La restructuration du commerce extérieur lancée
Annoncées par président de la République, les deux agences dédiées aux importations et aux exportations ont été créées alors que la dissolution d’Algex a été officiellement formalisée.
Trois décrets exécutifs publiés jeudi au Journal officiel marquent la naissance de deux nouveaux organismes publics destinés à révolutionner la gestion du commerce extérieur algérien : l’Organisme algérien de l’importation et l’Organisme algérien des exportations. Cette restructuration majeure sonne également le glas de l’Agence nationale de promotion du commerce extérieur (ALGEX), officiellement dissoute après vingt et un ans d’existence. C’est lors de la rencontre avec les opérateurs économiques du 13 avril dernier qu’Abdelmadjid Tebboune avait décrété la fin d’ALGEX et son remplacement par deux instances distinctes. « Après cette rencontre, j’instruirai le gouvernement de créer deux instances : l’une chargée de l’importation, qui sera renforcée par un système de veille pour contrôler l’activité des importations, et l’autre chargée de la régulation des exportations et de l’accompagnement des exportateurs », avait-il déclaré. Le décret exécutif n° 25-233 du 3 septembre 2025 donne ainsi naissance à l’Organisme algérien de l’importation, établissement public à caractère administratif doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière, placé sous la tutelle du ministère du Commerce extérieur. Cette nouvelle entité, dont le siège est fixé à Alger, se voit confier une mission stratégique : mettre en œuvre la politique de l’État en matière de suivi et d’encadrement des importations.
L’organisme disposera d’une plateforme numérique dédiée au suivi des opérations d’importation et à l’accompagnement des importateurs, facilitant l’octroi des visas et autorisations nécessaires. Il aura également pour mission d’exploiter les bases de données relatives aux besoins du marché national, d’élaborer des études analytiques sur les importations, de coordonner le suivi de la traçabilité des flux de marchandises et de surveiller les prix sur les marchés internationaux. L’une de ses prérogatives phares consistera à créer un fichier national des importateurs et à encourager la création de centrales d’achats pour renforcer le pouvoir de négociation avec les partenaires étrangers.
Parallèlement, le décret exécutif n° 25-234 du 3 septembre 2025 institue l’Organisme algérien des exportations, héritier direct d’ALGEX. Cette structure, également établissement public à caractère administratif, se concentre sur la mise en œuvre de la politique étatique en matière de promotion des exportations. L’organisme pourra créer des représentations à l’étranger dénommées « Dar El Djazaïr » et établir des annexes au niveau national selon les besoins. Ses missions s’articulent autour de la détermination du potentiel export des biens et services, la collecte d’informations techniques et commerciales pour la prospection des marchés internationaux, l’analyse des marchés mondiaux et l’élaboration d’études prospectives. L’organisme sera également chargé d’encourager le lancement du label « Made in Algeria », de préparer la participation aux manifestations économiques internationales, de contribuer à la création de conseils d’hommes d’affaires à l’étranger et de gérer les instruments de promotion des exportations hors hydrocarbures.
Guichet unique de l’exportation
L’innovation majeure réside dans la création d’un guichet unique de l’exportation, regroupant en un même lieu les représentants de tous les secteurs et organismes intervenant dans les opérations d’exportation. Ce guichet unique, complété par une plateforme numérique dédiée, permettra aux opérateurs d’accomplir toutes les procédures relatives à l’exportation en un délai minimum et en un seul point de contact. Le troisième décret exécutif n° 25-235 du 3 septembre 2025 organise la dissolution d’ALGEX et le transfert de ses biens, droits, obligations et personnels vers l’Organisme algérien des exportations. Cette opération, qui doit s’effectuer dans un délai maximum de six mois, comprend l’établissement d’un inventaire quantitatif et qualitatif ainsi qu’un bilan de clôture. Les droits et obligations du personnel transféré demeurent régis par les dispositions qui leur étaient applicables à la date du transfert.
Chacun des deux nouveaux organismes sera administré par un conseil d’orientation présidé par un représentant du ministre chargé du Commerce extérieur et dirigé par un directeur général. Ces conseils incluront des représentants de nombreux ministères et organismes, témoignant de l’approche intersectorielle adoptée pour cette réforme structurelle. Cette restructuration s’inscrit dans une démarche plus large de modernisation du commerce extérieur algérien, visant à améliorer l’encadrement des importations tout en dynamisant les exportations hors hydrocarbures. Elle matérialise la volonté des pouvoirs publics de mettre fin à la dispersion des responsabilités et d’optimiser l’efficacité des instruments de régulation du commerce extérieur.
Sabrina Aziouez