Sonatrach : Trois projets structurants pour faire de l’Algérie un pôle pétrochimique exportateur
Le groupe Sonatrach déploie une stratégie industrielle ambitieuse visant à transformer l’Algérie en hub pétrochimique régional capable de substituer ses importations et de conquérir les marchés internationaux, a annoncé mardi soir à Arzew le Président-directeur général Rachid Hachichi, évoquant trois grands projets structurants dont la mise en service s’échelonnera entre 2026 et les prochaines années. Cette feuille de route s’inscrit dans le programme du président de la République Abdelmadjid Tebboune de diversification économique et de valorisation des ressources nationales. Lors d’une visite d’inspection dans la zone industrielle d’Arzew, dans la wilaya d’Oran, le patron du géant pétrolier national a détaillé devant la presse les contours d’une mutation industrielle profonde qui doit permettre au pays de basculer du statut d’importateur net de produits pétrochimiques stratégiques à celui d’exportateur compétitif sur les marchés régionaux et internationaux. Cette transformation répond à un double objectif économique et stratégique, celui de réduire la facture d’importation qui pèse sur les réserves de change et de créer une nouvelle source de revenus à l’exportation pour diversifier l’économie nationale au-delà des hydrocarbures bruts. Le premier projet majeur concerne la réalisation d’une unité de production de méthyl tert-butyl éther à Arzew, un additif chimique essentiel entrant dans la composition de l’essence sans plomb. Rachid Hachichi a précisé que ce projet affiche un taux d’avancement de soixante-quatorze pour cent et que l’ensemble des travaux devraient être finalisés avant la fin de l’année en cours pour une mise en service opérationnelle durant le premier trimestre 2026. La capacité de production annuelle atteindra deux cent mille tonnes, un volume suffisant pour couvrir l’intégralité des besoins du marché national et dégager des excédents exportables. Le responsable a insisté sur l’impératif de respecter scrupuleusement les délais contractuels et d’assurer la sécurité optimale des opérations, enjeux cruciaux pour ce type de projets industriels sensibles manipulant des produits chimiques. Le deuxième projet porte sur la construction d’une nouvelle unité de production d’essence au niveau même de la raffinerie d’Arzew, infrastructure stratégique qui va considérablement renforcer les capacités nationales de raffinage. Le PDG de Sonatrach a indiqué que le contrat de réalisation devrait être signé avant la fin du mois d’octobre, marquant ainsi le lancement effectif des travaux. Cette nouvelle installation permettra de porter la capacité nationale globale de production d’essence à quatre millions neuf cent mille tonnes par an, garantissant non seulement l’autosuffisance complète du marché intérieur mais également la disponibilité de volumes significatifs destinés à l’exportation vers les pays voisins et les marchés méditerranéens. Le troisième pilier de cette offensive industrielle concerne la production d’alkylbenzène linéaire à Skikda, matière première chimique indispensable à la fabrication industrielle de détergents et de produits d’entretien. Rachid Hachichi a souligné que ce produit stratégique est actuellement importé à cent pour cent, créant une dépendance totale vis-à-vis des fournisseurs étrangers et une sortie de devises importante. La mise en service de cette nouvelle unité pétrochimique permettra non seulement de satisfaire la demande locale mais également d’encourager l’émergence et la création d’unités nationales de fabrication de détergents qui pourront s’approvisionner localement en matières premières, créant ainsi un écosystème industriel intégré générateur d’emplois et de valeur ajoutée. Les perspectives d’exportation vers les marchés africains et méditerranéens sont également évoquées comme débouchés naturels pour les excédents de production. Parallèlement à ces trois projets portés directement par Sonatrach, la filiale spécialisée du groupe, la Société algérienne de réalisation de projets industriels, s’apprête à entamer prochainement la construction d’une unité de séparation du pétrole à Hassi Messaoud, dans une démarche de valorisation des compétences nationales. Omar Adjabi, directeur du développement de l’investissement au sein de cette entreprise, a déclaré mardi à Oran en marge de la treizième édition du Salon international Africa and Mediterranean Energy and Hydrogen Exhibition and Conference que le projet est actuellement en phase d’études d’ingénierie et que les travaux démarreront sous peu. Il a précisé avec fierté que toutes les étapes, depuis la conception initiale jusqu’à la réalisation finale sur site, seront assurées par des compétences algériennes à cent pour cent, illustrant ainsi la montée en puissance de l’expertise technique nationale dans les secteurs complexes des hydrocarbures et de la pétrochimie. Le responsable a rappelé que cette filiale du groupe Sonatrach prend en charge des projets industriels complets couvrant l’ensemble de la chaîne de valeur, depuis les études techniques préliminaires jusqu’à la mise en service effective des installations, en passant par la fourniture et l’installation des équipements spécialisés. L’entreprise a récemment achevé la réalisation d’une usine de dessalement d’eau de mer d’une capacité de trois cent mille mètres cubes par jour à Koudiat Draouche dans la wilaya d’El Tarf, mise en service en février dernier, démontrant sa capacité à mener des projets d’envergure dans des domaines technologiques variés.
Samira Ghrib