Culture

Nadia El Djoundi : “Le Festival du film arabe d’Oran défend un cinéma de fond et de sens”

Invitée d’honneur de la 13e édition du Festival international du film arabe d’Oran (FIFAO), l’icône du cinéma égyptien Nadia El Djoundi a salué, samedi soir, le sérieux et la qualité du contenu cinématographique portés par cet événement, qu’elle a décrit comme un espace artistique “raffiné et authentique”, à contre-courant des dérives spectaculaires qui marquent aujourd’hui nombre de manifestations arabes. Lors d’une conférence de presse donnée au théâtre régional Abdelkader Alloula, l’actrice a déclaré avoir constaté au FIFAO “du sérieux dans la forme et dans le contenu du festival”, insistant sur la rigueur et la profondeur des films sélectionnés. Selon elle, à l’heure où plusieurs festivals arabes cèdent à la tentation du “clinquant” et du divertissement superficiel, celui d’Oran se distingue en accordant “la priorité au contenu cinématographique sérieux”. Abordant la situation du cinéma arabe, Nadia El Djoundi a dressé un constat lucide : “Notre cinéma traverse une période délicate, dominée par une dimension récréative et consumériste.” Elle a regretté la disparition progressive de ce qu’elle appelle le “cinéma du bel âge”, celui qui, selon ses mots, “abordait des questions sociales et politiques profondes et contribuait à former la conscience collective”. L’artiste a rappelé que les grandes œuvres arabes d’hier devaient beaucoup à la plume d’écrivains majeurs comme Naguib Mahfouz ou Ihsan Abdel Quddous, dont les scénarios offraient “une empreinte indélébile” au septième art. “Leur vision était marquée par la profondeur, la culture et le sérieux du propos”, a-t-elle souligné, estimant que l’écriture de cinéma, aujourd’hui, s’est affaiblie au profit d’une production dominée par la recherche du succès commercial. Pour elle, “le cinéma ne doit pas être seulement un moyen de distraction, mais aussi un outil culturel et intellectuel”. Elle a insisté sur la responsabilité des cinéastes et producteurs à renouer avec cette vocation première : faire du film un miroir critique des sociétés arabes et un espace de débat sur les mutations du monde contemporain. En marge de ses interventions, Nadia El Djoundi a exprimé son émotion et sa joie de visiter l’Algérie pour la première fois. “J’ai été très heureuse de cette visite. L’Algérie est un pays magnifique dans tous ses détails, avec un peuple généreux et accueillant”, a-t-elle confié avec enthousiasme. Elle s’est dite impressionnée par la beauté du pays, la diversité de ses paysages et la richesse de sa culture, y voyant un terrain fertile pour le cinéma arabe de demain.

La comédienne a également exprimé le souhait de rencontrer Djamila Bouhired, héroïne de la révolution algérienne, qu’elle considère comme une figure tutélaire. “Djamila a toujours été pour moi une source d’inspiration”, a-t-elle confié, se remémorant ses débuts dans le film « Djamila », œuvre historique retraçant le combat de la résistante algérienne. Considérée comme l’une des plus grandes stars du cinéma égyptien, Nadia El Djoundi a débuté sa carrière dans les années 1960 et s’est imposée comme une figure majeure du cinéma arabe grâce à des rôles forts, souvent engagés sur le plan politique et social. Par sa présence à Oran, elle a rappelé que le cinéma reste avant tout un art de la pensée et de la conscience, et que les festivals, loin d’être de simples vitrines, ont le devoir de défendre cette exigence.

M.S.

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