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La France s’enfonce dans la crise !

La France traverse une période de turbulences politiques sans précédent sous la Cinquième République.

Lundi, le Premier ministre Sébastien Lecornu a présenté sa démission au président Emmanuel Macron, qui l’a acceptée, moins d’un mois après sa nomination et plus grave encore quelques heures après la formation de son gouvernement, confirmant ainsi l’aggravation d’une crise institutionnelle majeure. Cette démission intervient moins de 24 heures après l’annonce de la composition de son gouvernement, faisant de lui le chef de gouvernement le plus éphémère de l’histoire politique française moderne avec seulement 27 jours passés à Matignon. Nommé le 9 septembre dernier pour succéder à François Bayrou, lui-même renversé par une motion de censure parlementaire, Sébastien Lecornu avait passé près d’un mois à tenter de composer une équipe ministérielle capable de résister aux oppositions. Dimanche soir, il dévoilait finalement les noms de 18 ministres, affirmant vouloir rassembler un socle commun de soutien parlementaire et donner un budget au pays avant la fin de l’année sans recourir à l’article 49.3 de la Constitution, qui permet de faire passer des textes sans vote. Mais ce gouvernement n’aura jamais eu l’occasion de se présenter devant l’Assemblée nationale comme prévu ce mardi.

Les critiques ont fusé dès l’annonce de la composition gouvernementale.  La nomination de Bruno Le Maire au ministère des Armées a particulièrement provoqué la colère de la droite, tout comme la reconduction de plusieurs ministres des gouvernements précédents, perçue comme un manque de renouvellement. À l’autre bout de l’échiquier politique, le Rassemblement national s’est dit consterné par cette composition, son président Jordan Bardella dénonçant une continuité dans la débâcle. La gauche n’a pas été plus tendre, Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, jugeant inévitable une censure de ce nouveau gouvernement par son parti. Même au sein du camp présidentiel, des voix se sont élevées pour critiquer cette situation, Gabriel Attal, chef du parti Renaissance, regrettant le cirque des places et des postes ainsi que l’absence de stratégie commune sur le budget.

Face à ce concert de réprobations et à la menace d’une censure dès les prochaines semaines, Sébastien Lecornu a choisi de jeter l’éponge. Lors d’une allocution devant la presse à Matignon, il a expliqué que les conditions n’étaient plus remplies pour qu’il puisse exercer ses fonctions de Premier ministre. Il a pointé du doigt l’existence de trop de lignes rouges imposées par les différents partis et le faible nombre de lignes vertes permettant un compromis. Il a également dénoncé le réveil d’appétits partisans liés aux ambitions présidentielles de certains acteurs politiques en vue de l’élection de 2027.

Cette démission marque le troisième changement de Premier ministre en un peu plus d’une année. Michel Barnier avait d’abord occupé le poste pendant trois mois avant d’être renversé, puis François Bayrou avait été balayé par un vote défavorable du Parlement en septembre dernier. Cette instabilité chronique trouve ses racines dans les élections législatives anticipées de l’été 2024, qui n’ont pas permis l’émergence d’une majorité claire à l’Assemblée nationale française et ont révélé les profondes divisions politiques du pays.

Les réactions à la démission de Lecornu ont été immédiates et virulentes. À l’extrême droite du spectre politique français, Marine Le Pen et Jordan Bardella appellent à la dissolution de l’Assemblée nationale et à un retour aux urnes, estimant qu’il n’y a pas de solution dans la configuration actuelle. Marion Maréchal résume sa position en trois formules : retour aux urnes, coalition des droites, maintenant. À gauche, les demandes vont encore plus loin, avec des appels à la destitution d’Emmanuel Macron. Jean-Luc Mélenchon réclame l’examen immédiat d’une motion déposée par 104 députés en ce sens, tandis que Mathilde Panot invite les citoyens à signer une pétition exigeant le départ du président. Les socialistes dénoncent l’obstination du camp présidentiel qui, selon eux, continue à gouverner malgré ses défaites électorales. Cette crise politique intervient dans un contexte économique particulièrement difficile, avec une dette publique colossale et la nécessité urgente de présenter un budget pour 2025 avant la fin de l’année. L’Élysée n’a pour l’instant donné aucune indication sur le nom du futur chef du gouvernement, laissant planer une incertitude totale sur l’avenir institutionnel du pays. La France se trouve ainsi dans une impasse politique qui semble sans issue à court terme, avec des forces politiques irréconciliables et un président affaibli incapable de dégager une majorité stable pour gouverner.

Lyes Saïdi

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