Le chef du renseignement marocain réclamé par la justice néerlandaise : Le Makhzen au cœur d’un nouveau scandale d’espionnage
Le régime autoritaire de Mohammed VI vient d’être une nouvelle fois pris la main dans le sac dans une affaire d’espionnage.
Le tribunal de Rotterdam a officiellement exigé la comparution de Yassine Mansouri, chef des services secrets marocains (DGED), dans une sordide affaire d’espionnage qui démontre une fois de plus que le mépris total du Maroc pour les règles Cette énième révélation confirme ce que les observateurs dénoncent depuis des années : le royaume chérifien fonctionne comme un État voyou qui bafoue systématiquement la souveraineté des nations démocratiques. L’affaire néerlandaise, qui concerne Abderrahim El M., ancien analyste au sein du Coordinateur national pour la sécurité et la lutte contre le terrorisme des Pays-Bas, illustre parfaitement les méthodes employées par les services marocains. Arrêté en octobre 2023 à l’aéroport de Schiphol avec 120 fichiers confidentiels, dont 65 couverts par le secret d’État, l’homme entretenait selon l’accusation des liens directs avec Mansouri. Les autorités judiciaires néerlandaises soupçonnent une opération d’espionnage structurée, avec des voyages, vols et hébergements pris en charge par des entités liées au renseignement marocain. Cette affaire révèle l’ampleur des réseaux d’influence que Rabat déploie au sein des institutions européennes, utilisant notamment la diaspora marocaine comme vecteur d’infiltration.
Cette nouvelle controverse s’ajoute à un dossier déjà lourd pour le royaume. Le scandale Pegasus avait déjà placé le Maroc au centre d’accusations internationales concernant l’utilisation d’un logiciel espion pour surveiller illégalement journalistes, militants des droits de l’homme et responsables politiques à travers le monde. Les révélations d’Amnesty International et du consortium de journalistes avaient établi que les services marocains avaient ciblé des figures comme le journaliste saoudien Jamal Khashoggi avant son assassinat, le président français Emmanuel Macron, ou encore des journalistes marocains en exil, des militants des droits de l’homme, des juristes et des défenseurs de la cause sahraouie. Cette affaire avait provoqué une crise diplomatique majeure, plusieurs pays européens convoquant les ambassadeurs marocains pour des explications.
Parallèlement, le « Moroccogate » continue de faire des remous au Parlement européen, où des enquêtes révèlent l’existence présumée d’un réseau d’influence marocain visant à corrompre des députés européens. Des personnalités comme Eva Kaili, ancienne vice-présidente du Parlement, ont été impliquées dans des affaires de corruption présumée liées au Qatar et au Maroc. L’implication récurrente de Yassine Mansouri dans ces différents scandales n’est pas anodine. Considéré comme l’homme fort du renseignement marocain et proche conseiller du roi Mohammed VI, il incarne la politique d’influence agressive menée par Rabat à l’étranger. Son nom apparaît régulièrement dans les enquêtes européennes sur l’ingérence étrangère. Les services de renseignement européens, notamment l’AIVD néerlandais, ont identifié le Maroc comme un acteur particulièrement actif dans la surveillance de sa diaspora, utilisant des moyens de pression économiques et politiques pour maintenir un contrôle sur ses ressortissants à l’étranger. Cette stratégie vise non seulement à étouffer les voix dissidentes mais aussi à créer des réseaux d’influence au sein des sociétés européennes.
Lyes Saïdi