Abdelaziz Rahabi livre une lecture de la résolution du Conseil de sécurité
La France et les États-Unis cherchent à légitimer l’occupation du Sahara occidental
Au Conseil de sécurité, la nouvelle résolution sur le Sahara occidental reflète le néocolonialisme des diplomaties occidentales. L’ancien ministre et diplomate Abdelaziz Rahabi dénonce une tentative de e “légitimation de l’occupation” par la France et les États-Unis, tandis que le président sahraoui Brahim Ghali réaffirme le refus de toute négociation hors du cadre de l’autodétermination. Abdelaziz Rahabi a livré une analyse tranchante sur ses réseaux sociaux. Il souligne que le texte adopté consacre une dérive préoccupante : « Les Russes et les Chinois n’ont pas pu assurer l’équilibre recherché pour le texte américain, mais ils ont tenu à rappeler que le Sahara était un territoire non autonome – à la demande du Maroc en 1963, faut-il le préciser – et à condamner l’action unilatéraliste des États-Unis. »
Rahabi estime que cette démarche américaine vise avant tout à renforcer son influence sur le processus de négociations, au détriment du principe d’équité entre les parties. « La démarche des USA est destinée à leur assurer une hégémonie sur tout le processus de négociations qui risque d’être défavorable aux Sahraouis, par le simple fait des privilèges accordés au projet marocain. » Ce déséquilibre, selon lui, pourrait devenir « un des plus gros facteurs de blocage ». L’ancien diplomate souligne que le rôle de la Russie, la Chine et l’Algérie a permis de préserver l’essentiel : « Grâce principalement à ces pays, il a été introduit le principe du droit des Sahraouis à l’autodétermination. Ce principe onusien restitue à son statut réel le “plan d’autonomie marocain” élaboré par les Français et destiné essentiellement à légitimer l’occupation du Sahara occidental. »
Pour Rahabi, le concept d’« autonomie sous souveraineté marocaine » n’est qu’un « exercice lexical innovant en droit international » masquant un « réflexe néocolonial avéré ». Il fustige aussi la complaisance de certaines capitales européennes : « Quelques pays, poussés par les Américains, n’ont pas franchi le pas pour se substituer à la légalité internationale et disposer, comme au temps des colonies, de la souveraineté des peuples. »
L’ancien ministre met en garde contre le risque d’un glissement du rôle du Conseil de sécurité vers une soumission aux volontés des grandes puissances. « Sa mission est de recommander les solutions et procédures comme la négociation, la médiation ou l’arbitrage, non pas de s’accommoder du forcing des membres permanents. » Pour lui, les précédents irakien et libyen illustrent les dangers de ces “pouvoirs exorbitants” que s’arrogent les États-Unis et leurs alliés. Concernant la position de l’Algérie, Rahabi dénonce une volonté occidentale de « bilatéraliser » le conflit, c’est-à-dire de le réduire à un face-à-face entre Alger et Rabat, au mépris du statut international du Sahara occidental. « La diplomatie transactionnelle, un des principaux leviers de l’action diplomatique du président Trump, ne correspond pas au socle doctrinal de notre diplomatie ni à notre sécurité nationale », a-t-il insisté, rappelant que l’Algérie n’a jamais « sollicité de garanties étrangères contraignantes ».
Aucune négociation sans autodétermination
Dans le camp sahraoui, le message est tout aussi ferme. Le président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), Brahim Ghali, a affirmé que le Front Polisario ne participerait à aucune négociation qui ignorerait le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. S’exprimant devant les autorités du Front Polisario et de l’État, Ghali a souligné la volonté de la partie sahraouie de « coopérer de manière constructive » avec le processus de paix, tout en avertissant que « les approches unilatérales ne mèneront qu’à aggraver le conflit et à mettre en danger la région ». Le président sahraoui a insisté sur le fait que la dernière résolution du Conseil de sécurité « mentionne expressément le peuple du Sahara occidental et le Front Polisario », rappelant que ces deux acteurs restent les « éléments décisifs » de toute solution durable. Brahim Ghali a également mis en garde contre la stratégie du royaume marocain, qu’il accuse de tromper son opinion publique en travestissant la réalité du conflit. Le discours du roi Mohammed VI, a-t-il dit, « témoigne d’une faiblesse politique », le régime « continuant de tromper le peuple marocain comme il l’a fait lors de l’avis consultatif de la Cour internationale de justice en 1975 ». Pour le président sahraoui, Rabat « exporte ses crises internes » et cherche à masquer son isolement international à travers « des résolutions onusiennes qui ne lui ont jamais été favorables ». Enfin, le chef de l’État sahraoui a profité de son discours pour saluer « la position ferme de l’Algérie » dans son soutien à la cause sahraouie, exprimant sa gratitude au peuple algérien à l’occasion du 71e anniversaire de la Révolution du 1er novembre.
Lyes Saïdi

