Festival du film méditerranéen d’Annaba : Les meilleures œuvres couronnées
La cinquième édition du Festival du film méditerranéen d’Annaba s’est achevée mardi soir au théâtre régional Azzedine Medjoubi dans une atmosphère de célébration, couronnant les meilleures œuvres cinématographiques venues de tout le bassin méditerranéen.
Avec plus de 90 films projetés et 151 invités représentant 31 pays, le Festival du film méditerranéen d’Annaba confirme son statut de rendez-vous incontournable du septième art dans la région. Dans un concours relevé qui a mis en lumière la diversité et la richesse de la création cinématographique méditerranéenne, les jurés ont distingué des œuvres venues d’horizons multiples. La catégorie du court métrage a été dominée par le cinéma algérien avec le film « Sans vous » de Nadjib Oulebsir qui a décroché la prestigieuse Gazelle d’or, tandis que la Gazelle d’argent revenait à « Affaire d’honneur » d’Oussama Koubi, également algérien. Le jury a par ailleurs accordé des mentions spéciales à « Waad Saghir » de Palestine et « Achr dakaik asghar », une coproduction algéro-palestinienne. La compétition du long métrage a révélé toute la dimension méditerranéenne du festival avec le triomphe de l’œuvre turque « Quand la noix devient jaune » qui a remporté la Gazelle d’or de sa catégorie. Le prix du jury a distingué le film syrien « Day zero », reflétant l’attention portée aux cinématographies en résistance. Les prix d’interprétation ont célébré l’excellence du jeu d’acteur avec Salim Kechiouche, sacré meilleur acteur pour son rôle dans « Bin u bin », et l’Italienne Lucia Sardo couronnée meilleure actrice. Le film espagnol « L’île des faisans » s’est vu décerner le prix du meilleur réalisateur, tandis que « Africa star » de Chypre obtenait le prix du meilleur scénario. Une mention spéciale du jury est revenue au film grec « Wishbone », complétant ainsi un palmarès qui illustre la richesse des échanges culturels entre les rives de la Méditerranée.
La catégorie documentaire a mis en avant des œuvres engagées et poignantes. Le film libanais « Confessions d’une guerre » a obtenu la Gazelle d’or, tandis que des attestations d’honneur ont été remises à « Ingénieur de son de Ghaza » de Palestine et « Le bord des rêves » d’Égypte. Le prix Amar El Askri du meilleur documentaire a été attribué au film algérien « El Mokh » des réalisateurs Salimani Mohamed Cherif et Younès Boudali. Innovation remarquée de cette cinquième édition, le nouveau prix de l’intelligence artificielle a été décerné au film tunisien « Nafass bin nafassaïne » de Zoubeir Jelassi, marquant l’ouverture du festival aux nouvelles technologies du cinéma. La cérémonie de clôture a débuté par un moment d’émotion avec une minute de silence en mémoire du défunt artiste algérien Faouzi Saïchi, en présence de figures importantes de la culture et du corps diplomatique, dont le représentant de l’ambassade d’Espagne en Algérie, pays invité d’honneur de cette édition.
Lors de son allocution, Mohamed Allal, commissaire du festival, n’a pas caché son enthousiasme face au succès de cette édition. « Cette édition a été exceptionnelle, a exaucé un rêve et a ouvert les portes de l’ambition pour faire d’Annaba une icône de la Méditerranée et un vaste espace du cinéma », a-t-il déclaré avec conviction. Il a particulièrement mis en avant l’impact des journées de l’industrie cinématographique d’Annaba qui « ont ouvert des perspectives aux jeunes révélant que le cinéma appartient à tous et constitue une création couronnant une grande action collective ». Pour le commissaire, cette manifestation dépasse largement le cadre d’un simple événement artistique. « Le festival du film méditerranéen d’Annaba n’est pas seulement une manifestation artistique mais aussi un rendez-vous culturel majeur, un pont entre les peuples et un espace pour placer le cinéma algérien sur la scène méditerranéenne et internationale », a-t-il affirmé.
Lors d’une conférence de presse tenue à l’hôtel Sheraton d’Annaba, Mohamed Allal avait déjà souligné l’ampleur prise par le festival. « Cette édition a constitué une valeur ajoutée dans le cheminement du festival qui reste une étape culturelle marquante reflétant l’ouverture de l’Algérie sur son environnement méditerranéen et international à travers le langage du cinéma », avait-il expliqué. L’engouement suscité par l’événement est, selon lui, « une preuve de la confiance et de la place que le festival d’Annaba occupe désormais sur la scène culturelle internationale ». Le commissaire a rappelé que cette manifestation « ambitionne d’être un espace de dialogue et de rencontres entre les créateurs des deux rives de la Méditerranée, ainsi qu’une occasion d’échanger des expériences et de promouvoir des productions communes qui contribuent à l’essor du septième art ».
Au-delà de la compétition officielle, le programme de cette cinquième édition s’est distingué par sa richesse et sa diversité. Les projections ont alterné entre cinéma national et productions étrangères, accordant une place importante aux films de jeunes talents et aux expériences nouvelles susceptibles d’apporter un souffle nouveau au cinéma algérien. L’organisation des Journées d’Annaba du Cinéma a permis la projection de dix films de jeunes réalisateurs, offrant ainsi une vitrine à la nouvelle génération de cinéastes et mettant en lumière des expériences innovantes en matière de réalisation et de production. La manifestation a également été l’occasion de rendre un hommage posthume au regretté réalisateur algérien Mohamed Lakhdar-Hamina, figure emblématique du cinéma national, ainsi qu’à l’artiste égyptien Khaled Nabawy, reconnaissant leurs carrières exceptionnelles et leurs contributions remarquables au service du septième art. Ces hommages ont rappelé l’importance de préserver et de transmettre la mémoire du cinéma méditerranéen aux nouvelles générations.
Mohand Seghir