d’outils pour les sauver, mais parce que nous ne parvenons pas à agir collectivement avec l’urgence et à l’échelle que cette crise exige », a indiqué le Représentant de l’UNICEF au Soudan, Sheldon Yett, lors d’une visioconférence depuis Port-Soudan, soulignant que ce scénario n’est plus « une hypothèse », mais une « catastrophe imminente ». Selon le responsable onusien, « les enfants ont un accès limité à l’eau potable, à la nourriture et aux soins de santé. La malnutrition est omniprésente et de nombreux enfants en bonne santé sont réduits à l’état de squelettes ». Le conflit au Soudan entre l’armée gouvernementale et les Forces de soutien rapide (FSR) a déplacé des millions de personnes. Plusieurs régions au sud de Khartoum, la capitale du Soudan, sont menacées par la famine, a déclaré le Programme alimentaire mondial (PAM) fin juillet. Les taux d’admission record d’enfants recevant un traitement pour malnutrition aiguë sévère dans des endroits comme Jebel Aulia et une grande partie de l’Etat d’Al Jazira sont des signes évidents que les besoins sont énormes dans les zones nouvellement accessibles. « Cela fait un an que la famine a été confirmée dans le camp de ZamZam et aucune aide alimentaire n’est parvenue dans cette zone. El Fasher reste assiégée. Nous avons besoin d’y accéder dès maintenant ». Or en raison des récentes coupes budgétaires, plusieurs partenaires de l’ONU à Khartoum et ailleurs ont été contraints de réduire leurs activités, a ajouté le représentant de cette agence onusienne. 

R.I.

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