Fateh Boutbig au Sommet africain des partis politiques : Les divisions politiques coûtent 100 milliards USD/an au continent
Le président du Front El Moutkbal, Fateh Boutbig, a appelé mercredi à dépasser la vision étroite de l’action politique perçue comme une bataille permanente pour le pouvoir, lors de son intervention au Sommet africain des partis politiques qui se tient dans la capitale ghanéenne d’Accra. Cette rencontre, organisée sous le thème « De la politique à la prospérité : renforcer la coopération entre partis pour le développement et la transformation économique en Afrique », rassemble des représentants politiques de tout le continent dans un contexte où les divisions internes freinent considérablement le développement économique africain. Boutbig a souligné l’urgence de changer cette approche en se concentrant sur les défis économiques majeurs auxquels fait face le continent, notamment le chômage des jeunes, la dépendance excessive aux matières premières et la vulnérabilité face aux crises mondiales. « Le temps est venu de dépasser cette vision étroite et de reconnaître que ces problèmes ne peuvent être traités que par la cohésion politique et la coopération entre partis », a-t-il déclaré devant l’assemblée des dirigeants politiques africains.Le responsable partisan a cité des statistiques alarmantes de la Banque africaine de développement pour 2024, révélant que les divisions politiques coûtent au continent environ 100 milliards de dollars annuellement en opportunités perdues. Cette somme considérable représente un manque à gagner énorme pour un continent qui cherche à accélérer sa transformation économique et son développement. En contraste, Boutbig a mis en évidence que le consensus politique a permis dans de nombreuses expériences de lancer des projets stratégiques dans les domaines de l’agriculture, des énergies renouvelables, de l’industrie, des mines et de la technologie.
Pour illustrer l’efficacité de la coopération politique, Boutbig a évoqué l’expérience algérienne à travers la Charte de diversification économique 2022-2025, qui a permis d’augmenter les exportations hors hydrocarbures de 27% en 2024. Il a également mentionné la plateforme Jeunesse-Entreprises, un groupe de travail conjoint entre partis qui a contribué à réduire le chômage des jeunes de 9% dans les zones pilotes grâce à des programmes de microfinancement et d’accompagnement entrepreneurial. « Ces expériences prouvent que la confiance se construit à travers des projets concrets et des résultats mesurables », a-t-il affirmé. Boutbig a appelé les partis politiques africains à comprendre que leur rôle dépasse la compétition électorale pour devenir des incubateurs de pensée stratégique, des locomotives du changement et des médiateurs entre les aspirations des peuples et la volonté des États. « En tant que membre du Parlement panafricain, nous œuvrons pour renforcer la démocratie, le développement et la paix sur le continent, garantir la participation des peuples dans l’élaboration des politiques, encourager le développement durable et contribuer au règlement des conflits et au maintien de la sécurité, partant d’une vision pour une Afrique unifiée, libre, forte, prospère et souveraine dans ses décisions », a-t-il précisé.
Le responsable politique a insisté sur le fait que la force du continent est liée à la solidarité et à l’intégration, ainsi qu’à l’attachement aux principes de libération, de souveraineté et de rejet de toutes formes de colonialisme et d’hégémonie. Dans ce contexte, il a annoncé que l’Algérie accueillera prochainement la Foire du commerce intra-africain avec une participation de haut niveau, constituant un ajout qualitatif pour dynamiser les relations économiques continentales. Cette initiative s’inscrit dans le cadre du renforcement de l’échange commercial bilatéral au sein de la Zone de libre-échange continentale africaine, pierre angulaire de l’intégration économique du continent.
Hocine Fadheli