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La transition énergétique, une priorité

15.000 mégawatts d’énergies renouvelables à l’horizon 2035, interconnexions régionales renforcées et développement de l’hydrogène vert : l’Algérie accélère sa diversification énergétique avec des investissements massifs pour réduire sa dépendance aux hydrocarbures.

Le développement des énergies renouvelables s’impose désormais comme une priorité stratégique pour l’Algérie. Lors de son audition lundi devant la Commission des finances et du budget de l’Assemblée populaire nationale, le ministre de l’Energie et des Energies renouvelables, Mourad Adjal, a détaillé l’ambitieux programme de transition énergétique inscrit dans le projet de loi de finances 2026, doté d’une enveloppe de 133,6 milliards de dinars. Cette stratégie vise à rééquilibrer progressivement le mix énergétique national en réduisant la dépendance aux combustibles fossiles, tout en renforçant la sécurité énergétique du pays et en créant de nouvelles opportunités industrielles. Face aux membres de la commission présidée par Mohamed Benhachem et en présence de la ministre des Relations avec le Parlement, Nadjiba Djilali, Mourad Adjal a réaffirmé que « le développement des énergies nouvelles et renouvelables ainsi que l’efficacité énergétique figuraient parmi les priorités de la stratégie énergétique nationale ». Le ministre a souligné que la nouvelle organisation du secteur permettra de « concentrer ses efforts sur l’accélération de la réalisation des objectifs fixés », notamment la diversification des ressources énergétiques pour « atteindre un mix énergétique équilibré mobilisant l’ensemble des sources disponibles ». Au cœur de cette stratégie figure le projet phare de production de 15.000 mégawatts d’énergies renouvelables d’ici 2035. La première phase, d’une capacité de 3.200 mégawatts, est actuellement en cours de déploiement à travers quatorze wilayas du pays. Ce programme s’accompagne d’une opération parallèle visant à raccorder les zones éloignées, particulièrement dans le sud du pays, au réseau électrique via des systèmes solaires individuels et des centrales photovoltaïques hors réseau. Selon le ministre, ce vaste chantier permettra non seulement d’économiser le gaz naturel, mais aussi de « développer une industrie tout au long de la chaîne de valeur, de stimuler la dynamique de l’hydrogène vert, d’exporter l’électricité produite à partir de sources renouvelables et de réduire l’empreinte carbone ».

38,87 milliards de dinars d’exportations

L’enveloppe budgétaire allouée au secteur servira principalement à financer les projets de raccordement en électricité et en gaz, à maintenir la subvention de la facture d’électricité dans les wilayas du Sud et trois wilayas des Hauts-Plateaux (Djelfa, El Bayadh et Naâma), une mesure qui coûte à l’État « plus de 20 milliards de dinars par an », ainsi qu’à soutenir le développement des énergies nouvelles et la maîtrise de l’énergie. Sur le plan de l’hydrogène vert, Mourad Adjal a mis en avant les importantes potentialités de l’Algérie dans ce domaine émergent. Le pays a entamé la deuxième phase de sa stratégie nationale avec des projets pilotes menés par Sonelgaz et Sonatrach pour produire cette ressource alternative. Des études de faisabilité technique et économique ont été lancées pour des projets d’ammoniac vert et de carburant alternatif durable. L’Algérie participe également au projet stratégique du Corridor sud « SoutH2 Corridor » qui reliera le pays à l’Allemagne via l’Italie et l’Autriche, des accords ayant été conclus avec des compagnies étrangères pour étudier le raccordement et la commercialisation de l’hydrogène vers les pays du nord de la Méditerranée. Le ministre a toutefois rappelé que « l’exécution de la stratégie nationale de développement de ce secteur exige la réunion de plusieurs facteurs, dont la mise en place d’un cadre réglementaire et institutionnel, la relance des études, la qualification du capital humain, le transfert technologique et le financement, mais surtout un marché transparent et concurrentiel ». Concernant le renforcement des infrastructures, le groupe Sonelgaz concentre ses efforts sur les interconnexions entre les différentes régions pour garantir la sécurité de l’approvisionnement énergétique, réduire les coûts et adapter le réseau aux exigences de l’intégration des énergies renouvelables. Sur le plan continental, le ministre a souligné la volonté de l’Algérie de partager son expertise avec les pays africains, Sonelgaz ayant déjà réalisé pour 38,87 milliards de dinars d’exportations d’électricité, d’équipements et de services vers la Tunisie, la Libye, l’Italie et l’Irak, incluant notamment 2.663 gigawattheures d’électricité.

Samira Ghrib

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