Au Conseil de sécurité de l’ONU : L’Algérie défend la voie diplomatique en Ukraine
Face aux membres du Conseil de sécurité des Nations unies réunis mardi soir à New York, l’Algérie a une nouvelle fois plaidé pour une solution exclusivement diplomatique au conflit russo-ukrainien, qui entre dans sa quatrième année sans perspective de règlement à l’horizon. Le ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, Ahmed Attaf, a réaffirmé la position constante d’Alger en déclarant que « le dialogue et la négociation sont la seule voie pour le règlement de la crise russo-ukrainienne », tout en exprimant sa conviction que « l’élan des bons offices et des initiatives diplomatiques doit prévaloir sur celui du conflit et de l’affrontement militaire ». Depuis le début des hostilités en février 2022, la guerre russo-ukrainienne a profondément bouleversé l’équilibre géopolitique mondial, provoquant une crise multidimensionnelle dont les répercussions dépassent largement les frontières européennes. L’Algérie, forte de ses relations historiques avec les deux belligérants, s’est positionnée dès le début du conflit comme un médiateur potentiel, le président Abdelmadjid Tebboune ayant proposé ses bons offices pour faciliter un dialogue entre Moscou et Kiev.
Dans son allocution devant les quinze membres du Conseil de sécurité, Ahmed Attaf a dressé un tableau sombre de l’état actuel du conflit. « Nous sommes de nouveau réunis pour attester avec regret, douleur et amertume, de la poursuite de la guerre qui fait rage en Ukraine, qui en est presque à sa quatrième année, sans que se profilent à l’horizon immédiat les perspectives d’un règlement effectif, et sans la possibilité de mettre un terme définitif à ses conséquences », a-t-il déclaré, soulignant l’urgence d’une action diplomatique concertée.
Le chef de la diplomatie algérienne a particulièrement insisté sur le caractère universellement destructeur de ce conflit. « L’Algérie fait partie de ceux qui ont la profonde conviction que lorsque nous évoquons la guerre russo-ukrainienne, nous parlons d’un conflit où tous sont lésés et personne n’en tire profit, où tous sont perdants et personne n’en sort gagnant, un conflit où chacun assume une importante part des répercussions qui menacent l’Europe et le monde entier », a-t-il expliqué. Analysant les conséquences multiples de cette guerre, Ahmed Attaf a souligné qu’« au niveau bilatéral, cette guerre a infligé à ses deux antagonistes, la Russie et l’Ukraine, des pertes immenses et incalculables, des vies humaines perdues, des infrastructures détruites, et de lourdes retombées économiques, politiques et sociales ». L’impact régional de la guerre n’a pas été omis dans l’analyse du che de la diplomatie algérienne. Selon lui, « ce conflit a plongé tout le continent européen dans la crise la plus grave qu’il ait connue depuis la Deuxième Guerre mondiale, une crise sécuritaire, politique, économique, sociale et culturelle ». Au niveau international, le ministre d’État a averti que les répercussions de cette guerre se sont étendues « à toutes les régions du monde, sans exception aucune, que ce soit sur la sécurité alimentaire et énergétique, ou par son impact sur les relations internationales à travers les polarisations et les tiraillements, ou voire la grave crise qu’elle a provoquée au sein du système de sécurité internationale collective ». Cette analyse globale met en évidence les interconnexions complexes de l’économie et de la sécurité mondiales, justifiant l’engagement algérien dans la recherche d’une solution.
Ahmed Attaf a particulièrement salué les initiatives diplomatiques entreprises durant l’année écoulée, déclarant que l’Algérie « présageait de bons augures l’ensemble des initiatives diplomatiques et des démarches de bons offices qui tendaient, au cours de cette année, à mettre fin à cette guerre par la voie du dialogue et de la négociation, étant la seule et unique issue permettant aux deux parties en conflit d’atteindre l’objectif escompté ». Le ministre a également averti contre les risques d’escalade, estimant que « la reprise de ces initiatives et démarches voire le renforcement de leurs effets et de leur écho, sont inévitables pour fermer toutes les portes aux prémices de l’escalade et à toute éventualité d’élargir le champ du conflit dans la région, avec toutes les répercussions inquiétantes et les conséquences graves qu’elles impliquent ». Malgré les divergences apparentes entre les positions des belligérants, Ahmed Attaf s’est montré déterminé à poursuivre les efforts de rapprochement. « L’écart manifeste dans les positions des deux parties sur de nombreux points essentiels ne doit aucunement nous détourner de la démarche tendant à rapprocher les vues, à résorber les divisions et à trouver un terrain d’entente commun qui redonne espoir en un avenir meilleur pour les deux pays voisins, pour le continent européen et pour le monde entier », a-t-il affirmé.
Pour conclure, le chef de la diplomatie algérienne a réitéré que toute solution durable devait s’appuyer sur « les principes consacrés dans la Charte des Nations unies et les règles du droit international », qui font office « d’arbitre et de juge entre les pays membres de notre Organisation et des principes auxquels tous se réfèrent et qui préservent les intérêts de tous sans aucune préférence, ni distinction, ou discrimination ».
Lyes Saïdi
Attaf tient des rencontres bilatérales avec plusieurs de ses homologues européens
Dans le cadre de sa participation aux travaux du segment de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations unies, le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, M. Ahmed Attaf, a tenu, mercredi à New York, des rencontres bilatérales avec les ministres des affaires étrangères de plusieurs pays européens amis, indique un communiqué du ministère. A ce titre, le ministre d’Etat a rencontré « la vice-première ministre, ministre des Affaires étrangères et européennes de la République de Slovénie, Mme Tanja Fajon, le ministre des Affaires étrangères, de l’Union européenne et de la Coopération du Royaume d’Espagne, M. José Manuel Albares, et le ministre des Affaires étrangères du Royaume des Pays-Bas, M. David van Weel », précise la même source. La rencontre entre M. Attaf et son homologue slovène a permis « d’examiner les moyens de concrétiser les résultats de la visite d’Etat effectuée par le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, en mai dernier en Slovénie, notamment dans le cadre des préparatifs en cours pour la tenue de la première session de la commission intergouvernementale mixte ». Sur le plan multilatéral, « les deux parties ont souligné la nécessité de poursuivre la coordination bilatérale durant leur mandat actuel au Conseil de sécurité des Nations unies, notamment dans le cadre du groupe des membres élus (E-10) ». Les entretiens du ministre d’Etat avec le ministre espagnol des Affaires étrangères ont permis de « passer en revue les progrès réalisés dans le renforcement du partenariat entre les deux pays, tant dans les domaines économiques que dans d’autres domaines prioritaires pour les deux parties », note le communiqué. Par ailleurs, M. Attaf a évoqué avec son homologue néerlandais « l’état des relations bilatérales et les perspectives de leur promotion, et examiné de nombreuses questions régionales d’intérêt commun », conclut le communiqué.
APS